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Exploration campanaire, la cloche de Saint-Pons

Nous voici aujourd’hui à la découverte du clocher de Saint-Pons Ardèche. Précision est faite du département, du fait qu’il existe sept Saint-Pons divers en variés en France. Un très grand merci à la municipalité pour son accueil, et en particulier à Dominique Laville, Maire, pour son engagement auprès de sa commune.

Saint-Pons fait partie du Coiron et de l’office du tourisme Berg et Coiron. L’église se distingue par un aspect assez unique en Ardèche, avec un clocher haut et étroit, une toiture vernissée (nous en avons relevé à Vesseaux, Saint-Maurice d’Ardèche ; au château d’Aubenas aussi, mais c’est un peu un autre contexte). Fréquente en Bourgogne, la toiture vernissée est rare en Ardèche.

Nous avons relevé globalement que le plateau du Coiron ne maintient aucune constante, autant du point de vue de l’aspect des édifices que des cloches. Saint-Pons fait plutôt partie des villages de pied du plateau, et dès lors, se rattache à une tradition campanaire d’église plutôt conséquente en taille. Le maire précise qu’il y a peu de messes, l’essentiel se déroulant à Villeneuve-de-Berg.

L’accès au clocher n’est pas aisé. Depuis la tribune, on monte deux volées d’échelles inclinées. Passer de l’une à l’autre est à faire avec précautions. Ensuite, il faut passer entre des poutrelles IPN, le passage est étroit. Le sol est constitué de bacs-acier. On y trouve une cloche unique, équipée Paccard en rétrograde sur joug arqué. Le battant est une boule Paccard, ce n’est plus le battant d’origine.

La cloche est une Barrard, datant de 1816. L’ancien joug en rétrograde est conservé au fond de la nef. La dédicace est la suivante :

+ LAN 1816 IAI POUR PARRAIN M FRANCOIS VERNET MAIRE DE St PONS
+ ET POUR MARRAINE DAME REBOUL NEE AUGUSTINE GUILHON.
BARRARD F

Si l’on peut imaginer que le fondeur est BARRARD François, le F signifiant souvent ce type de prénom en cette époque, il s’avère ni plus ni moins que c’est un piège. Ce qui est mentionné ici est BARRARD FONDEURS. C’est d’ailleurs une déduction que nous faisons avec une (seule) autre cloche en Ardèche : Mayres ; minorant toutefois que cette dernière a été fondue avec les Limaux. Comparaison d’épigraphie faite : les A et les R proviennent des mêmes matrices.

Les Barrard ne sont pas bien identifiés. Le ministère de la culture les établit à Château-Thierry. Joseph Berthelé les voit originaires de Fère-en-Tardenois (dans Ephemeris campanographica. 1912, p. 291-305). Au vu de notre distance, en toute simplicité et en réalité nous pouvons considérer qu’il s’agit de la même chose.

Mentionnant donc qu’il ne s’agit pas d’itinérants du Bassigny, mais donc de saintiers itinérants de l’Aisne, ce qui est fondamentalement rare à tous points de vue. Il reste, nous appuyons, qu’ils reprennent totalement les codes du Bassigny, à en faire l’illusion : épigraphie peu imprimée dans la chape, absence d’ébarbage, décor minimal et très conventionnel : calvaire, angelots, frise végétale peu marquante et filets informes.

Il nous est impossible d’affirmer qu’il s’agit d’Alexis, Simon ou Jean-Baptiste Barrard. 1816 nous parait très tardif. Il est envisageable d’estimer une courte dynastie, tout du moins père et fils. On les rencontre en collaboration avec les Cochois, ce qui semble totalement logique au vu des dires dudit Berthelé. En outre, comme ils proviennent d’Arbot (52), on peut envisager qu’il y eut des échanges de culture campanaire, de formation, voire des dons de matrices désuètes ou excédentaires.

Dans tous les cas, la cloche de Saint-Pons est rare, totalement en Ardèche, et assez fortement en France. Elle chante un La#(3) et pèse environ 280 kilogrammes en profil ultra-léger. Son point d’usure est faible. Sa métallurgie de campagne campanaire révèle un meilleur équilibrage que les Decharme. Pour un itinérant, c’est une réussite, ce que l’on retrouve d’ailleurs à Mayres. Au contraire des saintiers du plateau du Coiron, on comprend bien qu’ils ont été chercher la potée à L’Escoutay.

La cloche est commandée par un boîtier d’automation Paccard Harmony classic. La sonnerie est parfaite pour cette cloche à la métallurgie inévitablement un peu faible : le four au pied de l’église introduit la notion de coulée à la louche et donc d’anses à plus faible température. En tout et pour tout, le clocher autant que la commune sont une excellente surprise.

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