Ce documentaire relate quelques bribes historiques du sanatorium Villemin localisé à Angicourt, dans l'Oise, en France. De nombreuses pages existent à ce sujet, dès lors sans grande originalité nous n'en apportons qu'une contribution personnelle.
Nous passerons sous le silence les divers noms ridicules que cet établissement reçoit de la part du monde urbex, dont celui de Nestor Pirotte (criminel n'ayant pas la moindre relation avec le lieu) ; (notons que gogole référence 7000 occurrences de débiles reprenant ce nom sans se poser la moindre question, à l'exception de urbexsession qui nomme ses pages ainsi et s'en trouve initiateur, par un procédé artistique), mais citerons par contre que ce vaste sanatorium s'appelle - du fait de nombreuses strates historiques d'exploitation : le sanatorium d'Angicourt, le sanatorium Villemin, le sanatorium de Liancourt, l'hôpital Villemin, l'hôpital Villemin-Doumer. Attention que le site n'a absolument aucun rapport avec le sanatorium Villemin, aussi nommé hôpital Villemin, de... Nancy ! Tous mes rires et moqueries sur les commentaires que je reçois : respecte l'urbex et ne cite pas le lieu. Il y a dix mille références directes sur internet et le site est totalement trashé par les visiteurs, malgré la présence régulière de gardiens. Dites les urbex-machins, et si vous cessiez de m'écrire ?
La création du site remonte à une période bornée entre 1898 et 1924. Le début du 20ème siècle voit évoluer une prise de conscience concernant la contagiosité de la tuberculose. Jusqu'ici les malades sont mélangés dans les hôpitaux, ce qui inévitablement provoque des contagions en série (comme on le sait de nos jours, la tuberculose est très contagieuse).
Au sein d'un terrain pâturé est construit un premier bâtiment, nommé Maurice Letulle, érigé en 1898 et inauguré en 1899. C'est une situation précoce dans l'avènement des divers et nombreux sanatoriums, à ce point d'ailleurs qu'en France c'est le premier hôpital mis en place. Les terrains font l'objet d'une donation à l'assistance publique de Paris, ce qui dans la foulée permet la construction du premier vaste bloc, le pavillon "A". En réalité à l'identique de bien des sanatoriums, il est recherché une cure par le soleil. Cela explique l'orientation au sud-est du bâtiment. Notons qu'à l'époque, la situation n'était assurément pas aussi boisée que celle de nos jours. Signalons de plus que le relief est avantageusement choisi. Placé sur une butte de terrain, en hauteur, le site reçoit la lumière de manière particulièrement prononcée.
Dès 1924 a lieu la construction du second pavillon, sur un plan hautement similaire, bien que les bâtiments ne soient pas identiques. La construction s'achève en 1928 et le bâtiment est inauguré. Le pavillon s'appelle le "B". Cependant cette notation fonctionnelle est presque immédiatement abolie. Le bâtiment A est nommé Jean-Antoine Villemin, ou plus simplement pavillon Villemin. La dénomination fait rapport au médecin qui le premier démontra la contagiosité de la tuberculose. Le pavillon B est nommé pavillon Varenne. La similitude architecturale est due au fait qu'il est simplement repris les plans initiaux de l'architecte Henri Belouet, datant de 1900.
Durant la première guerre mondiale a lieu une longue période de transformation du sanatorium. Le site est réquisitionné du fait du conflit armé et devient un hôpital de guerre.
Dès 1914 arrivent dans un état d'urgence le plus complet 200 blessés sur le site. Les tuberculeux sont évacués en catastrophe et dans une situation extrêmement difficile. Les militaires blessés sont reçus dans un établissement qui de facto manque de tout même le plus élémentaire. Le personnel du sanatorium, réquisitionné, se trouve en situation de profonde détresse, à ce titre le médecin principal se voit transformé en chirurgien, qu'il n'est pas. La situation s'aggrave au cours de l'année 14, ce qui en fin de compte n'a rien d'étonnant au vu du contexte historique du plus dramatique : allemands aux portes de Paris, bataille de la Marne. Au fil de la guerre, l'établissement se voit assailli de demandes et débordé, notamment lors de la deuxième bataille de la Somme, qui est peu éloignée (1918, entre Arras et La Fère). Il est installé des baraquements temporaires et des tentes dans les sous-bois.
L'histoire de cet établissement est mouvementée durant la première guerre mondiale mais notons toutefois que c'est le cas de très nombreux établissements similaires. En cette période il n'est plus fait état du sanatorium d'Angicourt, mais de l'hôpital temporaire n°104. Une source mentionne que face aux difficultés de chirurgie, l'hôpital temporaire reçoit surtout des malades et n'est, en fin de compte, que peu confronté à des opérations de chirurgie.
Ce n'est qu'en 1920 qu'a lieu la remise en service de la fonction spécialisée du sanatorium. Les bâtiments n'ont pas subi de dégâts dus aux combats, qui furent inexistants à Angicourt, mais la structure de l'hôpital est profondément désorganisée. En cette étape, le confort, déjà haut de gamme, est encore amélioré.
Hautement inspiré de l'architecture allemande (notons quelques similitudes avec le très contemporain sanatorium de Beelitz-Heilstätten bâti en 1898), les deux corps de bâtiments sont érigés sur du style rococo modeste. A l'identique de Dreux (lequel est très postérieur) sont érigées des marquises, permettant aux malades de bénéficier d'un ensoleillement maximal. Les locaux de cure sont exposés dans les ailes localisées au plein-sud.
Nous ne disposons d'aucune archive concernant l'occupation du site durant la seconde guerre mondiale.
En 1965, en pleine période de déclin de toutes les infrastructures de sanatorium, le lieu est reconverti en hôpital gérontologique accueillant des personnes en situation de haute dépendance. Ce sont en réalité les seules traces historiques que l'on retrouve dans ce site, car tout ce qui a réellement trait au sanatorium a disparu - exception faite du bâti bien entendu. L'établissement vit relativement bien, malgré un déclin là-aussi régulier. En 1985 aux fins d'optimisation de fonctionnement a lieu une fusion avec deux hôpitaux et se voit transformé en groupe hospitalier Villemin Paul Doumer. L'hôpital Paul Doumer est situé à Labruyère, une petite commune située à 10 kilomètres d'Angicourt. Le sanatorium Labruyère, comme on l'appelle à l'époque, ouvre durant l'année 1932. A ce jour, l'hôpital Paul Doumer appartient à l'assistance publique ; il est spécialisé en gérontologie. Il se trouve dans une situation financière difficile.
Le déclin d'Angicourt s'accentue, provoquant une situation critique en 1998. La décision est prise de fermer le site. En fin 1999 a lieu le transfert des patients vers Labruyère. Le site est fermé au 1er janvier 2000. Par la suite, la vaste parcelle devient propriété de la mairie et se trouve dans l'immédiat sans affectation.
Avant d'entrer au sana se trouve cette belle peinture.
On arrive sur la face nord, qui est maussade et austère.
Le bâtiment ancien est de couleur grise, tandis que le bâtiment
récent est de couleur brique.
L'organisation spatiale est celle d'un vaste U aux bords évasés.
Sous les terrasses. La végétation a terriblement pris
de l'ampleur.
Le couloir principal du rez-de-chaussée.
Effectivement dans le fond des choses, admettons que c'est assez dangereux.
Nous n'avons osé nous y aventurer !
Mais ce local en est indiscutablement une annexe.
L'étage 1 offre une vue qui se dégage un peu sur le
vaste U du bâtiment.
Aux terrasses, là où étaient disposées
les personnes malades.
Au sein des bâtiments, ça offre des courbures agréables.
Les couleurs sont pastels, comme si le temps passé et éloigné
avait un peu tout gommé.
L'escalier central.
Un graffiteur y a instauré son art.
Les couloirs des chambrées sont monotones et chargés
de tristesse, laquelle est encore empreinte et presque suintante de
ces murs de mouroir mélancolique.
Considérons que oui, c'est à peu près cela.
Les extrémités du U sont équipées de beaux
escaliers.
La forêt regagne ses droits.
Dernier étage de l'ascenseur.
La vue est large sur ce bâtiment qui en impose.
Bien que contraint dans une austérité certaine, le bâtiment
possède une inspiration allemande.
Désormais ce n'est plus que ruine et abandon.
Les pourtours sont inondés de bâtiments annexes, quasiment
tous durs à localiser car profondément enfouis dans
la forêt. Le bâtiment central quant à lui suit
une déclivité sévère, il faut monter de
l'étage alambiqué afin d'y accéder. C'est ce
qui ressort à l'extrême gauche en haut.
Les combles du bâtiment ancien sont l'espace ayant subi le moins
de transformations en profondeur. On y trouve un aspect plutôt
préservé, assez oppressant.