Cette page est un petit
documentaire sur les cloches de l'église Saint-Pierre de Lessines.
Merci à Monsieur Gérald Decoster
pour l'accueil, Monsieur Marc Lamotte pour
l'organisation de la visite. Le documentaire est coréalisé
avec l'aide de Tim Maertens et de Thierry
Pauwels. L'entièreté des données
historique de ce documentaire provient des recherches de M. Gérald
Decoster.
En 2014, l'église
de Lessines possède 4 cloches : 1 Regnault-Habert-Thouvenel de
1811 et 3 Paccard de 2013. Une petite cloche de sacristie existe, c'est
: 1 Andras Vanden Gheyn de 1791.
Vue
synoptique des cloches actuelles
La cloche 1 - Françoise-Joséphine.
Cloche Regnault-Habert-Thouvenel de 1811. Un Ré(3) de 1400 kg.
Inscription : « LORS DE MA BÉNÉDICTION, LE NOM DE
FRANÇOISE JOSÉPHINE ME FUT DONNÉ PAR M. JOSEPH
BRACONNIER JUGE DE PAIX À LESSINES ET PAR ME FRANÇOISE
LEGRAND, ÉPOUSE DE M. TAQUENIER, MAIRE DE LADITTE VILLE ET PRÉSIDENT
DU CANTON - ADJOINTS : MM. EMMANUEL LE COMTE ET PIERRE BRISART - FAITE
PAR REGNAULT HABERT ET THOUVENEL EN L'AN 1811 ».
La cloche 2 - Caroline-Philippine.
Cloche Paccard de 2013. Un Mi(3) de 932 kg.
Inscription : « JE ME NOMME CAROLINE-PHILIPPINE EN SOUVENIR DE
CELLE QUI ME PRÉCÉDA ICI, DE 1811 A 1940 - J'AI ÉTÉ
BÉNIE EN 2013, L'ABBÉ MICHEL MYLE ÉTANT DOYEN DE
LESSINES ».
La cloche 3 - Catherine-Françoise.
Cloche Paccard de 2013. Un Fa(3) de 773 kg.
Inscription : « J'AI REÇU POUR NOM CATHERINE-FRANÇOISE
EN SOUVENIR DE CELLE QUE JE REMPLACE, FONDUE EN 1811 ET DÉTRUITE
EN 1940 - J'AI ÉTÉ BENIE EN 2013, PASCAL DE HANDSCHUTTER
ÉTANT BOURGMESTRE DE LESSINES ».
La cloche 4 - Ferdinanda-Maria.
Cloche Paccard de 2013. Un La(3) de 386 kg.
Inscription : « JE REMPLACE MON HOMONYME FERDINANDA-MARIA QUI
TINTA ICI DE 1821 À 1940 - J'AI ÉTÉ BÉNIE
EN 2013, EDMOND VAN DE MAELE, PRÉSIDENT DE LA FABRIQUE D'ÉGLISE,
ÉMILE NOTTÉ, JEAN VAN GEEL, GÉRALD DECOSTER, FABRICIENS
».
Historique
Un premier édifice
a été bâti il y a environ un millénaire.
L'église qui nous intéresse a quant à elle été
construite en diverses périodes. La base du clocher date du XIIe
siècle. Après moult remaniements, des documents graphiques
démontrent qu'il s'agit d'une église importante au XVe
siècle. La tour est remaniée en 1824 puis 1858. En mai
1940, elle subit un bombardement allemand avec des bombes incendiaires,
qui la détruit en profondeur ; le clocher est ravagé.
Du point de vue campanaire,
il y eut un, voire plusieurs carillons. Des instruments initiaux, nous
ne connaissons pas les fondeurs. Plus en détail, il nous est
connu en tout cas une rénovation et augmentation de l'instrument
en 1791, des mains du fondeur lovaniste Andreas Vanden Gheyn. Suite
aux affres de l'histoire, d'importantes démolitions eurent lieu.
Il reste à ce jour une seule cloche existante de ce carillon,
elle est utilisée en tant que cloche de chour.
En 1888, le clocher comporte
à cette date 27 cloches de carillon et 4 cloches de sonnerie.
Trois cloches sont d'affectation mixte : carillon et sonnerie. De ce
fait, le carillon était un instrument de 30 cloches. Les cloches
de sonnerie étaient :
- Une Regnault-Habert-Thouvenel de 1811, Caroline-Philippine, détruite
en 1940.
- Une Regnault-Habert-Thouvenel de 1811, Catherine-Françoise,
partiellement détruite en 1940.
- Une Habert-Drouot de 1821, Ferdinande-Marie, fêlée en
1821.
- Une Regnault-Habert-Thouvenel de 1811, encore existante à ce
jour.
Plus en détail au
sujet de ces fondeurs, il s'agit de Louis-François Regnault,
fondeur de cloches et de canons, originaire du Bassigny lorrain (Huilliécourt).
Clément Habert, dit Clémentin, était son neveu.
Fondeur de cloches et maire d'Illoud, il décède en 1823
à l'âge de 33 ans, en Belgique. Notons que la cloche de
1821 citée ci-dessus est faite dans la même période
que celle du carillon de Mons, elle-aussi avec Drouot comme maître-fondeur.
Il n'est pas possible de déterminer si cela provient de la même
coulée. Cette hypothèse serait difficile à soutenir.
Le fondeur Drouot, il s'agit de Joseph Drouot, originaire du Bassigny
lorrain (Maisoncelles).
Thouvenel est quant à lui très nettement plus rare en
Belgique. Il s'agit ici de Pierre Thouvenel. Il nous est très
peu connu. Le seul Thouvenel à être réellement connu
est Ignace-Joseph Thouvenel.
L'église de Lessines
a donc connu un apport important de fondeurs du Bassigny. Était-ce
par satisfaction, par habitude ? Toute hypothèse est possible,
tout en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit que de trois campagnes
(c'est relativement peu).
En mai 1940, les bombes
incendiaires qui sont lâchées sur l'église amènent
une destruction sans précédent. Les cloches Paccard de
2013 sont des remplacements de « dommages de guerre ». Avec
peu de doutes, nous pouvons dire que ce seront probablement en Belgique
les derniers remplacements en dommages de guerre liés à
la seconde guerre mondiale.
C'est donc en 2013 que 3
nouvelles cloches rejoignent le bourdon de 1811. Le beffroi a été
conçu et monté par Olivier Baudri. Vu le manque de place
existant en clocher, les cloches sont montées en rétro-mitigé.
De manière impressionnante, les cloches se frôlent et frôlent
les murs !
Au sujet
de Pierre Thouvenel
Le fondeur Pierre Thouvenel
est très rare en Belgique. Il est de ce fait adapté de
faire le point sur les quelques très brèves informations
dont nous disposons à son propos. L'identification de "Pierre"
Thouvenel provient des recherches de Maurice Thouvenin. De notre côté,
nous ne possédons aucune information quant à savoir lequel
des Thouvenel il peut s'agir. Nous nous basons donc sur Thouvenin.
Au sujet de Pierre Thouvenel,
nous ne savons rien de manière certaine, voire même rien
de manière précise. Il n'existe pas d'actes d'état
civil nous identifiant le fondeur de cloches de manière attestée.
Tout du moins, nous pouvons affirmer qu'il ne s'agit pas du Pierre Thouvenel,
médecin à Sauville. Cet homonyme n'a rien à voir
avec notre fondeur.
Il pourrait s'agir d'un
certain Pierre Thouvenel originaire de Vrécourt. L'information
est mise au conditionnel, car si nous retrouvons des actes d'état
civil concordants, rien ne certifie qu'il s'agit de notre fondeur, il
se peut que cela soit un homonyme. Pour cette raison, les données
biographiques ne sont pas enregistrées au sein du dictionnaire
des fondeurs de cloches. Les incertitudes sont trop élevées.
Si tant est que les données
d'état civil correspondent à la bonne personne, alors
: Pierre Thouvenel est né le 21 avril 1789 à Vrécourt
(Haute-Marne). Il se marie à Bourmont le 8 décembre 1813
avec Marguerite-Hélène Laumont. Il est fils de Nicolas
Thouvenel, agriculteur et Jeanne Simon. Les témoins ne sont pas
des fondeurs. Vrécourt est éloigné d'Illoud par
14 kilomètres. Bourmont se trouve sur la route.
En matière de fontes
de cloches, il aurait été actif entre 1806 et 1812. Il
n'a jamais travaillé seul, mais toujours en collaboration avec
Drouot, Regnault ou Havert.
Lors de sa venue à
Lessines, il avait 32 ans (sous réserve de bonne fiche d'état
civil). La cloche de Lessines nous apprend qu'il ne possédait
pas d'estampille, au contraire de Regnault et Habert. Ces derniers n'hésitent
pas à modifier l'estampille s'ils sont seuls ou avec Bastien.
De ce fait, nous émettons l'hypothèse que Pierre Thouvenel
était un aidant et non un maître-fondeur.
La volée des quatre cloches
La volée de la plus grosse cloche
Voici l'église Saint-Pierre.
C'est lui-même, gardien des clés, qui nous ouvre.
La nef de l'église.
C'est une église halle, donc elle est très large.
Voici un petit aperçu de la sonnerie.
C'est avant tout une cloche ancienne.
Et puis trois cloches récentes.
Le bourdon
Regnault-Habert-Thouvenel
Nous allons commencer notre voyage campanaire par le bourdon.
C'est une cloche de 1400 kg.
Le cerveau nous fait tout de suite reconnaître une cloche Regnault.
Il était accompagné de Clément Habert et Pierre
Thouvenel.
L'estampille du bas est un canon, c'est Louis-François Regnault.
L'estampille du haut, c'est la cloche de Clément Habert. Pierre
Thouvenel n'est pas mentionné, sauf en texte.
Le marteau qui tinte les heures.
L'ancien point de frappe témoignait d'une usure jusqu'à
l'os.
Le nouveau point de frappe est à peine détectable.
Il ne possédait pas la lettre Q. Il a donc mis un P à
l'envers, pour faire un q.
On se débrouille comme on peut dans la pratique de l'itinérance
campanaire.
Ce rinceau est spécifique à Louis-François Regnault
mais aussi à Joseph Drouot, des prêts avaient lieu
entre ces fondeurs très proches.
La dédicace n'est pas d'une longueur infinie, mais elle est répartie
sur 5 niveaux.
C'est une cloche qui a beaucoup souffert, elle est tombée durant
l'incendie.
Une petite ébréchure.
Détail sur le rinceau sommital.
La tête d'ange et les guirlandes de laurier. Là encore,
il s'agit d'un décor bien typique de l'art de Regnault.