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Les areines de Liège - Annales des travaux-publics

ANNALES DES TRAVAUX PUBLICS.
NOTICE SUR L'EMPLOI DU MANOMÈTRE COMME INDICATEUR DE L'AÉRAGE DANS LES MINES.
DESCRIPTION GÉOLOGIQUE DE LA VILLE. P296.

Liège est bâtie au milieu du bassin houiller, au fond d'une vallée formée par les montagnes de Saint-Maur, Saint- Gilles et Sainte-Walburge à l'ouest et par celle de la Chartreuse à l'est. La Meuse traverse cette ville du sud au nord-est en y décrivant une courbe assez prononcée. L'un des affluents de ce fleuve, l'Ourthe, vient s'y jeter sur sa rive droite par divers embranchements dont quelques-uns divisent la partie est de la ville. Le centre de celle-ci est établi sur les bords de la Meuse, le terrain, sur lequel il repose, est formé de dépôts de gravier et d'alluvions apportés anciennement parle fleuve, et au-dessous desquels s'étendent les couches du bassin houiller. Une partie des habitations y est aussi construite sur des remblais exécutés pour le nivellement du sol ou pour combler et rétrécir différents bras de la Meuse. Le sol, affleurant sur les coteaux qui bordent celle-ci, est formé par les stratifications du terrain houiller, enfin sur les parties les plus élevées du côté de l'ouest, on trouve au-delà des dernières assises primaires, des couches plus récentes, appartenant aux terrains secondaires, tertiaires et quaternaires. Les lignes suivantes empruntées au rapport de la commission des eaux de la ville donneront une idée complète de la composition de ces terrains :

Le sol du plateau de la Hesbaye est formé de dépôts moins anciens que le terrain houiller sur lequel ils reposent : on les rapporte aux terrains secondaires, tertiaires et quaternaires. Ces terrains sont disposés dans l'ordre suivant :
-Sous la terre végétale, on trouve une couche de limon quaternaire perméable a l'eau, bien connue sous le nom de terre vierge ou de limon hesbayen, dont l'épaisseur, variable d'un point à l'autre, est, en moyenne, d'environ 10 mètres.
-Vers les bords du plateau, ce limon repose ordinairement sur une couche de cailloux de quarzite, de grès, assez épaisse, appartenant également aux terrains quaternaires, mais qui, vers le nord, s'amincit et finit par disparaître complètement.
-Sous le limon se trouve assez souvent une couche de sable jaunâtre, a la partie inférieure duquel gît une grande quantité de rognons de silex remaniés pendant l'époque tertiaire. Cette couche, toujours très perméable, a souvent une épaisseur de 8 à 40 mètres et repose sur le terrain crétacé.
-Ce dernier est principalement composé, aux environs de Liège, de deux couches distinctes : la craie et l'argile.
-La craie, vulgairement connue sous le nom de marne, est un carbonate de chaux à peu près pur ou simplement mêlé avec un peu de sable ou d'argile. Cette roche quoique perméable à l'eau, l'est beaucoup moins que les terrains qui la recouvrent. Son épaisseur moyenne est d'environ 30 mètres : elle présente vers la base un banc de craie grossière d'un blanc jaunâtre renfermant des grains de glauconie et dont l'épaisseur est ordinairement d'un mètre.
-L'argile sur laquelle repose la couche crayeuse est, tantôt une smectique pure connue sous le nom de dielle, tantôt une smectique calcareuse ou marne, qui fait effervescence dans les acides en y laissant un dépôt argileux considérable.
-Cette argile, étant subplastique et peu perméable, retient la plus grande partie des eaux qui ont pénétré à travers les couches supérieures et les empêche de pénétrer jusqu'au terrain houiller sur lequel elle repose.

La couche imperméable, ou la craie qui lui est superposée, affleure en divers points sur la pente des vallons qui aboutissent à la Meuse, c'est-à-dire près de Burdinne, Marneffe, Warnant, Hozémont, Hollogne-aux-Pierres et Ans, points assez rapprochés d'une ligne menée de Burdinne vers Ans, dont la direction est de l'O 14° S à l'E 14" N", et comme ces points d'affleurement sont à peu près au même niveau, on en déduit que la ligne ci-dessus doit s'écarter peu de la direction générale de la couche crétacée.

D'un autre côté, on remarque, en suivant le cours de la Meuse de Liège vers Maastricht, que la craie s'abaisse de plus en plus en ce sens, et finit par s'enfoncer tout à fait sous les calcaires grossiers de la Montagne-Saint-Pierre. Or, le cours de la Meuse entre Herstal et Maastricht faisant un angle d'environ 113° avec la direction dont nous venons de parler, on peut en conclure que la couche crétacée est sensiblement inclinée vers le nord.

Le sol de la partie basse de la ville est formé, comme nous l'avons déjà dit, de couches de gravier superposées et composées de fragments plus ou moins volumineux suivant la force du courant qui les y a déposés : c'est ainsi que l'on trouve à une certaine profondeur, une couche de gros gravier se laissant facilement traverser par l'eau, tandis qu'au-dessus, on remarque au contraire une assise de fin gravier formant une digue imperméable aux eaux de la surface. Cette dernière couche est formée de cailloux réunis par un ciment de limon et d'argile, plus ou moins pure, ou mélangée de coquilles fluviatiles, et de débris de végétaux, l'autre assise se compose exclusivement de cailloux.

Il résulte de ce qui précède, que les eaux de pluie, qui s'infiltreront dans le sol de la Hesbaye, seront arrêtées dans leur écoulement vers l'ouest par la couche imperméable d'argile glauconifere formant la base du crétacé. L'inclinaison de cette dernière vers le nord et la grande hauteur de son bord méridional au-dessus du niveau de la Meuse contribueront surtout à produire cet effet. A part donc quelques sources jaillissant sur les hauteurs et les infiltrations de la base de la craie, Liège ne devrait recueillir comme eaux de source que celles provenant des eaux pluviales ayant traversé le terrain houiller. C'est pour obvier aux inconvénients de cette fâcheuse situation qu'une série de galeries à été pratiquée anciennement à travers la couche argileuse pour conduire les eaux qu'elle retenait dans l'intérieur de la ville.

D'autres communications, du reste, avaient déjà été établies par les nombreux puits foncés pour l'exploitation de la houille, de sorte que les eaux, qui s'échappaient par cette issue, s'écoulaient dans les arènes ou se répandaient dans le terrain houiller en suivant la pente des couches de ce dernier. Les eaux pluviales qui avaient pu s'infiltrer dans le sol houiller venaient se joindre aux précédentes pour tonner dans les anciennes exploitations ces nombreux bains d'eau, tant redoutés par les mineurs liégeois.

Il en résulte que la nature de l'eau recueillie par les arènes présentera de grandes différences avec celle des eaux de source. En effet, le terrain houiller renfermant dans ses roches de la pyrite en plus ou moins grande abondance, celle-ci s'oxydera au contact de l'eau aérée ou par l'exposition à l'air, il se formera du sulfate de fer qui, réagissant sur le carbonate de chaux contenu dans l'eau, produira du sulfate de chaux en quantité d'autant plus grande que le contact aura été plus prolongé. Ces eaux acquerront par suite une certaine crudité. Elles pourront contenir aussi des matières organiques résultant de la décomposition des bois de soutènement dans les mines inondées.

Arrivées au pied des collines, les eaux du terrain houiller pénétreront dans la couche de gros gravier formant le tond de la vallée. Là, elles subiront de nouvelles altérations, soit en traversant d'anciens dépôts de décombres, soit en se mêlant aux résidus rejetés par l'économie domestique et qui ont pu filtrer par les égouts ou directement à travers le sol. Les matières organiques existant dans certaines eaux puisées dans la partie basse de la ville n'auront souvent pas d'autre origine.

Cependant la couche imperméable de fin gravier que l'on remarque au-dessus de la précédente, empêchera plus ou moins cette dernière altération. C'est ce que fort peut voir avec les eaux des puits creusés à des profondeurs différentes. Ainsi ces eaux seront chargées de matières organiques si le fonçage du puits n'a pas été poussé au-dessous de la couche imperméable, ou si les parois, n'étant pas suffisamment étanches, laissent suinter l'eau des assises supérieures. L'altération, dans ce dernier cas, pourra quelquefois se faire sentir jusque dans les puits voisins. Des crues de la Meuse ou des épuisements très répétés auront aussi comme effet d'opérer le mélange des eaux de la source avec les eaux de gravier se trouvant au-dessus. Un grand nombre de pompes et fontaines de la ville étant alimentées par les galeries et les arènes, il ne sera pas inutile de décrire le parcours de ces dernières.

GALERIES D'ALIMENTATION

Ces galeries sont creusées à travers le terrain crétacé pour amener les eaux qui y sont contenues dans l'intérieur de la ville. Elles sont au nombre de six, à savoir : les galeries de Saint-Laurent, de Coq-Fontaine, de Grand-Rewe, de la société Roland, de Ster et de Glain.

Galerie de Saint-Laurent.- Les eaux, amenées par celte galerie, ne servent qu'à l'alimentation de la caserne et de l'hôpital Saint-Laurent, où elles sont recueillies au moyen de tuyaux en plomb. La galerie a son origine dans la rue du Calvaire, se dirige vers l'ouest et s'arrête au-delà de Saint-Nicolas.

Galerie de Coq-Fontaine. - Ses eaux sont partagées en deux parties, dont l'une sert à faire mouvoir des roues hydrauliques, tandis que l'autre est conduite par des tuyaux en grès jusqu'au Bas-Rhieux où elle se jette dans l'arène de la Cité. Son point de départ est près de l'église d'Ans , elle suit souterrainnement la route de Bruxelles, jusqu'à celle d'Ans à Rocourt, puis se dirigeant vers l'ouest, laisse sur le côté le hameau de Boisée et aboutit entre Grâce-Berleur et Loncin.

Galerie Grand-Rewe. - Ses eaux se réunissent avec une partie de celles de la galerie précédente pour alimenter les usines du faubourg Sainte-Marguerite, les rues Agimont, derrière le Palais jusqu'au Marché : elles s'écoulent ensuite dans les égouts qu'elles peuvent ainsi laver. La galerie a son entrée derrière l'église d'Ans, elle se dirige vers le nord et se termine près du chemin de Rocourt à Alleur. Elle a plusieurs embranchements vers l'est et l'ouest.

Galerie Roland. - Les eaux de cette galerie sont amenées par des conduites en fonte ou en plomb et par plusieurs bassins de distribution dans le faubourg Sainte-Marguerite, le Mont Saint-Martin et la Haute Sauvenière jusqu'à la place du Spectacle et ses environs, un autre embranchement en déverse une partie vers la rue Notger. La galerie a son oil au-dessus du moulin Watrin ( faubourg Sainte-Marguerite), se continue au nord entre la galerie Grand Rewe et la route de Liège à Tongres, et s'arrête auprès de l'arbre Courte-Joie. Elle a aussi plusieurs embranchements.

Galerie de Ster. - Ses eaux alimentent quelques puisards dans ce hameau. Elle se trouve entièrement dans cet endroit.

Galerie de Glain. - Elle alimente cette commune et une partie de ses eaux est recueillie dans le haut du faubourg Sainte-Marguerite.

Toutes ces galeries fournissent ensemble environ 1000 mètres cubes d'eau par jour et comme elles sont nourries directement parles bains du terrain crétacé, cette eau sera chargée uniquement de carbonate de chaux. Ces eaux ont, en outre, une saveur agréable, une très grande limpidité, leur odeur est nulle. Elles ne renferment pas de matières organiques et ne se troublent pas après une longue exposition à l'air. Leur température varie entre 11° et 11° 1/2 centigrades. Les eaux, fournies par les galeries, seront donc d'excellente qualité.

ARENES

Les arènes sont les galeries qui ont été creusées autrefois dans le terrain bouiller pour l'exploitation de la houille au-dessus du niveau de la Meuse. Quoique leur principal but ait été de démerger les mines, on utilisa cependant leurs eaux pour les usages domestiques. Elles sont au nombre de huit, savoir :

a) Les arènes franches : de la Cité, de Messire Louis Douffet, de RichonFontaine,

b) Les arènes bâtardes : de la Haille, de l'Oficial, du Thier-de-la-Fontaine, de Saint-Lambert et de Gerson-Fontaine.

Areine de la Cité. - Elle a son entrée près de la porte Sainte-Marguerite, elle se dirige alors vers l'ouest, en suivant le faubourg, jusqu'au Bas-Rieux où elle se divisait autrefois en deux branches : l'une, la branche Chevron, se dirigeait vers Glain jusque dans la campagne de Saint- Nicolas, l'autre, la branche Delhaxhe, s'avançait vers Ans au-delà de ce village. Cette arène est maintenant complètement tarie, tant par le voisinage de l'arène Gerson-Fontaine qui se trouve à un niveau plus bas, que par les épuisements des houillères. On y rejette les eaux des galeries Coq-Fontaine et Grand-Rewe que l'on distribue par des conduites de distribution aux fontaines de la place du Marché, des rues du Pont-d'Ile et de Vinave-d'lle, ainsi qu'à différentes habitations avoisinant l'Hôtel-de-ville et la place Saint-Denis.

Arène Richon-Fontaine. - Son oil est dans la rue Mère-Dieu, près de l'église Saint-Antoine, elle s'étend du côté de Sainte-Walburge et au nord du faubourg Vivegnis. Des conduites de distribution amènent ensuite ses eaux dans les rues Hors-Château, Féronstrée, au quai de la Batte, et dans les rues avoisinantes. Les fontaines des rues Mère- Dieu, Hors-Château, près de l'Académie, Grasse-Poule, Saint-Georges sont aussi, alimentées par les eaux de cette arène.

Deux autres arènes : Brosdeux et Braudesire qui sont situées à un niveau inférieur, ont contribué beaucoup à diminuer l'importance de l'arène Richon-Fontaine , elles viennent déboucher à l'extrémité du faubourg Vivegnis.

Arène de Messire Louis Douffet. - Elle a son oil dans la ruelle Chabot, derrière l'ancien couvent des Anglais , et elle s'étend vers le nord entre celle de la Cité à l'ouest et celle de Richon-Fontaine à l'est. Ses eaux sont distribuées par des conduites à des particuliers de la place Verte et de la place Saint-Lambert.

Arène La Raille. -Elle commence au pied de Pierreuse, se dirige vers les Minimes et s'arrête à d'anciens travaux de houillère. Ses eaux alimentent seulement la fontaine située au bas de la rue Pierreuse.

Arène l'official ou Haslebrouck. - Elle a son origine dans la rue Haute-Chevau-Fosse, passe sous la rue du Calvaire et s'arrête aussi à d'anciens travaux d'exploitation. Elle alimente la fontaine de la rue Henkart.

Arène Saint-Lambert. - Se trouve sous la Belle-Vue et fournit de l'eau à la fontaine de la rue Jonfosse.

Arène Thier-de-la-Fontaine. - Son origine est au pied de la montagne de ce nom, elle se perd dans d'anciens travaux de houillère. Ses eaux sont réparties par des conduites de distribution à des particuliers du quai de la Sauvenière et des rues du Pot-d'Or et de la Casquette.

Arène Gerson-Fontaine.-Elle vient des hauteurs de Saint- Nicolas, passe sous le faubourg Saint-Gilles et débouche au quai de la Sauvenière, toutefois à un niveau trop bas pour que ses eaux puissent servir à l'alimentation.

Les eaux de ces différentes arènes sont naturellement de qualité inférieure à celle des eaux de galerie, à cause du sulfate de chaux et des matières organiques qu'elle contiennent parfois en proportions assez notables.

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