Exploration campanaire, la cloche à Les Salelles d'Ardèche
Voici une exploration campanaire du clocher de la petite commune des Salelles, en Ardèche sud, près des Vans. Le toponyme est à ne pas confondre avec les nombreux homonymes, petites communes ou hameaux éponymes. Le nom de ces communes est construit sur le terme « sala » qui fait à la fois référence à la salle de réception mais aussi aux fortifications d'une maison. Fréquent donc.
Un tout grand merci à la mairie d’avoir permis ce documentaire.
L’église des Salelles marque immédiatement l’esprit par son aspect extérieur, absolument unique en Ardèche, et assez hors du commun en France. Un escalier en pierres donne accès à une chambre des cloches spacieuse. L’instrument est placé en hauteur dans une baie ouverte. Cela en fait une configuration complètement comparable à Gravières, dès lors on le concède : tout sauf du facile.
La cloche n’est pas équipée en volée. Elle possède un grand mouton en rétro-mitigé ; les paliers et tourillons manquent terriblement de graisse. L’épigraphie est peu lisible. Avant même de débuter le reportage, on ressent d’office que tout préfigure le défi.
Cette cloche a pour auteur le fondeur Jean-Baptiste Naverdet (1789-1852), qui émane de la tradition de fonte du Bassigny en Champagne. A partir de l’identification de son origine : Breuvannes (52), les pièces de puzzle s’emboitent. Breuvannes était un immense berceau au niveau campanaire.
Jean-Baptiste Naverdet est né à Breuvannes le 13 novembre 1789 et décédé à Tarbes le 20 août 1852. Comme ses compagnons de fonte, il est itinérant et a donc coulé au pied de l’église des Salelles. Certains saintiers du Bassigny sont prolixes, nous avons affaire ici à un tout petit fondeur, qui menait probablement plusieurs activités de front.
On le connaît pour des travaux conjoints avec Jean-Baptiste Perret (1796-1857), dans les Landes, en 1827. C’est non loin d’être tout ce qu’on lui connaît. Ce qui nous saute immédiatement aux yeux, c’est que Jean-Baptiste Perret est le gendre de François Decharme (1792-1875), que nous connaissons en tant que fondeur en Ardèche sous le nom Decharme 1. Si l’on retrouve surtout des Decharme 2 (donc le fils) en Ardèche, Decharme 1 nous est connu à Payzac, Malbosc, Laurac, Sablières, puis ensuite des villages un peu plus éloignés.
Faut-il lire aux Salelles une recommandation de Naverdet à la paroisse ? Le mystère restera complet, mais ce n’est certes pas exclu. L’identification des Salelles nous met d’ailleurs sur la piste de l’identification de la cloche 1 anonyme de Gravières telle une Naverdet. Toutefois, placée très en hauteur, nous ne pouvons rien affirmer, pas plus que les capacités du drone ne permettrait de résoudre la problématique.
La dédicace est la suivante : (Ligne 1) PARRAIN Mr JEAN BAPTISTE GAULLIARD MAIRE (Ligne 2) MARRAINE Mlle MARIE MAGDELENE JUNE (Ligne 3) Mr CHABAUD PIERRE CURE DE SALELLES HJAte EVESQUE ADJOINT – 1830 (A la fourniture) JBNAVERDET FT.
La signature mentionne donc clairement Jean-Baptiste Naverdet Fecit. La date 1830 est indiscutable car clairement figurée sous la dédicace, dans le rinceau géométrique. Pour le reste de la dédicace, difficile d’être affirmatif, car l’épigraphie n’est pas ébarbée et subit des coulures de métal, pour une potée indiscutablement craquelée, ayant subi un séchage trop rapide. En détails : il a moulé en été, peu étonnant d’ailleurs. C’est une épigraphie très médiocre, dont les matrices sont à ce point comparables aux Decharme 1 qu’un prêt semble envisageable.
Outre le fait que la cloche des Salelles est donc totalement rare, on a graphiquement une ébauche de Decharme, qui elle est commune. On pourrait aller jusqu’aux planches à trousser, car l’on retrouve le profil sonore rauque et terne des cloches susdites.
Elle sonne un Sol(3) étonnamment juste, pour un poids de 530 kilogrammes en profil plutôt léger. Le battant est d’origine, tout autant que le mouton, qui semble retravaillé par un ajout d’équilibrage, daté dans la décennie 1840 (un tirant passe devant le dernier chiffre). Le rétro-mitigé est très lent.
Jusqu’au dernier moment, je n’aurai pas été certain de réussir à sonner cette cloche, qui n’a certainement plus vu de volée depuis une cinquantaine d’année, puisqu’on n’en trouve ni placement possible de corde, ni même passage de corde dans la maçonnerie. C’est ce que l’on peut qualifier de débrouille au niveau maximal ! Au vu des difficultés, ça reste encore acceptable ; à Gravières ce fut un échec total.
Bref pour un clocher où l’on pouvait s’attendre à une plus que médiocre Baudouin d’Alès, c’est une découverte plaisante, ce d’autant plus qu’il n’est connu (Les Salelles comprises) que trois Naverdet actuellement en France. Inévitablement, c’est une richesse patrimoniale à signaler.



















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