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La cokerie de la Providence (7/11)

 


Les extracteurs sont, on l'a vu, des colonnes qui procèdent à un traitement primaire du gaz, un dégroudronnage par force centrifuge, puis un renvoi vers le gazomètre. Tout cela est très bien
mais ça ne se produit pas naturellement. Du coup nous sommes ici dans la salle des pompes
qui permet d'aspirer le gaz des fours.


La marche du gaz est forcée dans les tuyauteries, afin d'atteindre une vitesse située entre les 9 et 13 mètres par seconde. Le but est de ne pas avoir d'accumulation de gaz dans l'atmosphère, ce qui outre d'être polluant, viendrait à générer une situation explosive.


Il s'agit donc d'une batterie de pompes : une par colonne centrifuge d'extracteur.


La peinture est là-aussi une sacrée oeuvre d'art !


Vanne de coupure.


Voici donc ces fameux extracteurs dont nous parlions.
Inévitablement ils sont situés à proximité immédiate des pompes.

Les sous-produits

On est ici dans du lourd, pour deux raisons. Premièrement parce qu'en matière de photographie, c'est souvent esthétique. Deuxièmement, malheureusement ça attire l'attention parce qu'en matière de pollution, certains essentiels se trouvent là. En effet, c'est dans cette partie de l'usine que se trouvent concentrés les HAP, qui demandent beaucoup de travaux en matière de dépollution. Ajoutons que ce n'est pas parce que c'est le plus visible que c'est le plus pollué. Halte aux a priori ! Il n'en reste pas moins que c'est un process de l'usine et donc, nous nous bornerons à décrire le procédé.

Définition : La production de coke est et reste le but principal d'une cokerie. Si l'on se borne à ça, on devrait trouver dans une cokerie : du charbon, une amenée de gaz, des fours, du coke. Or les photos en témoignent, c'est très-très loin de se limiter à ça. Comme je le présente page après page, l'usine est constituée d'une myriade de sous-ensembles, qui sont quasiment des usines dans l'usine. D'ailleurs les métiers divers sont cloisonnés : on a des cokiers conducteurs de fours, mais aussi des spécialistes sous-produits, qui sont donc des chimistes. Donc, qu'est-ce en détail ?

Lors de la carbonisation du charbon, des matières volatiles sont produites, on les appelles les sous-produits. On ne les souhaite pas spécialement, mais ces matières sont là. Par sa définition étymologique, le sous-produit est un corps B produit en même temps qu'un autre corps A, pendant une fabrication qui avait en vue, uniquement, la préparation du corps A. Le corps B, dans cette optique, est un produit secondaire de peu d'importance.

Au sein du process de cokéfaction, c'est une définition qui est à considérer comme péjorative, car le (ou les) corps B nous intéressent en vue de la revente. Une autre définition, fantaisiste mais plus exacte nous concernant, est un corps produit en même temps qu'un autre plus important, produit involontairement au cours d'une fabrication. Ajoutons à cela que le sous-produit de la veille devient le produit principal du lendemain, puisqu'en gaz pauvre, on réutilise le sous-produit en vue de la carbonification, les gaz en matière de production de chaleur, etc.

Les sous-produits sont loin de nous arranger en cokerie, au vu du coût élevé de leur traitement, reste qu'on ne peut les négliger au vu de la dégradation environnementale importante si on ne les traite pas, le tout lié à une dégradation des fours (encrassage des fours par les goudrons et les brais, dégradation des tuyauteries par l'acide sulfurique) en absence de gestion correcte. Or on ne veut vraiment pas de dégradation des fours. Réparer des fours signifie des opérations de maintenance très compliquées voire impossibles.

Les cokeries produisent :
- Des eaux ammoniacales.
- Le gaz ammoniac que l'on transforme en sulfate ou que l'on brûle.
- Le goudron.
- Le benzol.
- Le gaz.

Les installations liées à ces sous-produits sont extrêmement complexes et sont de véritables usines chimiques dans l'usine, chacune avec sa complète spécificité technique. Autant dire que de tout maîtriser est une gageure (ce qui est loin d'être le cas de notre description, nous faisons de notre mieux afin de donner une description honnête, mais qui n'est pas celle d'un homme de métier).

Les installations d'une section sous-produits d'une cokerie sont :
- La séparation des eaux de barillets et du gaz.
- La condensation primaire.
- La décantation du goudron (dégoudronneur primaire) et des eaux ammoniacales.
- Le dégoudronneur électrostatique.
- Les extracteurs de gaz.
- La sulfatation.
- La condensation finale.
- Le lavage du gaz.
- L'usine à benzol et dénaphtalinage du gaz.

La cokerie dispose en outre d'un atelier de traitement des eaux résiduaires, d'une installation de décantation des eaux de barillets, des installations de stockage et de chargement du goudron extrait des gaz, des eaux ammoniacales concentrées, du fuel-oil après son utilisation au dénaphtalinage.

Promenons-nous dans l'ensemble de ces installations.


Sous les extracteurs, c'est maculé de goudrons. Pour rappel les extracteurs tirent les gaz des fours et en assurent un nettoyage primaire. Pas étonnant dès lors que les installations soient maculées de matières goudronnées bien collantes.


Ce visiteur a dû se trouver bien impressionné pour écrire ça.


Immédiatement à côté des extracteurs se trouve un appareillage qui s'appelle le detarrer. Cette colonne est un kopper électrostatique qui précipite les goudrons. Les goudrons sont alors envoyés dans le vaste réservoir que l'on voit sur la photo à droite. Ce réservoir s'appelle le tar storage tank.


Auprès des extracteurs.


C'est dans un état depuis l'abandon...


Au pied des extracteurs. Chaque couleur de tuyau permet d'identifier sans méprise ce qu'il y a dedans.


Les goudrons sont envoyés dans le tank, avec l'ammoniac, la séparation va avoir lieu ensuite.


Est-ce bien raisonnable de marcher dessus ? Considérons que non...


On va désormais s'orienter dans une section comportant de multiples réservoirs.


On pompe et on oriente les fluides.


Les goudrons et les eaux ammoniacales sont encore mixées. Ces éléments vont être séparés. On appelle cet élément mixé la liqueur lourde. Elle est envoyée dans un décanteur. Par le principe de décantation, on obtient un goudron, que l'on va simplement collecter et évacuer via une revente sans autre forme de traitement. L'ammoniac quant à lui est retourné aux fours sous forme de liqueur, laquelle est vaporisée dans le gaz de fours, en tant qu'agent condenseur. L'excès qui est obtenu (il y en a systématiquement) est stocké en tank d'ammoniac, en vue d'une revente.


Paysage nature au sein de l'industrie chimique.


A mon très grand étonnement, j'ai vu un martin-pêcheur dans l'usine. C'est dingue !


Des vannes.


Au pied des citernes d'ammoniac.

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