La cloche de la chapelle de Champagne à Meyras
Voici une exploration campanaire menée à la chapelle de Champagne, localisée sur la commune de Meyras, Ardèche. La toponymie Champagne correspond à un hameau de Meyras, et c’est fondamentalement à distinguer de la commune de Champagne, localisée en Nord Ardèche à proximité de Peaugres et Annonay.
C’est un lieu découvert complètement par hasard, alors que je me rendais à Montpezat-Sous-Bauzon. Lorsque j’ai expertisé la cloche de Meyras, la mairie ne m’en avait pas parlé, et pour cause : c’est un édifice qui appartient à la paroisse Sainte Marie Rivier en Val d'Ardèche, Lalevade. Il n’appartient pas à la mairie.
J’ai eu une chance tout bonnement énorme de pouvoir vous présenter cette cloche.
En effet, je venais d’achever la photographie en drone et je m’apprêtais à partir, quand malgré tout, j’observe le curieux ballet là-haut : j’ai l’impression qu’il y a un fameux nid d’abeilles, ça bourdonne et on l’entend d’en bas. Une dame m’interpelle, probablement curieuse que je stationne là, immobile à observer le clocher. Sans même que je ne le demande, elle me dit : j’ai la clé, vous voulez que je vous ouvre ? Mais que de gentillesse !
La cloche unique, accrochée dans une baie ouverte sur l’extérieur, est une belle Charles ARRAGON, et dès lors, il s’agit d’une production lyonnaise, dernière des grandes fonderies de Lyon.
Elle possède une épigraphie très qualitative, relativement standardisée et composée de motifs géométriques plutôt comparables à une Gulliet. Bien que décrié, le travail d’Arragon a toujours été de forte qualité, même si in fine, le nombre d’instruments est faible.
La dédicace est la suivante : (Ligne 1) JE M’APPELLE MARIE FRANÇOISE AGATHE (Ligne 2) MR XAVIER COMBOUILHAUD MAIRE DE MEYRAS (Ligne 3) MARRAINE MME LOUIS LAFFONT NÉE FABRÈGE (Ligne 4) JE SUIS DUE À LA GÉNÉROSITÉ DE MON PARRAIN, DE MA MARRAINE (Ligne 5) DE LA RELIGIEUSE POPULATION DE CHAMPAGNE (Ligne 6) LÉON XIII PAPE MGR BONNET ÉVÊQUE DE VIVIERS. BLANC VICTOR CURÉ.
Toute une autre partie de dédicace est visible sur la face jour, mais je n’ai pas réussi à la lire. Elle décrit qu’elle annonce les appels à la messe, chasse les tempêtes, pleure les morts, etc, ce qui est classique. La date y est mentionnée, je n’ai pas pu la lire. Le créneau de datation que j’attribue est 1895 à quelques années près.
Elle sonne intermédiaire en Sol et Sol#(3), pour un poids estimé de 500 kilogrammes. Elle est montée en rétro-mitigé. Le tintement était en panne lors de mon passage, et elle ne sonne jamais en volée.
L’édifice connait des souffrances structurelles et aurait bien besoin d’un soutien de la fondation du patrimoine. La cloche en tant que tel n’est pas rare, mais elle offre une qualité musicale très appréciable, supérieure à bien des églises paroissiales, dont Lalevade d’ailleurs. Ce fut donc une découverte improvisée, portée par la chance mais aussi la gentillesse des voisins.
La cloche unique date de 1859. Photographiée en drone, nous n'en identifions pas le fondeur. Elle reprend des motifs géométriques qui nous font penser à une Gulliet, mais aucun motif est identique et la date est anachronique. Nous n'avons pas réussi à raccrocher le décor à un fondeur connu. Pour motif de fragilité du clocher (ou de la cloche, nous ne savons pas), il est pratiqué une fausse volée aussi agressive qu'un tocsin. La sonnerie est repoussante, la mairie a été mal conseillée.