Les cloches du plateau du Coiron
Dans le cadre de l’inventaire des cloches de l’Ardèche méridionale, je vous propose ici une tournée réalisée sur le plateau du Coiron. Si habituellement je travaille par église individuelle, village individuel, ou paroisse entière, il s’avère que je présente un ensemble hétéroclite, uniquement cohérent par sa géologie.
Pourquoi avoir organisé l’inventaire de la sorte ?
Premièrement, parce qu’une forte majorité de villages sont à réaliser en drone, du fait de clochers peigne inaccessibles.
En second lieu, parce que ce sont tous des lieux dont la documentation campanaire est difficile et très fortement lacunaire. On ne peut pas dire qu’il ait été obtenu des merveilles.
Les villages documentés en drone :
- Darbres.
- Saint-Gineys-en-Coiron.
- Freycenet.
- Berzème.
- Saint-Pierre-La-Roche.
- Saint-Martin-sur-Lavezon.
Les villages du Coiron qui nécessitent une montée en clocher :
- Sceautres.
- Saint-Laurent-sous-Coiron.
- Saint-Pons.
- Rochessauve.
Qu’est-ce que le Coiron ?
Le Coiron se définit comme un vaste plateau volcanique en Ardèche, une extension isolée du Massif Central. Son paysage est marqué par l'inversion du relief : ce sont les anciennes vallées, remplies de coulées de basalte il y a plusieurs millions d'années, qui forment aujourd'hui les hauteurs. Le plateau s'élève brusquement des plaines environnantes, offrant une rupture nette et spectaculaire dans le paysage.
Le paysage du Coiron est un mélange de contrastes brusques au regard. Sur le plateau, on trouve de vastes prairies d'élevage et des cultures de céréales, ponctués par des murs de pierres sèches et des bosquets de chênes pubescents. Ce paysage ouvert, souvent balayé par le vent, offre des panoramas austères. On se plait ou s’effraie à imaginer la vie en hiver. Rude en un seul mot.
Les bords du plateau, quant à eux, sont escarpés et boisés. La roche basaltique, qui s'est refroidie en formant des orgues basaltiques et des necks volcaniques, crée des falaises spectaculaires. Ces formations rocheuses, témoins de l'activité volcanique passée, confèrent au Coiron son aspect distinctif et sauvage.
Cela signifie que l’inventaire campanaire, rapporté à la vie d’antan puisque nous sommes une plongée dans le passé, est un mélange de rudesse et de pauvreté. Le patrimoine campanaire s’en ressent invariablement. Souvent en panne, complètement négligé, églises parfois abandonnées, cloches très rarement identifiées, le parcours est énormément décevant.
L’église est assez grande en comparaison des autres édifices du secteur. On y trouve une cloche unique dans un clocher peigne. Elle est fonctionnelle pour le tintement. Elle possède une chaîne de volée manuelle, qui semble inusitée. Le fondeur n’est pas identifié. C’est une épigraphie de type Baudouin d’Alès, sans que ça soit eux. Elle est bornée XIXe siècle.
La petite église est ouverte et entretenue par des habitants passionnés et accueillants. On y trouve une cloche unique dans un clocher peigne. Elle n’est pas identifiée ni identifiable. Elle a un profil inhabituel, avec des anses très anguleuses et une épigraphie modeste et éparse. La date, peu lisible car écrit en petit, fait fortement penser à 1688. Le profil lorrain est compatible.
L’église est quelque peu à l’écart sur un début de tertre. L’édifice a l’air en bon état, bien que fermé. On trouve une cloche unique accrochée dans un clocher peigne. Elle est fonctionnelle en tintement et ne possède aucun système de volée. Elle est non identifiée et non identifiable.
D’après la revue du Vivarais, elle date de 1683. La photo révèle un instrument absolument compatible avec cette information. La dédicace, de lettres romaines, est placée à l’extrémité du cerveau, proche du plateau. Cela en ferait quasiment une cloche gothique, avec un profil archaïque. C’est une cloche de forte valeur.
Elle a été fêlée des deux côtés et partiellement ressoudée. Cette cloche est fortement fragilisée.
L’église est tout ce qui peut témoigner d’un très petit village, presque une chapelle et dans un état très proche de l’abandon. La cloche unique est accrochée dans un clocher peigne. Elle est non fonctionnelle. Elle est non identifiée et non identifiable par mes soins mais identifiée par la plateforme POP. Elle date de 1771, la date est entièrement lisible.
Elle possède une épigraphie claire et soignée, qui en certains aspects peut faire penser à un décor Burdin (très anachronique, l’on en convient, ceci pour témoigner du style). C’est une cloche qualitative qui est largement supérieure aux standards de l’époque : Meironet, Chauchard. Ses anses sont décorées de visages, c’est un soin indéniable et relativement rare. Notons la présence du château, qui sans nul doute a pu financer un très bon fondeur.
Ce qu’en dit la plateforme POP est sans grand apport complémentaire, mais conforte nos propos. Cloche anonyme de 1771 dont la dédicace est : Haut et puissant seigneur, Messire Antoine de Montbrun, baron d'Allier et Montbrun.
Si petite communauté qu’on vient à se demander où se trouve le village. En réalité l’église est située dans un hameau. Il s’agit d’un petit édifice, qui fut restauré. Le lieu est charmant. Le clocher peigne possède une cloche unique, non identifiée et non identifiable. Un entretien est réalisé, la cloche est fonctionnelle aussi bien en tintement qu’en volée.
Cette cloche possède une épigraphie de qualité, qui fait penser à un objet début XVIIIe. Les anses possèdent des cordons ressemblant à des cordes. Bien que d’épigraphie modeste, le troussage fait penser à un objet très soigné.
Ce petit village possède deux églises, le hameau supérieur et le hameau inférieur. Dans l’ensemble, on ne peut dire qu’une seule chose : l’environnement est fortement charmant ! L’église du Supérieur est un édifice isolé, accolé au cimetière. On remarque que c’est un édifice ancien, pas forcément en très bon état, mais que la mairie prend cœur de l’entretenir selon les moyens du bord.
La cloche est accrochée dans un campanile, à l’arrière de l’église. Cette cloche, qui était non fonctionnelle, a eu sa suspension rénovée en 2021. Le décor épigraphique fait penser à une cloche Reynaud ou Morel, ce qu’elle n’est pas toutefois. Nous n’identifions pas le fondeur, tout en pensant que cette situation pourrait toucher le temporaire. Le bornage de date est fin XIXe siècle.
L’église de l’inférieur est placée dans un écart du hameau, proche de la rivière. Il s’agit d’un édifice sans forcément un grand charme, mais bien entretenu. Le clocher peigne possède une cloche unique, d’assez petite taille. Le vent m’a empêché de faire des miracles.
Cette cloche a tout du profil d’une cloche ancienne. L’épigraphie romaine ne nous apprend pas grand-chose, si ce n’est que le style épigraphique nous la ferait dater fin XVIIIe siècle. Elle est équipée en volée et en tintement, ce qui retraduit encore une commune bien dynamique.