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Exploration campanaire, les cloches de Vagnas
Voici une exploration campanaire du clocher de Vagnas, une petite commune ensoleillée du sud de l’Ardèche. L’entité comporte deux églises : Vagnas et Brujas. Un très grand merci à la municipalité de Vagnas pour l’accueil si chaleureux.
L’église est quelque peu isolée sur une place, elle illumine fièrement le village. On monte au clocher par un escalier en pierres en parfait état. Le clocher comporte deux cloches de volées, accrochées dans un beffroi métallique. Elles sont montées toutes deux en lancé franc. L’ensemble de la sonnerie est en très bon état. Il reste toutefois que lors de mon passage, le moteur de la grande cloche était partiellement démonté, ce qui pourrait révéler – sous réserve d’expertise – un défaut moteur. Par principe de précaution, je n’ai touché à rien.
La grande cloche se nomme Marie. Il s’agit d’une Burdin Aîné de 1883. Montée en lancé franc du plus pur (aucun mouton), elle a un charme puissant et indéniable. A 1:10 de la vidéo, elle change fortement de rythme. Elle a cogné ma jambe (l’installation est malcommode). Elle a perdu beaucoup d’énergie et j’en ai reçu beaucoup ! Il faut une vingtaine de secondes pour que je lui redonne l’énergie nécessaire.
La petite cloche date de 1623. Elle est extrêmement comparable à la 1632 de Saint-Didier-Sous-Aubenas : même typographie, même 6, même types de décors. Les deux n’ont pas de fondeur identifié sous réserve de complétion de l’inventaire, mais l’on peut en tout cas considérer sans exagération aucune qu’il s’agit du même fondeur. Les figures situées sous la dédicace ont un soin réellement considérable.
Sa dédicace est la suivante : (ligne 1) SANCTA MARIA ORA PRO NOBIS CLAVDE BAVSIER (ligne 2) PIERE BOVRREL LOUYS BONAVRE C 1623 IHS. Aucun de ces patronymes ne ramène à un fondeur potentiellement connu et n’est concordant avec Saint-Didier-Sous-Aubenas. Que ce soit l’un ou l’autre des établissements, un classement à l’inventaire supplémentaire serait très souhaitable.
Cette petite cloche sonne mal car, du fait que les anses sont cassées, sa fixation a été reprise. Sauf qu’ils n’ont pas percé le plateau voire le cerveau, mais ils ont percé le haut de la robe en 8 points. Cela altère profondément ses harmoniques. Ce travail daterait d’il y a un siècle au vu de l’aspect des fixations. Comme disait Jésus : pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font.
Au niveau de son épigraphie, elle est de très haute qualité : un objet rare et estimable. Sa métallurgie est bonne et révèle, sans doute possible, l’établissement d’un fondeur confirmé. Si les fonderies n’étaient pas encore établies à l’époque, la coulée sur place révèle une maitrise indéniable. La grande cloche sonne un Fa#(3) et pèse 640 kilogrammes, la petite sonne un Ré#(4) et pèse 125 kilogrammes.
J’étais seul pour sonner les deux cloches. Le duo est une simulation, j’ai superposé les deux vidéos individuelles de manière à illustrer la sonnerie telle qu’elle est en plein fonctionnement. Le duo démarre en 0:44. La simulation donne un point de vue un peu étrange – artificiel dirons-nous – mais ça permet d’avoir pleinement l’aspect d’un duo. La problématique des moteurs est connue, c’est au budget de la mairie.
L’Ardèche révèle une fois de plus la grande diversité de ses fonderies et indéniablement, l’intérêt majeur des villages ; on ne retrouve pas de systématisme « copier-coller ». Sans détour, c’est un atout.
