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Exploration campanaire, les cloches de Chomérac

Voici une exploration campanaire du clocher de Chomérac, Ardèche. Il s’agit d’une petite ville très plaisante, située entre Privas et la vallée du Rhône. Un grand merci à Monsieur le maire François Arsac pour l’autorisation de visite et Monsieur Frédéric Bannwarth pour l’organisation.

Du fait de la présence de trois antennes de téléphonie mobile dans le clocher, et dès lors de fortes radiations, nous sommes restés très peu de temps dans la chambre des cloches. Le clocher comporte deux cloches, une anonyme de 1731 et une Burdin fils aîné de 1853. Les deux cloches sont accrochées en hauteur, environ 2 mètres 50. Dès lors, il a été difficile de relever les dédicaces.

La petite cloche date de 1731 et la lecture de la datation s’avère par chance très claire. En contrepartie, on relève que son épigraphie est désastreuse. Les cires perdues ont été mal imprimées dans la potée de la fausse cloche. Il appert que celle-ci était trop pâteuse, trop sèche. De ce fait, les cires perdues ont mal imprimé en négatif. Il en ressort une quasi impossibilité de lire la dédicace, laquelle est impactée par des grumeaux épais. Seuls des mots classiques comme domini peuvent être devinés.

Par un mystère historique qui reste plutôt constant et encore inexpliqué à ce jour, les cloches 18ème siècle sont ratées dans une immense majorité des cas. Pourtant, celles antérieures ou postérieures sont d’une épigraphie correcte. On observe une perte de technicité voire même un travail brouillon, Chomérac n’échappe pas à la règle. C’est en outre ce qui explique l’absence d’identification du fondeur, dont le nom n’apparait pas en faussure.

La cloche est marquée par un décor sortant du lot commun : une frise en cordon sur la pince, un calvaire ouvragé de nombreux détails, une vierge à l’enfant entourée d’une épaisse frise végétale. Les anses sont épaisses et très larges sur le cerveau, elles sont d’ailleurs placées à l’extrême limite du plateau. Par reconnaissance de décors similaires, la cloche n’est comparable à aucune de ses contemporaines. Elle reste donc anonyme dans un premier immédiat et sous réserve d’inventaire des communes voisines.

La grande cloche est une lyonnaise. Il s’agit d’une Burdin, fils aîné. Elle est datée MDCCCLIII, donc 1853. Conformément aux habitudes de la fonderie, il s’agit d’un travail hautement qualitatif. Le décor sur la robe est quant à lui standardisé, mais on notera le soin constant apporté aux figures et aux frises. Quoique commune, il s’avère qu’une Burdin est un gage de réussite.

Ce qui est beaucoup plus surprenant, c’est son montage en rétro-lancé ; la petite est en rétrograde. Si l’on en croît l’état d’usure du battant, tout laisse à penser qu’il s’agit d’un montage d’origine. Hormis les Paccard des années 1950, le rétro-lancé est rare en Ardèche et d’ailleurs dans l’ensemble, s’avère peu commun.

Les moteurs nous ont été annoncés comme étant en panne, de ce fait la sonnerie a été faite en manuel. Je n’avais pas vu que la corde patouillait autant dans le volant, alors qu’en vidéo, on ne voit que ça.

Il s’avère malheureusement que ça n’aurait rien changé. La cloche fait état d’un déséquilibre intense. J’ai mesuré 6 degrés. Déjà que le rétro-lancé est un mode de sonnerie plutôt fort, il s’avère que d’obtenir un équilibre était insurmontable. Quant à la petite, ses paliers étaient grippés et il s’est révélé pour ainsi dire impossible de la sonner. Il aurait fallu refaire le montage de la corde, mais à vrai dire du fait des antennes SFR, le temps nous a été très-très compté.

La grande cloche sonne un Mi(3) et pèse 920 kilogrammes en profil intermédiaire. Il s’agit d’un poids conséquent pour une communauté qui à l’époque de la fonte comportait 2300 habitants. Le clocher est dans un état d’entretien parfait. L’entretien campanaire est réalisé par la firme Bodet.

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