Du 22 au 24 juin 2012 a été réalisée une coulée de cloches à Gembloux, il s'agissait de ce qu'on appelle une coulée sur site. C'est un évènement assez rare. Les fondeurs se sont appliqués à reproduire en certains points (mais pas tous) la tradition des fondeurs itinérants du 18ème siècle, avec des moules enterrés en place. Cette série de coulées a été réalisée par la fonderie Voegelé de Strasbourg. Il a été réalisé une cloche de 350 kg, une de 250 kg, une de 120 kg, et 14 petites cloches.
L'évènement a été organisé par la ville de Gembloux, avec une participation toute particulière d'Emmanuel Delsaute. L'ACW a animé l'évènement durant la présence des fondeurs, avec notamment une présentation effectuée par Philippe Slégers et Philippe Dufrêne.
Dans ce documentaire, nous allons passer en revue chaque étape de la coulée de cloches. C'est sur le principe assez long à parcourir, mais en vérité, ce sont des éléments qu'il n'est pas fréquent de pouvoir montrer dans un lieu vivant. Des musées c'est certes intéressant, mais ici c'est d'autant plus passionnant que les objets sont « de vie courante ». De ce fait, malgré un certain aspect de redondance, rien n'a été omis. Si vous n'êtes intéressé que par le spectaculaire (le feu) et non la technique de mise en place, je vous conseille dès lors de filer directement à la page 5.
Pour les plus techniques d'entre nous, une interview d'André Voegelé est présente ci-dessous. Elle est très riche en enseignements car les techniques campanaires sont abordées sans détours.
La vidéo ci-dessous est basée sur le même principe, toutes les étapes sont filmées. La coulée se trouve à la fin, aux alentours de 6 minutes.
La préparation des coulées
Cet
objet en terre, c'est la fausse cloche. C'est ce moule qui se trouve entre la
chape (la carapace) et le noyau. C'est encore sur cet objet que l'on vient placer
les lettrines en cire. En méthode non traditionnelle,
c'est en acier.
Ici en méthode traditionnelle, c'est une terre particulière.
La
cassure permet de voir la composition de la terre.
C'est
comme si elle comportait de la paille. En fait, c'est un mélange d'argile
et de chanvre dans la
méthode traditionnelle (remplacé de nos
jours par du lin).
Sur
cette image prise de près, on voit bien les traces de tournages effectuées
par la planche à trousser. La couche de terre, d'abord grossière,
est aménée à être de plus en plus fine. Celle de la
surface de la fausse cloche est une fine argile qui permet de trousser en détail.
Sur
cette fausse cloche, c'est le poids qui est gravé. Là encore, on
voit bien la trace de troussage.
Ici,
ce sont les moules qui sont enterrés. Seuls dépassent les bassins,
qui vont recevoir le métal en fusion.
Détail
sur un bassin. Il est fermé avec du papier pour que du sable n'entre pas
dedans.
Ce
sont de petites cloches, elles sont l'une à côté de l'autre.
Les
louches sont préparées. Ce sont les objets qui seront utilisés
afin de déverser le métal
en fusion dans les moules enterrés.
Elles
sont enduites de boue. Cette boue sera séchée au feu.
En
effet, il faut absolument éviter qu'il y ait de l'humidité, ça
fait très mauvais ménage avec le métal en fusion.
Détail
sur cette boue.
A
côté se trouve une réserve de boue. C'est ce qui a permis
de réaliser la fabrication du four.
Détail
sur la boue et la truelle.
Ceci,
c'est la réserve de bronze. C'est du bronze de fonderie. Pour atteindre
le mélange 22% Sn et 78% Cu,
il manque un peu d'étain. Ces lingots
ont une teneur en étain moindre. La raison, c'est que c'est du bronze pour
faire des statues et la teneur en étain est systématiquement légèrement
inférieure.
C'est
pourquoi peu avant la coulée, on ajoutera un certain poids d'étain,
dont ces blocs que l'on voit sur
cette image. Ce poids doit être déterminé
à l'avance. C'est pourquoi il y a un bloc découpé.
Voici
le four dans lequel est plongé le bronze. C'est un four à creuset.
Deux
canaux sont constitués, à partir des fours. Ces canaux permettront
le déversement du métal dans les moules de la cloche. On appelle
cela des chenaux.
Le
chenal est chauffé avec du charbon de bois. Ce sont des briques réfractaires
qui le constituent.
Il faut qu'elles emmagasinent le plus possible de chaleur.
Détail
sur le charbon de bois.
Le
four est doucement monté en température.