Cette toiture est ce qu'on appelle un toit polychrome de tuiles vernissées. On y trouve les couleurs : vert, rouge terre cuite, jaune pâle, marron foncé. Ce sont les couleurs les plus classiques en tuiles vernissées, parce que ce sont les plus faciles à réaliser en glaçure plombifère. Les motifs sont des grands chevrons marqués d'un losange central. Les faitières sont surmontées de galbes dits « épis de faitage » et de galbes d'arêtes dits des « arêtiers ». Le terme général pour cette ornementation est une dentelle de plomb.
Je
cite (voir sources) : Pour colorer les tuiles, celles-ci sont recouvertes d'une
glaçure, qui peut être teintée et qui, en se vitrifiant à
la cuisson, rend les tuiles lisses, imperméables, et de la couleur désirée.
Les termes de
« tuiles glaçurées » recouvrent à
la fois les tuiles à glaçure plombifère, appelées
habituellement tuiles vernissées, et les tuiles à glaçure
stannifère, proches de la faïence.
A Sélestat, la source d'inspiration pour effectuer un toit polychrome semble provenir d'un voyage à Milan et la venue postérieure d'architectes milanais. Pourtant, la technique de toit polychrome n'est pas spécifiquement milanaise mais plutôt flamande. Cette toiture proviendrait donc d'un hasard d'un voyage d'un architecte. En attendant, les toitures polychromes sont je cite : une pratique solidement implantée au XIVe siècle. Elles participaient pleinement à la polychromie globale de l'architecture gothique, au même titre que les fresques, les carreaux de sol, les statues peintes ou les vitraux. Cependant, il faut bien préciser que la toiture galbée date du XVIIème siècle.
La tuile est recouverte d'une glaçure au plomb, c'est ce qui lui donne son aspect vernissé. Cette glaçure permet de rehausser les tons, surtout les bruns et rouges. Les tons jaunes étaient obtenus avec une couche d'argile blanche. Le vert s'obtenait avec de l'oxyde de cuivre. Ce sont ici des tuiles à écailles. L'arrondi du bout permet d'atténuer les ombres.
Sources : Catherine
Baradel-Vallet, les toitures polychromes en Bourgogne du XIVe au XXe siècle
Thèse de doctorat de l'université de Bourgogne, 20 décembre
2007. ++ Dijon, capitale de la Bourgogne, toits vernissés, publication
communale ville de Dijon ++ Catherine Baradel-Vallet, les toits polychromes en
Bourgogne : entre tradition et recréation.
Vue
générale de la toiture de l'abside.
Certaines
glaçures sont fort érodées. C'est difficile à rénover,
de manière bien compréhensible.
Un
arêtier. On imagine aisément la difficulté à remplacer
une telle pièce si elle tombe et se brise.
Le
vert s'accorde avec la végétation.
Le
chemin de ronde, les gargouilles et les pinacles.
Le
sommet de la tour.