Cette petite commune de Savoie a été le siège d'exploitations de schistes ardoisiers. Il y a deux sites distincts présentés dans ces pages. Il y a tout d'abord Juvenilia, dans un cirque rocheux impressionnant, il y a ensuite Châtel-Juliard, sur la commune de Villard-Clément. Il y aurait 53 autres ardoisières, localisées par le spéléo-club de Savoie. Nous ne reportons ici que les (probables) plus grands sites. D'après les dires, les autres ardoisières seraient souvent limités à une seule courte galerie.
L'ardoisière Juvenilia est située proche d'un cirque rocheux magnifique. Au loin, on voit une chute d'eau qui coule d'une galerie perchée en hauteur, de creusement artificiel. Les chemins en falaise sont vraiment très beaux, on se demande comment ça a pu être creusé. Il reste des anciens pylônes datant de l'exploitation, ils sont envahis par la végétation. Pour un bon nombre d'ardoisières, l'accès se faisait par des passerelles suspendues. Aujourd'hui, elles sont démolies par l'usure, la dernière est tombée en 1990. Il en reste encore parfois des câbles enjambant un précipice vertigineux. Au loin dans la falaise, on voit souvent des petits trous incroyables, tant ils sont perchés en hauteur. Ils sont devenus parfaitement inaccessibles.
Je ne donnerai pas la localisation de ces ardoisières, même sur demande. Elles sont en mauvais état et il faut savoir lire la pierre pour les visiter. Autrement, ça reste excessivement dangereux. Comme leur accès est très difficile, végétation carrément hostile et pentes démoniaques, je ne suis pas inquiet quant à leur situation. Personne n'y va et ça se voit ; normal, elles sont introuvables sans une solide documentation.
Juvenilia s'ouvre en falaise. Cette ardoisière est peu visitable parce que des effondrements trop hostiles empêchent de passer. Mis à part un rouleau de treuil, il y a peu de vestiges visibles. Les galeries se rejoignent toutes, mais de très nombreux chaos entravent la progression. Une des galeries s'appelle "Le château de cartes", ça porte bien son nom.
L'ardoisière Châtel-Juliard s'ouvre dans une végétation luxuriante, il faut passer au beau milieu d'un désastre d'arbres épineux pour y accéder. Il y a trois étages. Le plus bas est Châtel, l'intermédiaire Juliard et le plus haut nous est inconnu.
Dans Châtel, il y a de nombreux vestiges de matériels. C'est comme si le temps s'était arrêté. Les effondrements en châteaux de cartes sont multiples, c'est une ardoisière condamnée, quasiment déjà morte. On y retrouve : des chaussures, des berlines, une installation électrique ravagée, des treuils, des pelles, des perforateurs, des boîtes à détonateurs (supposé), des rails, des blocs prêts à la sortie. C'est un endroit très préservé.
Dans Juliard, ce sont des chambres d'exploitation dans un état très chaotique. J'ai dû rouvrir certains passages, bouchés par des effondrements de lauzes coupantes et instables. On n'y trouve pas de matériel parce que tout est ravagé sous des tonnes de lauzes effondrées. Je n'en ai pas fait de photos, ça ne m'inspirait pas.
La troisième galerie, tout en haut, est trop ravagée pour être parcourue, à moins d'être suicidaire. Une série de blocs reposent en l'air sur des tuyaux rouillés croulant sous la tension. Je suppose que le simple fait de chatouiller le tuyau suffit pour mourir !
Je suis heureux de pouvoir vous présenter un patrimoine plutôt exceptionnel. C'est la première fois que je voyais des vrais perforateurs dans leur environnement, malgré des années de voyages souterrains. Si la mort de ces lieux est indiscutable, il y aura eu au moins une (deuxième) tentative de préservation par la photographie.
Pour
voir les plus beaux vestiges, il va falloir être patient, autant que le
lieu le demande.
Le plus joli est en dernière page :)
Le chemin des falaises
Cette
image provient d'un panneau explicatif présent sur place. Il montre les
passerelles qui traversaient le ravin. Le chemin des falaises est situé
sur la droite.
Un
des pylônes des exploitations ardoisières.
Le
vestige d'une ancienne passerelle, effondrée en 1990.
Les
câbles sont omniprésents dans ce ravin.
Un
piton qui servait à fixer une passerelle.
Le
chemin des falaises.
Les
deux points noirs en haut, ce sont des ardoisières !
Juvenilia
A présent, nous voici sortis du chemin des falaise, plus loin, dans les fourrés remplis d'épines.
Dans
l'entrée de Juvenilia, il reste quelques vestiges un peu abîmés
par le rude climat.
Le
toit de la galerie a d'étranges traces, comme s'il avait gardé mémoires
des vagues de la mer.
Les
plaques se délitent le long d'une fracture assez sévère.
Le
vestige d'un treuil.
Une
partie intacte de l'ancien roulage.