Ce documentaire décrit l'infrastructure du sanatorium du Basil, localisé au hameau Borgoumont, sur le territoire de Stoumont. De nombreuses pages existent à ce sujet, dès lors sans grande originalité nous n'en apportons qu'une contribution personnelle.
Très peu de documentation historique est accessible sur ce bâtiment. Notons de plus que les strates successives d'occupation ont effacé le passé. Dès lors il est peu aisé de retracer le parcours de ce grand bâtiment. Le site fut appelé de par le passé le sanatorium populaire et aussi l'institut médical de Borgoumont La Gleize. La curieuse dénomination 'sanatorium du Basil' semble provenir de google et étrangement, ne pas avoir de fondement historique. Nous n'en avons en tout cas trouvé aucune trace.
A l'identique des sanatoria construits en masse au début du XXème siècle, le bâtiment est orienté plein sud, afin de bénéficier des conditions d'ensoleillement maximum. Le traitement de la tuberculose repose à l'époque sur une exposition prolongée au soleil. Notons de même qu'en bien des sites est recherché le bienfait de la nature. Ici en pleine campagne de Spa dans l'immense domaine des Fagnes, il est évident que c'est un hâvre de paix. La particularité de ce lieu en matière d'exposition au soleil, c'est que toute la façade sud est incurvée. Autrement on retrouve assez classiquement la gigantesque terrasse, qui permettait l'installation de transats.
C'est en 1899, lors du plein boom des sanatoria, que naît l'idée d'implanter un établissement ici. Le sanatorium est érigé entre 1900 et 1903, sous l'impulsion du directeur du laboratoire bactériologique de la province de Liège : Ernest Malvoz. Grâce au soutien provincial de l'époque, le sanatorium de Borgoumont est tout spécifiquement réservé aux travailleurs ; c'est une première en la matière. Ernest Malvoz a énormément apporté à la médecine par l'intensité de ses recherches. Le logis est bâti en dur avec des pierres d'Ardennes en grès et une toiture en ardoises naturelles. Il s'agit donc d'une très bonne qualité de matériaux.
De 1903 à 1941, le sanatorium est inévitablement un mouroir, comme tous les autres, du fait que la pénicilline n'était pas encore découverte. Peu de personnes s'en sortaient vivantes et inévitablement, le domaine est empreint d'une grande tristesse. Il nous apparaît étonnant qu'il n'y ait pas un petit cimetière en annexe du logis. Pas même Cour ni Borgoumont n'en possèdent. De 1941 à 1947 inévitablement les traitements s'améliorent.
Plus tard mais sans date connue, le bâtiment est reconverti en centre de revalidation et en maison de repos. D'après les rares papiers épars, le site était nommé Centre Princesse Astrid La Gleize. Sans logique au vu des informations manquantes, nous pouvons signaler aux fins de complétions qu'en 2010, la Province de Liège se sépare du bâtiment et le vend pour un euro symbolique au CHR de Verviers. Ensuite encore, entre 2010 et 2013, le site est utilisé par Fedasil, en matière d'accueil de demandeurs d'asile.
En 2013 le propriétaire cesse de louer à Fedasil, le lieu devient alors désaffecté et le reste pour l'instant.
Le bâtiment est à vendre pour la somme de 1.436.000 euros. Le site ne trouve aucun acquéreur du fait de deux handicaps cumulés. Premièrement l'impossibilité d'obtenir des subsides, au vu que le lieu ne peut comporter que 74 lits. Il en faudrait 100 pour avoir les subsides et un équilibre financier. La région wallonne fait obstruction. Secondement, le fait que de trop lourds travaux sont à réaliser ; 10 millions d'euros et pas moins sont nécessaires en vue de réaliser la mise aux normes. En attendant, le bâtiment subit les ravages du monde urbex (qu'est-il encore à nier avec vos footprints, j'ai vu ce mot tagué des centaines de fois dans les chambres, au milieu de la pisse et la merde sur les murs ?). Au vu du prix demandé et au vu du vandalisme furieux, il est à se demander s'il y a encore un pilote dans l'avion.
Quelques mots au sujet de la visite...
Nous sommes en soirée d'un splendide mois d'avril. Après une route qualifiable de difficile (1h15 d'embouteillages à Hingeon à cause d'un accident), c'est un très grand bonheur d'arriver enfin à destination. Je visais en premier lieu une belle étoile au domaine de Bérinzenne, mais là il faut assez rapidement réaliser que c'est ni le moment ni le lieu. Des zivahs poussent des beuglantes avec du rap de merde. Bon il est quand même de fait que - aux dernières nouvelles - ce lieu est fait pour ça ! Bref, qu'ils profitent de cette belle soirée, et j'irai profiter de tout ça... assez loin ailleurs :)
Du coup, je prends un chemin forestier et m'engage dans la Fagne. Il est 21h30, le noir envahit les bois, un bambi me regarde au loin. Très rapidement je trouve le lieu parfait, un écart dans les épicéas (Dessus le Sousseu, Fagne de Malchamps). Le sol est effectivement constitué de sphaigne, c'est royal. Le bivy bag m'épargne tout souci même si le sol est humide. Pas de tente, pas de tarp, cette nuit c'est la belle ! Immédiatement je suis saisi du silence infiniment profond de la forêt. Il n'y a aucune faune qui se manifeste, personne ne râle. C'est curieux et inhabituel. Puis naturellement le sommeil m'emporte.
La nuit fut froide, mais ô combien agréable. C'est après un petit-déjeuner bien costaud que depuis Cour, je prends la direction du sana. Je ne passerai certainement pas devant les Heures Claires (la maison de repos et de soins), comme tout le monde. Viendrais-je à inquiéter un petit vieux insomniaque ? Certainement pas ! De ce fait j'emprunte les chemins et les forêts. A travers bois, personne ne me verra. L'arrivée sur le site par l'arrière permet que ça se dévoile un peu par un peu.
Il est 5h40. J'enregistre le réveil des oiseaux. Au loin un coucou martèle méthodiquement, les pinsons bastonnent, les pouillots sont imperturbables, les merles sont déjà au boulot. Le sana est grand. Dans le gazon du parc, des traces de bagnoles crevassent le gazon : ils viennent même jusque là pour saccager ? Un forestier a couché des arbres en travers de la route, probablement depuis. Affaire réglée.
La visite est mélancolique. Il y a de partout cette odeur de renfermé moisi rance, une odeur très collante, on la garde des heures, des jours parfois. Je l'appelle l'odeur de l'urbex, c'est assez particulier en fait. En bien des moments je me dis que c'est un endroit qui a figé le malheur des gens, ce bâtiment. Les murs respirent la souffrance, mais la terrasse surtout. L'heure de repartir est par le même chemin. Les veaux appellent maman. En bas des riverains sont présents. Je sais qu'ils rament avec les rave parties. C'est la nouba tous les jours, dans un village aussi petit ça ne doit pas faire plaisir. Ils me surprennent en train de donner l'herbe du fossé aux chèvres, qui sont très-très-happy-life !
Vous pouvez écouter l'ambiance du matin au sanatorium ci-dessous :
Au départ les merles chantent. Rapidement ils disparaissent dans les fourrés, recherchant des vers. Peu avant 6 heures les pinsons prennent le relai, non sans se battre, ce qu'on entend d'ailleurs avec les cris stridents qu'ils provoquent. La fin de l'enregistrement se situe sous un nid de merle, on y entend le va et viens des parents, les bruissements d'ailes et les bastons des juvéniles.
Voici la face sud du sanatorium.
Enfoui dans les bois, les lieux sont étriqués et tout
en longueur. De ce fait c'est ici du très-très panoramique,
qui éteint le fait que la façade est courbe.
En réalité, toute la façade sud fait un arc de
cercle et c'est beau.
Vue de face, avec au centre le clocher.
Il existait une terrasse, permettant aux patients de bénéficier
du soleil.
D'un seul tenant, ce bâtiment est vaste.
La piscine.
Le hall principal, au rez-de-chaussée.
L'ancien local de l'accueil.
Du côté face nord existent des extensions.
Le vandalisme y est poussé dans les derniers retranchements.
Bon appétit à tous.
Les lieux ont subi un ravage forcené en 5 ans d'abandon.
Vue vers La Gleize, puis au loin Coo.
Oui c'est un peu ça, l'état des lieux est une désolation.
S.O.S
Sous les combles.
Pour une capacité d'accueil de 110 personnes, il y avait beaucoup
de chambres. Désormais elles ne sont plus aux normes et dès
lors plus aux bonnes dimensions.
Mention spéciale à SKOP qui a tagué sa merde
à peu près tous les 3 mètres, et mention toute
spéciale à Louis Thissen (de Leudelange), qui fut déçu
de n'y trouver une salle d'opération avec ustensiles adéquats.
Peut-être n'a-t-il pas spécialement compris que ce fut
un sanatorium, transformé en maison de repos, transformé
en centre d'accueil de réfugiés.
La face nord. Elle est d'une austérité nettement plus
prononcée.
Le clocher. La cloche n'y figure plus depuis belle lurette.
Les hauteurs depuis la toiture du bâtiment nord.
Détail sur le clocher. Ils ont arraché les abat-son
et totalement dézingué l'horloge.