Tchorski
Accueil - Urbex minier - Urbex industriel - Urbex religieux - Paysages sonores - Contact & achat - Politique de confidentialité

La Savinienne et la Potentienne (1/20)

 

Si la première page se voulait comme un état historique et technique de l'ensemble campanaire, les photographies en étant la description, les pages qui suivent seront plus le récit d'une aventure, ou devrais-je dire d'un bonheur. Malgré les écrits, il n'y aura donc pas d'information technique complémentaire.

Ce documentaire « couvait », si on peut le dire ainsi, depuis quelque chose comme un an. Depuis longtemps déjà, un enregistrement de deux minutes - seulement - tournait souvent dans les enceintes, à fond, chargé d'une basse terrifiante. Je connaissais ces deux notes par cour, pouvant les réciter à toute heure comme une poésie de choix, adorée tout comme la Petersglocke de Köln. C'est donc sans surprise que je venais à Sens en ce noël 2010, mais avec une attente immense : voir, entendre, ressentir ces deux aimées. Cela s'est retraduit par ce documentaire.

Les pages sont beaucoup trop nombreuses, c'est répétitif. Tant pis, il faudra faire avec ! Les pages sur les bourdons (à partir de la page 7) sont de manière un peu évidente les plus chargées.

Lorsque nous sommes sortis de la gare de Sens, une fine neige mêlée de vent fouettait le visage. La ville de Sens nous accueillait à bras très grands ouverts, mais le climat n'en était pas spécialement enchanté, c'était un des prémices. Après avoir réglé quelques brèves formalités de logement, enfin nous pûmes monter au clocher.

Les deux belles étaient bien au rendez-vous. Notre guide Bernard Brousse nous présenta une bonne part du labyrinthe, puis nous donna quelques explications techniques sur l'installation. C'est en milieu d'après-midi que nous commencions le travail.

Le premier obstacle qui se présenta, c'est que l'accès au clocher ne manque pas d'être long, et même avec la rallonge gracieusement prêtée par M. Brousse, il nous manquait toujours un mètre pour éclairer la Savinienne. Avec quelques bricolages, ça put s'arranger, disons un peu., plus ou moins. Des 96 mètres que nous avions besoin, nous en tenions 95 ! Le travail se passa sans trop de soucis malgré tout.

Vers 19 heures, nous avons fait une pause pour essayer de trouver à manger. Un soir de noël dans une petite ville comme ça, trouver un restaurant ouvert était du défi. Et pourtant, nous eûmes la chance de dénicher un lieu : le chinois. Mais j'avais l'esprit tout chamboulé et emberlificoté avec cette histoire de mètre manquant, alors je n'avais pas faim. La soupe était tellement piquante que j'en pleurais ! Mais nous étions dans un lieu accueillant. Ca a fait du bien, à la limite même les clips cambodgiens aussi !

De retour au clocher, le stress monta comme une fusée. C'est avec grande attention que le fil fut réorganisé, surtout sans tirer dessus. Au final, avec de la chance une fois de plus, ça s'est arrangé, nous avions même trente centimètres de marge supplémentaire. Lorsque les deux belles lancèrent leur chant de bronze, ce fut un grand tintamarre. C'était exceptionnellement beau. Un peu impressionnant aussi, le beffroi bougeait par rapport au murs. Le mouvement atteignait au minimum et sans exagération 20 centimètres. On a beau dire, c'est fait pour, il n'y a pas de soucis, ça reste toujours un grand moment un peu inquiétant. C'est un vrai bateau sur une mer îvre.

A la seconde volée, une heure plus tard et après des hésitations, nous décidâmes de nous poster sous les bourdons, directement sous les bouches donc.

Une seule petite heure d'attente et la bouteille d'eau, placée dans le sac, n'était plus qu'un bloc de glace.

Je me postai contre les abat-son et attendis ainsi la seconde volée. qui tarda à venir. Un vent terrifiant, d'un glacial à pierre fendre, me courrait dans le dos en remontant par les abat-son. Les jambes étaient agitées de violents soubresauts de grelottements. Je ne sentais plus mes mains, je ne pouvais même pas dire : je sens le froid. Ca faisait peur ! Dans la lumière du spot, et pourtant à l'intérieur du bâtiment, de la neige tombait. . à l'envers ! Le vent déchainé la faisait monter et tourbillonner dans la lumière. Ce fut un terrible instant à soutenir, mais non certainement pas, le climat n'allait pas nous voler le chant des deux aimées. Quand il arriva enfin, ce moment de violence sonore et l'enchantement musical, furent une délivrance majestueuse.

Après la volée, nous nous sommes dépêchés de redescendre. Pas loin du milieu de la nuit, des personnes nous regardèrent étonnées près de l'entrée de l'église, nous étions effectivement tout particulièrement gelés et ébouriffés !

La nuit fut brève, car beaucoup de travail nous attendait encore.

Le lendemain matin, nous sommes partis en quête d'une boulangerie. Un 25 décembre à 7 heures, j'avais très difficile à y croire !! Et pourtant, après moins de cent mètres, nous trouvions une vitrine lumineuse, une lieu (une fois de plus) accueillant. La chance fit qu'on trouva même un café ! C'était miraculeux.

Durant la nuit, la neige avait effacé nos traces de pas. La troisième volée fut une merveille, quoi qu'on dise, on ne s'y habitue pas. Après quelques instants de rangement, ce fut avec émotion que nous dîmes au revoir aux belles. Sur le trajet du retour vers la gare, nous entendions au loin la quatrième volée, à laquelle nous ne pouvions pas assister faute de temps (faute au train !). Le son devenait de plus en plus ténu tout en s'éloignant. Il est très difficile de redescendre et de quitter des lieux comme cela. Les sénonais ont de la chance d'être mariés chaque année avec ces colosses de bronze.

Sens aura laissé un souvenir d'épreuve face au froid, mais un bonheur inoubliable.


La cathédrale à son parvis.


Nous allons à présent entrer.


La poignée d'entrée est superbe !


Les serrures ne manquent pas de charme non plus.


Voici la nef.


C'est à la fois sobre et coloré.


Le choeur.


Les armes de l'archevêque de Sens.


Le grand baldaquin.


Au travers des grilles.


La sobriété cache beaucoup de petits détails.


Il faut prendre le temps de regarder en haut.


Dans cette nef latérale ainsi qu'une deuxième, il y a de superbes chapiteaux.

SUITE >