Tchorski
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L'église Saint-Georges de Sélestat (1/8)

Il s'agit d'un reportage campanaire sur l'église Saint-Georges de Sélestat.
Un grand merci à la mairie de Sélestat, monsieur le Maire Marcel Bauer et monsieur Grégory Frantz pour l'autorisation de visite. Grand merci aussi à monsieur Ibrahim Dédé pour le suivi de la visite.
Reportage : Vincent Tchorski, Sandy De Wilde, François Marchand, Patrick Soyer.

Saint-Georges est le patron des cavaliers et des chevaliers.

L'église Saint-Georges est un vaste bâtiment religieux au centre de Sélestat. Ce fut une collégiale, comme en attestent les stalles encore présentes. On trouve quelquefois la mention basilique, dont wikipedia, il n'en est rien. Une basilique est une église construite sur un plan similaire à celui des basiliques romaines, donc obligatoirement cinq nefs, avec aussi la particularité d'avoir un rectangle central terminé par une ou plusieurs absides. On trouve souvent mention que c'est une cathédrale. Elle en a toute l'envergure mais il lui manque malheureusement l'évêque. C'est donc une église (toujours), une ancienne cathédrale, une ancienne collégiale. Dans tous les cas, peu importe le nom, c'est un superbe édifice et mes photos vont en témoigner.

Les premières traces remontent au VIIIème siècle (chapelle), mais l'église que nous connaissons aujourd'hui a été fondée en 1452, elle a utilisé de toute apparence une structure plus ancienne, qui datait de 1230. Elle est de style gothique. Contrairement à ce qu'évoque wikipedia, elle n'est pas de style gothique flamboyant. Le flamboyant, dit aussi tardif, se caractérise par une ornementation exubérante. Or, mis à part aux portails, l'église Saint-Georges est plutôt modeste dans son habit de pierre. Elle possède de manière fort classique trois nefs, deux transepts, un chour et une abside. Elle a deux triforiums aveugles et deux triforiums classiques. La différence sera expliquée aux photos dans la section combles.

L'église possède deux clochers. Le premier, le plus haut (60 mètres), est un vaste clocher gothique fort ajouré et sobre. Assez malheureusement, il n'y a pas d'abat-son et pas de protection contre les pigeons. Le second clocher est octogonal. Il est protégé contre les pigeons avec une maille carrée (c'est parfait). Il possède des abat-son mais pas de cloches. Ce clocher s'appelle une tour de croisée, la tour est au dessus du chour. La spécificité de ce clocher, c'est d'avoir une magnifique toiture galbée. Elle a un style polychrome de Bourgogne. Certains n'apprécient pas l'apparence de cette toiture aux couleurs vives. Mes photos témoigneront (pourtant) d'une architecture soignée et esthétique.

A propos du campanaire :

Cloche 1 dite le bourdon. Elle est reconnaissable par ses anses. Les anses possèdent des godrons alternés. Elle est en montage de lancé franc, allégé par un petit mouton en bois. Elle est tintée, comme toutes les autres cloches, par un marteau électromagnétique presque neuf. Le volant de volée est neuf. La robe est ornementée d'un Saint-Georges sur cheval. Elle possède des ébréchures à la pince. Elle présente un texte de dédicace en latin, sur le cerveau. Sur le côté opposé au marteau, elle possède le lion oriflamme de Sélestat. Cette grande cloche en do3 a été coulée en 1879 par Firmin Causard à Colmar.

Cloche 2, de la fonderie Bollée-Blanchet, Orléans, 1924. Elle s'appelle Johanes. Elle est reconnaissable par ses anses. Les anses possèdent des petites rivières en relief qui forment des affluents pour se repiquer sur un seul fleuve. Elle a des rinceaux de végétaux fins et détaillés sur la pince. Elle a aussi deux lignes de rinceaux végétaux et fleuris au cerveau. Elle a sur la robe un décor représentant Saint-Jean l'Evangéliste. Elle est en lancé franc, voire même en superlancé, car elle est abaissée par rapport à l'axe. Son axe est noir en poutre IPN métallique presque neuve. Le volant est neuf. Quatre tirants pour des anses non doublées. Marteau de tintement entièrement neuf + une pièce de support en bois en résineux, ajout très récent.

Cloche 3, de la fonderie Bollée-Blanchet, Orléans, 1924. Reconnaissable par ses anses avec des feuilles de palme. Un peu plus petite que la précédente, possède une croix sur sa robe. Trois rinceaux végétaux identiques à la précédente. Elle est en montage de lancé franc, allégé par un petit mouton en bois. Les tirants reprennent les anses sous le joug, les anses sont légèrement enfouies dans le joug. Au cerveau et à la pince, dédicace en allemand ou en alsacien.

Cloche 4, c'est une cloche très richement décorée. Elle est particulière. Elle ne possède pas de filet ou de dédicace sur le cerveau, seulement un cordon de galets autour des anses. Le cerveau est décoré de grands rinceaux qui forment des motifs architecturaux. Tous les deux motifs de décoration, la cloche comporte un Saint apôtre différent. Les rinceaux architecturaux sont extrêmement détaillés et forment des maillages complexes. Elle porte comme nom de parrain Hans Jakob Muller. Les dédicaces sont en allemand ou en alsacien. Elle a été bénie par le recteur Anton Naegelen. Sur la pince, les rinceaux architecturaux sont répétés, mais inversés vers le bas. Elle est en lancé franc, mais son axe est... bizarre. Il s'agit d'une poutre IPN à redans, dont la forme ne correspond à pas grand chose de logique. Anses sans décorations, fixées à l'axe par quatre tirants, anses non doublées.
Cette cloche, sonne un mi3, elle a été coulée en profil lourd en 1879 par Firmin Causard à Colmar.

Cloche 5, Jean-Louis Edel, de Strasbourg. Jean-Louis est le fils de Matthias Edel, fondeur de renom à Strasbourg. Jean-Louis a également fondu quelques cloches de la cathédrale de Strasbourg, celles de l'église paroissiale Saint-Pierre de Molsheim, l'église paroissiale de Lembach, l'église d'Ernolsheim-lès-Saverne, le temple de Gerstheim, l'église paroissiale de Kaltenhouse, etc. Il signe parfois Edel Johann Ludwig. Comme très classiquement chez lui, la pince est décorée d'un maillon de chaîne. C'est une petite cloche, qui semble désaffectée aujourd'hui, pas de volant, pas de marteau.

Cloche 6, Causard, fondeur de Colmar. Décorée d'un rinceau végétalisé dit d'acanthe. Cette cloche semble aujourd'hui désaffectée, n'a ni volant ni marteau. Il s'agit de la fonderie de cloches dite Causard/Dury. D'après un écrit de Léon Wiot, la maison Causard a fourni jusqu'en 1897 : 1236 sonneries dont 507 en Belgique, 52 au Grand Duché de Luxembourg, 5 en Hollande, 355 en Alsace-Lorraine, 17 en Allemagne, 250 en France, 32 en Suisse. Adrien, le frère, prendra la direction de la fonderie Causard de Tellin (Belgique).

Vous pouvez voir la volée de midi ci-dessous.

 

La nef


On attribue généralement la sculpture du portail à Emile Sichler. Il est en grès rose des Vosges, tympan en plein cintre, sculpté en haut relief. La sculpture représente le repas chez Simon le pharisien. Les vantaux et les pentures sont médiévaux. Le reste date de 1844.


Voici une vue un peu renversante de la nef. Les clés de voûte des différents vaisseaux de l'église datent du 13e et du 14e siècle. La peinture des clés de voûte a été restaurée en 1859 par François-Antoine Denecken : fond rouge et bleu avec ornements en feuillage doré.


On y voit l'orgue Rickenbach et l'horloge Schwilgué. L'orgue a été construit en 1896 par Martin Rickenbach. Il remplace une longue série d'orgues, depuis le 15ème siècle. En 1944, un obus qui démolit partiellement le clocher et la rosace, entraîne de grands dommages à l'orgue.


Cette petite horloge est l'oeuvre de Jean-Baptiste Schwilgué, horloger de grand renom strasbourgeois et longuement actif dans le sélestadien. Elle possède une très belle auréole de lauriers. Son aiguille indique la lune et le soleil. Son cadran est dégradé à neuf heures et mérite une petite réparation.


La nef latérale gauche.


La nef latérale droite.


Vue de la nef depuis le choeur. Trois architectes ont participé à la construction : Jean Obrecht, bourgmestre en 1401, Matthis, entre 1400 et 1410, Erhart Kindelin, entre 1415 et 1422.

La montée aux cloches


La porte date sans doute de la fin du 15e siècle. Elle pourrait être l' oeuvre de Conrad Sifer ou de son atelier, qui a réalisé le jubé de cette église à partir de 1490.


L'escalier qui monte à la salle des cloches.


Le périple est long.


Les escaliers se multiplient.

La salle des cloches

On arrive alors à la salle des cloches. Le beffroi est en madriers de bois très ancien. Le beffroi porte les traces de très nombreuses modifications, des découpes, des clous, etc. Il y a six cloches. Quatre sont au même niveau et servent au titre du tintement et de la grande volée. Deux 'clochettes' se situent un étage plus haut, ce sont des cloches apparemment désaffectées. Elles étaient actionnées non pas par des trous de cordées mais par des pompes. Depuis un étage encore au dessus, on actionnait une pompe manuelle, qui tirait sur un volant aujourd'hui disparu. Tout au sommet de la tour, il n'y a pas de flèche. Il y a une petite coupole, donnant sur un chemin de ronde.

Vous pouvez écouter le tintement ici. On entend d'abord la fin de volée de Sainte-Foy, puis le tintement.-
Vous pouvez écouter la volée ici. On entend d'abord le tintement de midi, puis le grésillement de la chaîne dans le volant, puis la magnifique volée.


Voici un aspect général du beffroi.

La cloche 1


Le mouton est joliment découpé.


Le battant n'est pas à boule mais matricé, en acier doux. Sa dureté reste faible afin de limiter l'usure de la cloche, il est souvent fondu en une seule pièce, sa forme et sa longueur sont adaptés au type de montage de la cloche (lancé franc). Il est fixé à la cloche par la bellière.

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