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La cloche de Saint-Julien-du-Serre

Voici une exploration campanaire de l’église de Saint-Julien-du-Serre. Un très grand merci à la mairie pour l’accueil, ainsi qu’à Monsieur Yves Briens de l’association des amis de l’église. Sans détour ce que l’on remarque immédiatement, c’est l’ambiance d’un endroit exceptionnel. L'église Saint-Julien-du-Serre fut fondée au XIIe siècle et fait partie du parcours au gré des 18 églises romanes d’Ardèche. Elle a une apparence magnifique, inhabituelle et sereine.

L’accès au clocher est réalisé par un escalier en très bon état. Après la chambre de l’horloge, qui n’est plus présente, un court escalier en mauvais état est présent, sans surprise car il nous avait été annoncé. D’une longueur d’un mètre, il est aisé à franchir. La chambre des cloches est une pièce carrée réduite à une très grande simplicité et en parfait état.

On y trouve une cloche unique, d’une apparence métallurgique sombre, d’une épigraphie sobre. Sans grande surprise, il s’agit d’un instrument émanant de l’itinérant Pierre Decharme. Ce qui constitue par contre un aspect bien moins courant, c’est qu’il s’agit d’une collaboration de fondeurs dont Michel.

La dédicace est la suivante : (ligne 1) + ST AUGUSTIN MR BENOIT LOUIS ROSIER DAUBENASSE MR JAQUE BOIRON (ligne 2) ADJOINT MR VICTOR GALIMARD MAIRE 1816. Et à la pince : DECHARME ET MICHEL FONDEURS.

Elle chante un Si(3) légèrement altéré pour un poids estimé de 260 kilogrammes. Elle est montée en lancé franc, ce qui est relativement peu fréquent en Ardèche sud.

A toutes fins utiles, nous rappelons que Decharme est issu du Bassigny en Champagne, minuscule région dont le toponyme est à peine connu, sauf des campanologues. Dans une configuration historique complexe, ce berceau géographique a fourni non loin d’un millier de fondeurs sur une durée approximative de 3 siècles.

Nous avons constaté que Decharme fut le seul des itinérants du Bassigny à écumer l’Ardèche. Les Michel quant à eux ont parcouru la Belgique et quelque peu la Moselle allemande. La cloche de Saint-Julien est pilotée par Decharme, étant donné qu’on retrouve les systématiques matrices identiques. En somme, Decharme avait très très peu de matrices – classique pour un saintier itinérant – et utilisait basiquement toujours les mêmes.

Les cloches Decharme ont toutes cet aspect non ébarbé, d’un métal sombre. Nous estimons, sous réserve de prélèvement métallurgique, qu’il mettait une proportion moindre d’étain, et de surcroit portait le feu trop haut, ce qui provoquait une évaporation.

Cela ne provoque pas une réelle détérioration métallurgique, mais en contrepartie cet aspect un peu déroutant : la note a un son sec, une durée de vie faible, ainsi que les quinte et super-quinte très exprimées. La tierce est qualitative. La robe est non poncée, on relève les traces de troussage ainsi que le balayage de la potée. Cela fait un instrument rustique, très typique du Bassigny.

Pierre Decharme 2 a été actif de 1808 à 1823. En Ardèche, on relève un nombre assez faible de ses instruments, on peut en retrouver un nombre plus marqué en Haute-Loire. La sonnerie est commandée par un boîtier d’automation BTE2.

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