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Exploration campanaire, les cloches de Mayres

Voici une exploration campanaire du clocher de Mayres, Ardèche. Quelle belle sonnerie pour un village de petite montagne ! Un très grand merci à la mairie, et en particulier Olivier Fernandez, pour autant de gentillesse et de disponibilité dans l'accueil.

Deux escaliers sont disposés de part et d’autres du narthex, donnant accès à une vaste tribune. Le triforium est si large, de part et d’autres de la nef, qu’il constitue des pièces à parts entières. Aussi rare que cela soit (comparable à Les Vans), cela donne un esthétisme remarquable à ce lieu aérien. On accède ensuite à la chambre des cloches en passant à proximité du comble. Le clocher est dans un état d’entretien excellent.

La sonnerie est composée d'une cloche ancienne, c'est la plus grosse, et de trois Burdin qui viennent compléter.

Les 3 cloches homogènes sont des Gulliet, fondeur à Lyon, datées de 1864. Elles sonnent : La première sur la vidéo - La#(3) ; La seconde Gulliet, tout au fond de la vidéo - Do(4) ; La petite Gulliet, invisible en vidéo - Fa#(4). La cloche ancienne date de 1788. Elle est signée : Les Barrard fondeurs et du côté opposé, Les Limaux fondeurs. Elle sonne : Sol(3). Ces cloches sont commandées par un boîtier plutôt peu fréquent car ancien : un BT4. La sonnerie est d'un fort esthétisme, quelle est agréable !

Les Gulliet ont une décoration standardisée, formée de motifs géométriques. Quand bien même il s’agit de décors semblables, les qualités métallurgiques et musicales sont de très haut niveau. Il s’agit des plus anciennes Gulliet répertoriées en Ardèche, sous réserve de complétion de l’inventaire. Les poids estimés sont : 370 kilogrammes, 210 kilogrammes, 72 kilogrammes.

La cloche ancienne est entourée de mystères assez épais. Datant de 1788, elle a une métallurgie médiocre, conformément à un nombre étonnamment conséquent de cloches du 18ème siècle. Que cela soit en France ou en Belgique, la fin 18ème témoigne de manière récurrente d’une perte de technicité considérable, sans qu’aucune explication cohérente ne vienne consolider ce triste constat. En outre, nous relevons une anse fragilisée, ce qui n’est en aucun cas stupéfiant. Son poids estimé est de 500 kilogrammes en profil ultra léger.

La cloche provient d’une collaboration entre deux fondeurs, tout en rappelant qu’en cette période, les fonderies n’étaient pas encore bien établies ; il s’agissait de fondeurs individuels. Si habituellement nous relevons une signature conjointe, du type de celles de Valeton et Meironet, fréquentes en Ardèche et exactement en cette période d’activité, nous avons ici deux signatures. D’un côté Les Barrard Fondeurs, de l’autre côté les Limaux fondeurs. Il faut donc être attentif afin de ne pas faire une confusion, le piège s’ouvre directement.

Les Limaux sont assez peu identifiés. Nous relevons qu’Alexis Limaux est un proche de Louis Decharme, ce qui nous amène en plein Bassigny Lorrain, et donc un fondeur itinérant. C’est donc d’une extrême concordance avec cette particularité de la collaboration : les fondeurs du Bassigny en étaient tellement friands. Nous relevons d’ailleurs l’existence de plusieurs Pierre Decharme en Ardèche.

Les Barrard sont connus, il s’agit de même d’une dynastie. Adrien Blanchet les répertorie comme des ambulants basés à Château-Thierry, de même que Joseph Berthelé. On ne peut rêver plus précis. Il est donc de toute certitude qu’il se trouve au pied de l’église un vestige de four. Si des travaux viennent à déterrer des scories et des terres noircies, il ne faut nullement s’en étonner.

La volée est en rétrograde lent qui offre un esthétisme radical, cela en fait une des plus belles sonneries dans un très large périmètre.

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