Exploration campanaire, les cloches de Saint-Andéol-de-Vals
Voici une exploration campanaire du clocher de Saint-Andéol-de-Vals, une petite commune ardéchoise qui est à ne pas confondre avec sa presque éponyme Saint-Andéol-de-Berg. Le village de Saint-Andéol-de-Vals a immédiatement surpris par son aspect, comme celui d’une petite pépite où chaque recoin est merveilleux de beauté. Même nous les locaux, nous ne connaissons pas.
Ce fut une découverte, c’est peu de le dire. Doit-on conclure que l’église de Saint-Andéol-de-Vals est la plus belle d’Ardèche ? C’est évidemment subjectif car l’esthétisme rude de Prunet est également touchant. L’édifice est en tout cas hautement remarquable. Nota, on y accède par une rampe sur la place, et non par le portail principal. Lors d’un passage rapide, cela ne serait pas forcément intuitif.
Un très grand merci à la mairie de Saint-Andéol-de-Vals pour les efforts déployés afin d’accéder au clocher, en particulier à Madame Juliette LAFFONT, sans oublier l’accueil chaleureux de Monsieur le maire David MARIJON ; une commune haute en couleurs et en accueil.
On accède au clocher par un cheminement passant de la tribune au triforium, puis ensuite par trois volées d’échelles en parfait état. Le parcours fait découvrir une horloge monumentale dans un bon état de conservation (bien que cela soit intensément exigeant en travaux, elle est qualifiable d’intéressante en tant qu’objet d’exposition), et dans le comble, une galerie de Saintes et de Saints, endormis.
La chambre des cloches est en très bon état. Le sol est constitué d’une voussette épaisse en briques, recouverte d’un voile en béton léger. Cela ne laisse aucune place aux habituelles pourritures que l’on peut observer dans les clochers en bois. Un beffroi en châtaignier (probable) suspend deux cloches.
Il s’agit de deux Paccard d’Annecy, datant de 1932, et provenant d’une coulée homogène, sur les modèles 762 et 763. Conformément à la tradition d’excellence de la fonderie, on relève une métallurgie parfaite. L’épigraphie est d’un soin remarquable. On prendra soin de remarquer qu’au contraire de Lanas, Lavilledieu, des cloches contemporaines, l’épigraphie n’est en aucun aspect standardisée (rinceaux, effigies). Les fondeurs sont Joseph et Louis PACCARD.
Paccard coute plus cher que ses contemporaines, on comprend aisément pourquoi. Il s’avère que la disparition progressive des très grands concurrents lyonnais : Burdin Aîné, Arragon, Reynaud, laisse une place grandissante aux Paccard.
Hélène - La grande cloche, possède la dédicace suivante : (Ligne 1) NOTRE-SEIGNEUR MIL NEUF CENT TRENTE DEUX (Ligne 2) J’AI ETE BENITE PAR Mgr DURIEUX EVEQUE DE VIVIERS (Ligne 3) ABBE PRAT ACHILLE CURE DE St ANDEOL DE VALS (Ligne 4) ON M’A APPELEE HELENE-MARIE-VICTORIN (Ligne 5) DON DE LA FAMILLE BONNEFOY-DOREL DE LA MALETTE (Ligne 6) PARRAIN ABBE : ETIENNE VICTORIN (Ligne 7) MARRAINE : BONNEFOY HELENE (à la pince) St ANDEOL PROTEGE LA PAROISSE.
Irma - La petite cloche, possède la dédicace suivante : (Ligne 1) IRMA-ROSALIE-XAVIER-DOUX-PAUL (Ligne 2) DON DES PAROISSIENS (Ligne 3) ANNEE 1932 (Ligne 4) BENITE PAR Mgr DURIEUX EVEQUE DE VIVIERS (Ligne 5) ABBE PRAT ACHILLE CURE (Ligne 6) PARRAIN : DONJON PAUL DE SARJEAS (Ligne 7) MARRAINE : IRMA SUVERAN NEE DOUX (à la pince) A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE.
Hélène pèse 425 kilogrammes en profil renforcé. Elle sonne un Sol#(3). Irma pèse 210 kilogrammes. Elle sonne un Do(4).
Ce que l’on remarque immédiatement, avant même la mise en volée, c’est le montage en rétro-lancé. En effet, les battants possèdent un contrepoids, au dessus du battant. La bélière qui traverse le plateau est une longue attache, qui abaisse le point de suspension du battant. Le battant est donc équilibré, au contraire du rétro-mitigé ou du lancé franc. La cloche bouge peu en volée, c’est le battant qui fait tout le travail. Il est lancé sur la pince.
Ce mode de volée est globalement rare, si ce n’est très rare. On peut l’observer sur les Wauthy d’Orchies (59) et notablement sur la plus grosse cloche de France, la Savoyarde de Paccard (1891-1895) : transformé en rétro-lancé en 1947 pour cause de fragilisation du clocher du Sacré-Coeur. En Ardèche, on observe ce mode de volée sur les Paccard de Labeaume (1932), Montpezat-Sous-Bauzon (1930), Chomérac (1853).
On remarquera que les années 1920-1930 peuvent assez bien regrouper cette pratique d’une manière générale. Le moment le plus intéressant de la volée, je trouve que c’est l’extinction. Les cloches sont depuis longtemps immobiles alors que les battants continuent de travailler. C’est tellement peu courant, c’est beau à voir.
Les Paccard constituent déjà de base un mobilier somptueux. De les voir montées en rétro-lancé est d’autant plus précieux. Ce fut une belle découverte.

Le mystère des lettres maçonnées dans le clocher.
Si l’église est XVIIe siècle, le clocher de l’église date de 1830. La flèche possède 8 pans. La maçonnerie en briques forme 8 lettres, moulées en creux. Jusqu’à présent, la présence de ces lettres est restée un mystère total et a constitué l’énigme la plus opaque de toute l’Ardèche. Que sont les lettres maçonnées dans le clocher de Saint-Andéol-de-Vals ? On peut décrypter : JPCGFVLM. Ont-elles seulement un ordre ?
En ayant poussé avec acharnement toutes les possibilités d’identification, trois hypothèses émergent, sans qu’aucune ne soit validée. D’autres hypothèse sont impasse.
1) Les initiales des donateurs. Le format des lettres donne un ressenti ostentatoire pour une telle représentation, mais ce n’est pas exclu.
2) Les initiales d’un psaume. Avec l’intelligence artificielle, nous avons tenté 1.562.275 possibilités, comprenant des alternatives sur certaines lettres peu fiables : le C ou le G. Cela s’avère négatif dans un premier temps.
3) Un soleil rayonnant sur les églises voisines. Selon François Vachelier, qui nous lance une idée telle une piste à explorer – sans l’affirmer donc, il nous fait description qu’il pourrait s’agir des initiales des églises avoisinantes, dans ces directions. Dès lors, nous essayons de reconstituer le puzzle afin de valider ou invalider l’hypothèse.
J = Juvinas - P = qui serait un A malformé, Antraÿgues ? L’analyse du P ne laisse aucune possibilité à ce que ça soit un A. - C = qui serait un G, Genestelle. Le C est très bien formé et ne laisse pas de doute. - G = Gourdon - F = qui est un E, c’est Saint-Étienne-de-Boulogne. Le F ne laisse aucune ambigüité, ce n’est pas un E. - V = Vesseaux - L = Labégude ou Lalevade - M = qui est un V dont des trous se sont formés, Vals.
On remarque que les briques ont tendance à se désolidariser. Un paroissien en a témoigné sur place. Donc les lettres de cette hypothèse seraient JAGGEVLV. Il appert que la formation de ces initiales reste difficilement crédible, car les lettres concernées par des modifications sont celles… qui sont les plus claires.
Le souci majeur dans ces cas de figure, c’est de posséder une hypothèse, et de tordre la réalité jusqu’à ce que l’hypothèse y colle. Nous notons comme extrêmement curieux que Saint-Julien du Serre n’y figure pas, au contraire de Labégude, qui elle est totalement secondaire. Nous notons également que les orientations sont très discutables.
Dès lors, l’idée toute séduisante qu’elle peut paraître, nous parait à écarter.
4) Une abréviation religieuse. Le dictionnaire d’épigraphie n’amène aucune cohérence quant à une telle inscription.
5) Et sur l’idée que ce seraient les initiales des maçons, telles des marques de tâcherons, on peut affirmer globalement que ce n’est pas une méthode pratiquée. Tout au plus, on retrouve des symboles discrets dans les cathédrales médiévales ; aucunement des lettres aussi ostentatoires.
Les initiales des donateurs serait la piste la moins fantasmagorique. Cela ne semble pas forcément cohérent avec les grandes familles du village, mais dans un temps reculé comme 1830, il est difficile d’être catégorique. Aucun spécialiste d’épigraphie ni de paléographie n’ont trouvé d’explication. Au mois, le sujet aura été creusé, même si cela fait en quelque sorte perdurer le mystère.



























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