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Ce documentaire concerne la briqueterie Lambert, située à Dionval, un hameau de Saint-Piat (Eure-&-Loir). Merci à la menuiserie pour l'autorisation de photographier les lieux. Merci aussi à Fabien pour m'avoir indiqué ce lieu il y a un an, il se reconnaîtra en ces lignes et ces photos. L'usine est classée aux monuments historiques, mais la tempête de 2007 a lourdement endommagé la partie arrière du site. Le reportage a été réalisé dans le but de garder une mémoire des lieux et pour mettre en valeur les techniques artisanales. Le document a été très largement étayé grâce à la base de données Mérimée des Monuments Historiques.
L'usine est née en 1859, sur l'impulsion de Jean-Baptiste Lambert, dans le but d'établir un four à cuire des tuiles. Les vestiges de cette installation primitive ont quasiment disparu à ce jour. L'usine comprend aujourd'hui plusieurs vastes halls de séchage des briques ou tuiles, deux cheminées et deux fours de type Hoffmann. Le Four Hoffmann est un four à feu continu destiné à la cuisson de briques, tuiles, carreaux, et autres produits en terre cuite. Cette invention fut brevetée en 1858 par Friedrich Hoffmann. Elle permit un progrès considérable dans la production des articles en terre cuite. Le four se compose d'une galerie d'une dizaine de chambres, dans lesquelles le feu peut être entretenu séparément, et dans lesquelles sont placées les articles qui vont être cuits. Une fois la cuisson effectuée dans une chambre, on laisse le feu s'éteindre et la chambre suivante est alimentée en combustible. De cette manière, le feu se déplace dans la galerie en deux semaines. La grande nouveauté de cette invention est relative à la circulation de l'air. Avant d'arriver au foyer de combustion, l'air frais venant de l'extérieur du four traverse au préalable les briques cuites encore chaudes, ce qui accélère leur refroidissement et réchauffe cet air. A l'inverse, l'air brûlant provenant de la combustion préchauffe grâce à l'intermédiaire d'un aéro-condenseur les briques qui vont être cuites. Le cycle thermique est mieux contrôlé et le rendement thermique est amélioré. Les galeries de la briqueterie Lambert sont longues de 37 mètres et larges de 8 mètres. Vu la configuration du site, elles ne sont pas en anneau mais longitudinales, placées l'une à côté de l'autre. Chaque galerie comporte 9 portes.
Il reste peu de vestiges des matériaux produits, briques ou tuiles. Les productions ont très probablement été valorisées autant que possible lors de la liquidation de l'usine. Par contre, il subsiste de nombreux matériels : brouette, entonnoirs, pinces, etc. La production consistait en tuiles plates, mécaniques de type Gilardoni Frères (Alsace) avec deux canaux, des briques pleines flammées réfractaires et des mulots (briques d'angles). La briqueterie employait 22 personnes en 1937.
La montée en température du four durait quinze jours. Quinze autres jours étaient nécessaires pour que le feu fasse le tour des fours. Huit jours étaient nécessaires au refroidissement d' une chambre. En effet, vu le principe Hoffman, on ne défournait que selon le principe d'un cycle. Cela signifie que le site de Saint-Piat, même s'il relève d'une belle épopée industrielle, reste une usine relativement artisanale. L'alimentation du feu se faisait au moyen de charbon introduit grâce à des trous ménagés dans la voûte des galeries. L'approvisionnement en charbon était effectué au moyen de distributeurs à charbon composés d'appareils cylindriques, rehaussés d'entonnoirs en céramique. Le fait que ce matériel soit encore présent et intact est assez exceptionnel.
Cette usine a fermé en 1997, à la suite du décès du dernier tuilier, James Lambert. Fabien évoque ses souvenirs : James Lambert était le dernier briquetier. Un homme extraordinaire, qui adorait son métier et son usine. La dernière fournée, ça avait été quelque chose, je n'étais pas bien vieux mais le journal du coin en avait parlé et j'y avais été en vélo avec mon père... Sur la fin, ils travaillaient surtout pour la restauration, ça tournait bien, mais sans repreneur véritablement passionné l'usine a dû fermer. M Lambert est décédé peu de temps après et les machines à façonner tuiles et briques ont été vendues. Il y a eu un excellent article dans Archéologie Industrielle de France, le n°49, avec l'interview d'un des anciens ouvriers: 50 ans dans la brique, René Lejars, ancien contremaitre, par Geneviève Dufresne.
Aujourd'hui,
le site est protégé par alarme sur sa partie avant, en cause la présence
de meubles entreposés.
Il pleuvait. Vous pouvez
écouter la silencieuse ambiance ici :
https://tchorski.fr/audio/pluie.mp3
Les chemins de boue de la Beauce.
L'entrée de la briqueterie est un magnifique bâtiment d'accueil comme
il en existe peu dans la région.
Détail sur la plaque du bureau.
Le site de la briqueterie est partiellement utilisé par des entrepreneurs
de bâtiment, de menuiserie, un garde-meuble, un brocanteur, une casse de
voitures. Sous la porte grise, il reste quelques vestiges, peu compréhensibles,
du four carré de l'époque primitive de l'usine (19ème siècle).
L'arrière du site possède une aile effondrée.
Voici ce qu'ils fabriquaient, de la tuile mécanique.
Effondrement généralisé.
La façade nord, magnifique triangle plein de fenêtres. La ventilation
de l'usine (primordiale) s'effectuait au moyen de volets de bois à lames
orientables.
La façade côté ouest.
Détail sur les volets en bois.
Vue de face de la cheminée.
Ici, on voit bien les deux cheminées.
Nous allons à présent entrer dans le bâtiment.
Un chariot de transport de briques cuites.
Des berlines qui permettaient de transporter les briques depuis le site de façonnage
vers le site de cuisson. En outre, il s'agit aussi à sa terminaison d'un
séchoir tunnel, relié à un aérocondenseur, pour sécher
les briques. Ce serait l'installation la plus récente de l'usine.
Détail sur la magnifique charpente.
Les rails sous les berlines, puis les plaques de séchage en bois.
Vue de détail sur une roue.
La nature commence doucement à coloniser.
Un plan incliné qui permettait de monter les briques aux séchoirs.
Cette rampe en bois, calibrée pour le guidage des brouettes, permettait
d'y acheminer les briques crues.