Exploration campanaire, les cloches de Barnas
Voici une visite campanaire du clocher de Barnas. Un très grand merci à la municipalité pour l’accueil et en particulier à Vincent Beaufol.
Barnas est un tout petit village ardéchois, se trouvant au pied de la très-très longue abrupte montée de La Chavade. L'église, située à l'écart de la N102, est enfouie dans le hameau et discrète. Avec son clocher à créneaux, elle pourrait un peu rappeler Loubaresse. On accède au clocher par un chemin à peine visible dans la végétation ; en un seul mot, il faut connaître !
On y trouve deux cloches.
La plus petite est une Valeton datant de 1769. Ce fondeur serait a priori originaire de Mende et aurait formé le non moins mystérieux Meironet, de Largentière. Notons qu'on trouve une Valeton à un jet de pierres : Meyras. Elle a une qualité d'épigraphie désastreuse, comme souvent au 18e siècle. C’est une récurrence, les cloches 17e comme 19e sont soignées, le 18e marque un trou de technicité, le Bassigny lorrain n’en étant pas même épargné.
Sa dédicace en latin est globalement illisible du fait que les cires n’ont pas marqué la fausse cloche. La potée était trop épaisse. On notera toutefois la présence de nombreuses fleurs de lys, ce qui retraduit un élément de reconnaissance pour d’autres Valeton non signées. La face extérieure comporte le nom du fondeur, de part et d’autre d’un calvaire ouvragé et composé de motifs floraux délicats. Le 9 de la date est enroulé.
On notera que la fausse cloche a subi de multiples fissures de retrait, du fait assez probable (et compréhensible) qu’il a fait très chaud, la terre a séché trop vite. En l’absence de ponçage, les stries sur la robe sont visibles, surtout sur la pince et la faussure. Cela n’altère en rien la qualité musicale, qui comme partout ailleurs est très bonne. Peu artiste, bon facteur d’instrument.
La plus grande est une Paccard de 1934. Elle possède la dédicace suivante : (ligne 1) ADRIENNE-GABRIELLE-VICTOIRE (ligne 2) J’AI ÉTÉ OFFERTE PAR Mr LE CURE OLLIER ET LES PAROISSIENS (ligne 3) EN SOUVENIR DES MORTS ET DES VIVANTS DE 1914-1918 (ligne 4) POUR SONNER LA PAIX, L’UNION ET LA FRATERNITE (ligne 5) J’AI ÉTÉ BENITE PAR S. Exc. Mgr. DURIEUX, EVEQUE DE VIVIERS (ligne 6) LE 9 SEPTEMBRE 1934 (ligne 7) PARRAIN : DREVON ADRIEN * MARRAINE : SEVENIER GABRIELLE, NEE PLANCHER.
La Paccard chante un Sol#(3) et pèse 425 kg. La Valeton chante un Si(3) et pèse 260 kg.
Ces deux cloches n'ont pas été sonnées en volée depuis des temps reculés. Elles n'ont ni moteur ni corde. Un frein curieux coinçait le volant de la Paccard. J'organise une courte volée, qui relève de la débrouille et ça se voit ! C'est le bonheur quand même, surtout de faire honneur à une Valeton aussi précieuse : rare et historique. Sous réserve de complétion de l’inventaire, il existe 5 cloches Valeton en Ardèche et globalement peu ailleurs.
Astet est une très petite communauté localisée en contrebas de la nationale 102. La localité se rapproche de Lanarce et connaît des hivers rigoureux. Les cloches ont été expertisées en drone. Expertisé est un terme inadéquat, elles ont été pré-évaluées. Il s’agit de deux Gédéon Morel datant de plus ou moins 1850. Au vu du fort vent en présence, lequel m’a d’ailleurs surpris, je n’ai pas pu faire de détails.