Exploration campanaire, les cloches de Labastide-de-Virac
Voici une exploration campanaire du clocher de Labastide-de-Virac en Ardèche, commune placée au sud du département et connue pour son magnifique château comportant des reconstitutions médiévales. Un immense merci à la municipalité pour l’accueil aussi chaleureux. Le clocher est placé sur la droite de l’église, on y accède par une porte donnant sur l’extérieur. L’escalier en pierres est d’un remarquable esthétisme. Il y avait un vent TRÈS intense dans le clocher.
Le clocher comporte deux cloches :
Une cloche de tocsin, émanant du fondeur Baudouin.
Une cloche de volée émanant du fondeur Pierre Pierron d'Avignon, datant de 1838.
La cloche de volée est d’une qualité métallurgique indéniable. Ce fondeur est peu répandu en Ardèche. Sous réserve de complétion de l’inventaire, on ne le retrouve qu’à Lablachère. Conformément à ses fontes notablement connues à la cathédrale de Mende et à la cathédrale Notre-Dame-des-Doms d'Avignon, la musicalité est excellente.
Les épigraphies sont standardisées à la limite de l’interchangeable. Au vu de la très forte demande en cette époque, il ne serait pas exclu qu’il y eut coulée en stock : nous noterons d’ailleurs que certaines parts de dédicaces à Mende sont gravées en ajout et non pas en cire perdue. La dédicace de la cloche de Labastide-de-Virac est la suivante : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM ANNO MDCCCXXXVIII. Le nom du fondeur est mentionné en petit dans une estampille : AVIGNON PIERRE PIERRON.
Elle chante un Do#(4) et pèse 180 kilogrammes. L’autre cloche est un braillard de petite taille qui chante « très-très environ » un Ré#(5) et d’après estimation de son envergure, pèserait une trentaine de kilogrammes. Il est rare de trouver des cloches de tocsin. Dans le secteur proche, nous en connaissons à Alès et Mende, encore que leur forme soit réellement différente. C'est le seul braillard connu en Ardèche, sous réserve de complétion de l'inventaire.
Conformément à sa destination, il sonne mal, aigrelet : c'est le but. Il est curieusement monté en volée et pas en timbre fixe. Reste toutefois que le système est non entretenu, j'ai pris le choix de le sonner en tintement. Au vu de son extrême rareté, cet objet mériterait réellement d’être classé à l’inventaire supplémentaire.
Je l'aurais volontiers considéré comme un instrument ancien, sans inscriptions. Toutefois sur les photos, il appert le nom BAUDOUIN clairement moulé à la faussure, sans précision sur Marseille ou Alès. En l'occurrence, je n'ai pas pu constater le traditionnel N à l'envers. Il reste qu'au vu de la métallurgie, Baudouin d'Alès respire comme une évidence.
La date est érodée, on pourrait y lire 1817, soit les tous premiers travaux des fondeurs père et fils (en l’occurrence ce serait éventuellement ici le père seul). Il reste toutefois que l’épigraphie est bonne pour une telle date, tout en rappelant que les Baudouin furent désastreux nous le savons.
Au vu de son patrimoine, Labastide-de-Virac était clairement attendue au niveau de l’inventaire campanaire et le moins qu’on puisse dire, c’est que la commune tient un très haut niveau en matière de richesse patrimoniale.