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La basilique de Charleroi (1/3)


La basilique dans le passé.

Il s'agit d'un documentaire sur les aspects campanaires de l'église Saint-Christophe de Charleroi. Un grand merci à Eddy Van Opdenbosch pour l'accueil et à Carlo Di Calogero pour son aide durant le reportage. Merci aussi à Gilles Durvaux pour le coup de pouce ! Saint-Christophe (saint légendaire non reconnu par l'église catholique) est le patron des voyageurs. On parle souvent de la basilique de Charleroi. Pour quelques tracasseries administratives, ce n'en est pas une, bien que de nombreux éléments soient rassemblés pour que ça soit le cas, notamment le plan en croisée. Nous n'aborderons pas tout cela, étant donné que l'histoire est longue et compliquée. Nous nous focalisons essentiellement sur l'aspect campanaire.

Les cloches sont au nombre de 5. Il y a 3 cloches dans un campanile, 2 petites cloches, une dans le choeur et une à proximité de la sacristie. Les deux petites cloches seront abordées en photos mais pas en texte. En effet, nous n'avons pas de données à leur propos.

Le campanile est situé un peu à l'écart du reste de l'église, mais a été bâti dans la même période, c'est à dire 1958. L'église primitive date du début de Charleroi, c'est à dire 1667. Elle échappe aux destructions massives des espagnols et des hollandais, mais pas à celles des français. Un nouvel édifice assez surprenant est bâti en 1958. Les cloches échappent à ces destructions, et avec chance aussi aux enlèvements des Allemands. L'église a été reconstruite à partir d'un certain nombre de pierres de l'abbaye d'Aulne et celle d'Oignies (Aiseau). Les cloches quant à elles proviennent probablement de l'ancienne église. C'est en tout cas ce qu'on tient comme information du registre de fonte de Nicolas II Chevresson. C'est indéterminé pour les autres cloches. On accède au campanile en se promenant dans un labyrinthe, qui nous fait passer dans les couloirs de certains bureaux.

Au vu de la date 1958, on aurait pu s'attendre à trouver du Marcel Michiels Jr en pleine forme. Et bien ce n'est pas le cas. De manière étonnante, les cloches sont inhabituelles, mais malheureusement dures à voir et dans un état de grande saleté. On relève donc :
-1 Chevresson - De Forest. 1760. Elle a une très bonne sonorité. La durée de vie du son est exceptionnellement long et harmonieux.
-1 Drouot. 1836. La sonorité est relativement métallique et brève.
-1 Andreas Lodewijk Vanden Gheyn. 1790.

Nicolas II Chevresson, Claude De Forest.
Chevresson fait partie d'une dynastie de fondeurs, ou vu la faible ampleur de la lignée, plutôt d'une famille de fondeurs. La famille Chevresson provient de la Lorraine Française. Elle migre assez régulièrement. La vie est itinérante et s'effectue au gré des commandes. Les collaborations entre Chevresson et De Forest sont fréquentes à partir de 1760, nous avons donc ici une cloche du début de la collaboration. Les registres de fonte nous donnent un nombre important de travaux, mais à notre connaissance, assez peu subsistent en Belgique.
Claude De Forest provient lui aussi de la Lorraine Française. Il était lié aux Chevresson par des liens de famille (les parents proches étaient les Simon, eux de même fondeurs de cloches, et liés au moins avec Clément Chevresson). Contrairement à ce que j'ai pu avancer, ce fondeur n'a rien à voir avec la ville de Forest en région de Bruxelles-Capitale. C'est en fait un patronyme fréquent. Surtout porté dans le département du Nord, il signifie "de la forêt", et désigne donc celui qui habite près de la forêt.
Un signe distinctif est probablement l'alignements de gros filets au cerveau, formant presque des vaguelettes, mais sans recoupes avec d'autres cloches, il n'est pas possible de déterminer.

Jean-Baptiste Drouot.
Est né à Romain-Sur-Meuse en 1785. Il est reconnu comme étant un très bon fondeur, il provient de la tradition de la fonderie de cloche de la Lorraine Française, on suppose qu'il a appris le travail chez son père Clément. Fondeur itinérant, on retrouve quelques-unes de ses cloches en Belgique, mais elles ne sont pas du plus répandu. Une période de sa vie, il sera basé à Tournai, ce qui explique une plus large répartition de ses cloches dans le tournaisis qu'ailleurs. Comme travail majeur, on lui connaît surtout la fonte du gros bourdon Marie-Pontoise de la cathédrale de Tournai.
Ses cloches ont pour signe distinctif de toujours posséder une double ligne de filet pour enserrer les lettres de dédicaces. Ces dédicaces sont par ailleurs assez longues et assez souvent réparties sur trois à quatre lignes.

La cloche Andreas Vanden Gheyn est beaucoup plus classique et correspond à un type de fonte visible ailleurs (cathédrale de Liège, par exemple).

Les trois cloches sont très maculées de fientes de pigeons. Celle du haut est la pire. Pour cette raison, nous n'avons pas relevé les dédicaces. Ca aurait pris des heures de brossage. La cloche VDG est un cas d'école pour le nettoyage. Les pigeons sont une véritable calamité...

Bibliographie
- Revue de l'art chrétien, 1902, précisions sur les Chevresson.
- Dictionnaire des facteurs d'instruments de musique en Wallonie, Mardaga. Malou Haine, Nicolas Meeùs.

 

Vous pouvez voir le trajet en train ci-dessous. Ah si seulement ça pouvait aller si vite !

 


Nous voici dans l'église.


Elle est inhabituelle, elle est emplie de plein de symboles.


Les mosaïques de l'abside.


La coupole.


Les cloches se trouvent dans ce campanile.

Vous pouvez écouter deux des trois cloches ci-dessous (la Chevresson et la Drouot) :
https://tchorski.fr/9/audio/charleroi-chevresson.mp3
https://tchorski.fr/9/audio/charleroi-drouot.mp3
Il manque l'enregistrement de la troisième cloche, c'est à dire la Vanden Gheyn. Ces cloches sont si dures d'accès que dans la manipulation pour monter, l'enregistreur s'est coupé et je ne m'en suis même pas rendu compte... Ce n'est pas de chance.


Nous allons monter au campanile.


En utilisant ce très bel escalier.


Les cloches sont stockées dans ce beffroi en métal.


Elles sont l'une au dessus de l'autre, très rapprochées.

La cloche Nicolas II Chevresson et Claude De Forest


C'est la cloche la plus basse.


C'est aussi celle qui a le son le plus grave.


Elle comporte un médaillon devenu illisible. Ce n'est en tout cas pas le blason de Charleroi.


La date : 1760.


Le nom du fondeur : Chevresson.


Son associé : De Forest.


Le blason comporte un long drapeau étendard en dessous, fort difficilement lisible.


Les rinceaux sont superbes, ce sont des framboises.


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