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Les cloches de Saint-Jean-Le-Centenier

Voici une exploration campanaire du clocher de Saint-Jean-Le-Centenier, une commune ardéchoise située au pied du plateau du Coiron et traversée par la nationale 102 reliant Aubenas à Montélimar. Le village, placé à l’écart, bénéficie d’un calme inattendu et agréable.

L’église Saint-Jean-Baptiste a un aspect unique en Ardèche. S’il s’agit d’un édifice datant du XIIe siècle, d’intenses remaniements en font un bâtiment relativement hétéroclite, en tout cas esthétique. Une majorité de l’édifice est en pierre basaltique, ce qui d’ailleurs justifiait l’ancien surnom à la ville : Saint-Jean-Le-Noir. L’église intrigue surtout par son clocher, que l’on pourrait réellement qualifier de fusée.

Très à contrejour, je n’ai pas pu faire une photo de face. Il faudrait y passer en soirée, ce qui ne manquera pas d’être fait si une occasion se propose.

A première estime, le clocher donne un présupposé que ça va être carrément difficile, étroit, au minimum pour des cloches en hauteur et superposées. C’était toutefois erroné, du fait que la mairie a disposé des échelles dans le clocher afin de me permettre de monter. Ce n’est pas un mince travail et je ne peux être que reconnaissant de tant de sollicitude.

Le clocher, relativement étroit, correspond en toute logique à l’intérieur de la fusée : c’est rond. Dans un beffroi métallique de poutres IPN se trouvent deux cloches.

La première est une Bollée datant de 1970. D’une qualité épigraphique que l’on pourrait qualifier de sommet de l’art campanaire, elle reste a contrario relativement sobre et d’un grand classicisme : rinceaux végétaux, effigie de Vierge-Mère, Croix christique, anses à palmettes d’acanthe. Elle mentionne une dédicace limitée au minimum : JE M’APPELLE THERESE – A. ROUX MAIRE – R. TRUCHETTI CURE 1970 – BOLLEE MAITRE FONDEUR A ORLEANS.

La seconde cloche est une Burdin datant de 1838. Il s’agit d’une cloche de magasin, terme que nous utilisons afin de décrire qu’elle n’a pas été fondue exprès pour Saint-Jean-Le-Centenier, mais achetée en magasin. Il faut bien estimer qu’en cette époque, la demande est intense et la fonderie de Lyon ne pouvait répondre à toutes les demandes. C’est donc une cloche standardisée.

Elle est de la série que nous qualifions de « Burdin à stries », assez fréquente en Ardèche. Elle possède la courte dédicace SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM au cerveau, ainsi que la dénomination du fondeur à la faussure. La pince est ébréchée, sans que cela ne soit excessif. Placée en hauteur, il nous est difficile d’en savoir plus, mais peu d’information serait manquante.

La grande cloche chante un Si(3) pour un poids estimé de 260 kilogrammes en ce qui semble être a minima un profil renforcé. La petite cloche chanterait un Fa#(4) pour un poids estimé dès lors de 72 kilogrammes. Le duo est extrêmement harmonieux. J’ai eu des difficultés à estimer la note de la petite cloche, la grande la couvrant tout de même assez fortement.

La sonnerie est commandée par un boîtier d’automation Tempora sur un entretien de Plaire. Il ne faut donc pas s’étonner que tout soit parfait en ce lieu. La grande cloche est en lancé franc, ce qui rend sa volée ouvertement sonore. La petite, fragilisée par une ébréchure est en rétrograde. Du fait de sa petite taille, elle balance rapide et confère à ce duo une impression dynamique on ne peut plus agréable.

Pourquoi la petite cloche est en mouvement au début de vidéo ? Parce que le boîtier (non documenté) ne décrivait pas l’ordonnancement, j’avais uniquement sonné la petite. J’ai donc stoppé, et lancé l’unique autre option : le duo. Simple anecdote, c’est du détail.

J’ai trouvé cet ensemble très harmonieux. C’est un plaisir de rencontrer une mairie aussi accueillante et un clocher à la fois atypique et très intéressant.

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