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Les cloches de la cathédrale de Mende

Voici une sonnerie des cloches à la cathédrale de Mende, une petite ville qui forme aujourd’hui la capitale de la Lozère. Un très grand merci à toutes les personnes qui se sont impliquées pour la réalisation de cette exploration campanaire, en particulier le Père Jean Joachim Coly, Monsieur Géraud Boyer, Monsieur Jean-Louis Podevigne, Monsieur Christian Vieilledent.

Le clocher est très sombre du fait d’abat son épais. La cathédrale possède 9 cloches de volée, émanant toutes du même fondeur : Pierre Pierron et fils aîné, provenant d’Avignon. Elles datent de 1846. Toutes ne sonnent pas. Dans la vidéo, 6 sont en volée.

La liste des cloches est la suivante, d’après Benjamin Le Blévec :

Marie-Josèphe, 2 481 kg pour un Do(3).
Pierre-Privat, 1 729 kg pour un Ré(3).
Gervais-et-Protais, 1 187 kg pour un Ré#(3).
Odilon-Sébastien, 948 kg pour un Fa(3).
Félix-Adélaïde, 614 kg pour un Sol(3).
Louis-Julie, 499 kg pour un La(3).
Augustin-Sophie, 412 kg pour un La#(3).
François-Anne, 323 kg pour un Si(3).
Guillaume-Mélanie, 275 kg pour un Do(4).

Pierre Pierron est indéniablement un grand fondeur tout comme la cathédrale de Mende s’avère, de par ses proportions écrasantes, un édifice de rêve. Les cloches de Pierre Pierron ont une décoration standardisée. On notera qu’en cette période, le milieu du 19e siècle, les commandes étaient extrêmement nombreuses. On note la présence de gravures sur les robes, à défaut de cires perdues. Le nom de Mende est gravé en creux, avec talent d’ailleurs. Il pourrait être supposé que ces cloches étaient fondues d’avance, et que le fondeur les a dédiées à Mende a posteriori, considérant les gravures.

Il reste que cet ensemble est extrêmement qualitatif. Le beffroi est énorme, une véritable forêt de chêne. Les cloches sont toutes accrochées en hauteur et sont dès lors remarquablement difficiles à documenter.

Mende a possédé de par le passé une très grosse cloche, que l’on appelait la Non Pareille. Au fil des expertises campanaires, il a été donné des valeurs absolument fantasmagoriques à son sujet. Il s’agit, précisons-le, essentiellement des données anciennes du 19e siècle – ces mesures ont été affinées au 20e siècle. Cette cloche datait de 1516. La cathédrale a été attaquée et la cloche refondue par les huguenots en 1579.

Les valeurs les plus folles lui accordent 25 tonnes pour un diamètre de 325 centimètres. Il reste que le battant a été conservé. Au vu de ses dimensions, l’office du tourisme de Mende évaluerait cette cloche à un poids de 10 à 12,5 tonnes. Cela semble amplement réaliste. C’est en réalité totalement comparable avec la cloche Savinienne de Sens.

La tour de gauche possède la totalité de l’ensemble campanaire. La tour de droite est quant à elle entièrement vide. Au sommet de la tour des cloches, dans une salle spécifique de toute beauté, il se trouve un braillard. S’il fut un temps où il servait de timbre, il est aujourd’hui hors service pour cause de cessation de l’entretien.

C’est une cloche volontairement évasée, qualifiable de rare de nos jours, qui donne de par son profil un son désagréable. On l’utilisait usuellement pour sonner le tocsin, c’est-à-dire une sonnerie d’alerte à la population : incendie, guerre, etc. Le côté anxiogène du son est tout à fait volontaire. Il ne faut pas y déceler une fonte ratée, bien du contraire. L’objet est une grande œuvre de l’art campanaire, et rare de surcroît.

On trouve un braillard comparable à la cathédrale d’Alès. Notons que celui-ci est particulièrement grand et qualitatif. Il possède un blason de Mende et la date de 1598.

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