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Le carillon de Nivelles (1/5)




CEDRIC DE KEYSER

Il s'agit d'un reportage sur le carillon de la Collégiale Sainte-Gertrude à Nivelles. Merci à Monsieur Jean-Claude Ponette pour l'autorisation et à Monsieur Robert Ferrière pour l'accueil chaleureux et instructif.
Reportage : Cédric De Keyser, Sandy De Wilde, Vincent Duseigne.

Vous pouvez écouter le concert de Robert Ferrière ci-dessous.
https://tchorski.fr/audio/nivelles-03.mp3

Le second enregistrement correspond au carillonnement automatique : la ritournelle.
https://tchorski.fr/audio/nivelles-ritournelle.mp3

Vous pouvez voir Robert Ferrière en train de jouer sur cet enregistrement vidéo ci-dessous.

 

Sainte-Gertrude de Nivelles est la patronne des jardiniers. D'après « Le guide des prénoms 2009 » de Paul Corinte, éditions SOLAR, Sainte-Gertrude la Grande (Sainte-Gertrude d'Allemagne 1256-1301) se révéla une mystique et une théologienne exceptionnelle ; elle priait et méditait si intensément, nous dit la légende, que les souris jouaient sur son chapelet sans qu'elle parût les remarquer ; ainsi est-elle devenue la sainte patronne protectrice des chats. Sainte-Gertrude de Nivelles (VIIe siècle), est devenue la patronne des jardiniers.

La Collégiale Sainte-Gertrude a été assez largement démolie durant le bombardement de 1940. La toiture a été éventrée et les cloches ont souffert de l'incendie. De ce fait, il ne reste pas grand-chose de ce qu'était le carillon d'avant-guerre. Quelques cloches peu ou pas abîmées ont été récupérées (les Van Aerschodt), mais toutes les autres ont été remplacées. Les cloches abîmées ont été déposées dans le cloître, nous documenterons ce sujet à la dernière page. Ces cloches ont de très belles faussures et de magnifiques rinceaux.

Le carillon est composé de 47 cloches (49 si l'on compte celle de la tourelle de Jean de Nivelles et la cloche factice du jacquemart). Leurs fondeurs sont : Séverin Van Aerschodt pour les plus anciennes, Felix Van Aerschodt de Louvain, Jacques Sergeys de Louvain, [Paccard d'Annecy sous réserves]. Deux cloches de volée (1979 et 1980) sont Sergeys / Eijsbouts.

Les cloches de volée sont :
1) Gertrude, Si. Poids : 3200 kg. 1979. Sergeys / Eijsbouts.
2) Nom inconnu, Do dièse. Poids 1933 kg. 1862. Severin van Aerschodt.
3) Nom inconnu, Mi. Poids : 1150 kg. 1980. Sergeys / Eijsbouts.
4) Nom inconnu, Fa dièse. Poids inconnu. 1926. Félix van Aerschodt.

Le beffroi du carillon est en poutres IPN métalliques. Les petites et moyennes cloches sont au-dessus du pupitre, les grandes cloches sont autour. Cela a l'avantage pour le joueur que toutes les cloches sont dans la même pièce, ce qui fait qu'on entend tous les sons indistinctement. Les petites cloches ne servent qu'au carillon tandis que les grandes cloches servent à la volée. Quatre cloches sont lancées en volée, on le verra plus tard, elles ont la particularité d'être sonnées en lancé-franc. Deux grandes cloches ne sont pas lancées en volée et sont au dessus de la cabine, c'est uniquement une question d'optimisation de la place. Le carillon fait 14.289 kg, le bourdon fait 3.200 kg.

Les marteaux sont à électro-aimant. Ils servent à tinter la ritournelle. La ritournelle est actionnée grâce à un tambour clock-o-matic. C'est la marque initiale de l'objet, mais il n'est plus entretenu par cette firme. Le jeu automatique de la ritournelle est joué grâce à des palpeurs électriques. Les cloches possèdent un deuxième marteau, plus volumineux mais surtout plus léger. Ce marteau n'est pas actionné par un système électro-magnétique mais par de la tringlerie manuelle d'inox, reliée au clavier du carillon.

Le buffet du carillon est en métal et il date de 1980, il est parfaitement entretenu. Le système de frappe est entièrement mécanique, ce qui fait que les petites cloches sont faciles à tinter et il faut appuyer plus fort sur les bâtons pour faire sonner le bourdon. C'est le système le plus répandu pour les carillons belges. Les bâtons sont en frêne. Les cloches possèdent de petits ressorts au battant pour augmenter la rapidité du rappel, comme nous le verrons sur les photos.

La particularité de Nivelles, c'est d'avoir des cloches de volée en lancé-franc (procédé du battant lancé). Ce n'est pas si rare que ça, mais disons que la plupart des cloches de Belgique sont en rétrograde ou en rétro-mitigé. A quoi voit-on cette différence ? C'est que la cloche n'est pas surmontée d'un mouton. Elle pend à son axe sans avoir de contrepoids. Dans la pratique, qu'est-ce que cela change ? C'est assez simple. Une cloche possédant un lourd contrepoids se met en volée de la pression d'un petit doigt tandis qu'une cloche de lancé-franc se met en volée en poussant fort. A deux, nous avons dû pousser le bourdon fortement pour l'actionner en volée. Ca signifie donc que l'effort à fournir est nettement plus important pour les moteurs de volée.

Avec un lancé-franc, le son de la cloche est différent. En effet, le battant ne frappe pas la cloche de la même manière. Le mouvement de la cloche est plus rapide et le mouvement du battant est un lancé, il ne tombe pas. Le point le plus caractéristique, c'est que le battant frappe en haut. Quand la cloche oscille, elle passe de la station verticale à la station horizontale. Le battant oscille aussi dans la cloche. En lancé-franc, le battant va toucher la pince dans la partie la plus haute. En lancé rétrograde, le battant va toucher la cloche dans sa partie la plus basse.

Avantage du rétrograde : comme les mouvements font appel à moins de moment de rotation, il y a moins d'effort dans la structure du beffroi. Cela évite une augmentation des forces transmises dans la structure du clocher. Cela permet donc de préserver le clocher. Toutefois, la sonnerie est morne, lente et monotone.
Avantage du lancé-franc : comme le battant frappe la pince en lancé, on a un son de plus grande intensité, dynamique et sonore. Le battant ne colle pas à la pince, ce qui permet une résonnance correcte.
Pourquoi Nivelles a bien fait de choisir le lancé franc ? Parce que le beffroi est en métal, parce que la tour est en béton. Cette structure solide est adaptée à subir les forces de contraintes générées.

Photos mentionnées (1 à 16) : Cédric De Keyser
Photos mentionnées (17 à 36) : Sandy De Wilde


La nef de la collégiale. (1)

La montée au carillon


Nous allons rejoindre marche par marche le carillon, situé dans la partie haute de la tour octogonale.


Après la salle impériale, l'escalier est un dédale qui donne le tournis.


Les coupoles de l'avant-corps. C'est au dessus du narthex et en réalité, encore plus haut puisque
ces coupoles en béton dominent d'un étage la salle impériale.


Nous arrivons à présent dans la salle du carillon. Les abat-son sont en bois, recouverts d'ardoises. (17)
Je vous propose de découvrir maintenant les cloches du carillon.

Le carillon


Voici une vue d'ensemble du carillon, que nous allons voir sous toutes ses coutures.


Il est placé au-dessus de la cabine du carillonneur, afin d'optimiser la place.


Sur la première cloche, on voit comment la tringlerie tire le battant près de la pince.


La petite languette est un ressort qui permet le retour rapide du battant à sa position initiale.


Sur cette face, on voit bien le jeu central des tringleries.


Voici à présent le gros bourdon, de 3200 kg.


Le bourdon vu de l'avant. Il possède un beffroi en métal qui répartit largement le poids.


Le bourdon vu de l'arrière.


La dédicace du bourdon.


Deux cloches de volée.


Détail sur les anses d'une cloche Van Aerschodt.

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