Curieux nom qu'un pot de purge. Qu'est-ce qu'un pot de purge dans
une cokerie (hormis dans les galeries, comme on l'a déjà
vu, et bien qu'ici ce ne soit pas fondamentalement différent
en sous-produit) ?
C'est tout simplement un collecteur de condensat. Ainsi, il peut y
en avoir un nombre élevé, sur toutes sortes de gaz émis.
Ici nous sommes en GFC (et non CFC comme indiqué, donc CFC
je ne sais pas ce que c'est), soit Gaz de Four à Coke. On est
en amont des extracteurs, en aval des galeries, et c'est une installation
qui reçoit les gaz avant l'envoi en extracteur. Nullement étonnant
donc que ce type d'installation soit présente en pagaille au
bas des fours.
Et dès lors on comprend bien la présence du petit fantôme.
Au coeur des réservoirs.
Partie solitaire de l'usine, peu à peu nous entrons dans une
zone à l'odeur entêtante.
Passons sur un peu de technique. On voit donc que l'on obtient de l'ammoniac, mêlé aux goudrons. On dit qu'on le stocke, afin de le revendre. Certes, mais c'est une description à la fois incomplète et techniquement inexacte. En effet, l'ammoniac subit un traitement, qui s'appelle la sulfatation et qui pourrait faire l'objet d'un chapitre complet.
La sulfatation est l'opération qui consiste à retirer l'ammoniac du gaz en le transformant en sulfate d'ammoniac par barbotage dans une solution faible d'acide sulfurique. On le voit très bien à Seraing, on le voit peu ici car le tank a été démoli. Le procédé est réalisé par pulvérisation de cette solution dans un appareil appelé saturateur. Plusieurs procédés sont utilisés en vue de la récupération de l'ammoniac :
- Le procédé semi-direct, dans lequel la formation de sulfate se fait directement par combinaison de l'ammoniaque du gaz avec l'acide. C'est le procédé le plus généralement utilisé. C'est notre cas ici.
- Le procédé indirect, dans lequel l'ammoniac du gaz est récupéré sous forme de liqueur ammoniacale, d'où l'ammoniac est extrait pour fabriquer soit du sulfate, soit de l'eau ammoniacale concentrée. C'est le cas à la cokerie de Seraing.
- Le procédé direct. Cette méthode est abandonnée en tous lieux.
Le gaz ammoniacal est un gaz incolore, d'odeur piquante, à
effet lacrymogène, de saveur âcre, irritant les muqueuses
et provoquant la toux. Dans l'industrie, l'ammoniac et stocké
et transporté à l'état liquide.
Ceux qui ferraillent dans cet environnement n'ont pas conscience de
ce qu'ils font.
Les buddleias adorent les terrains pollués.
Au coeur des sous-produits.
Car le gaz ammoniacal est inflammable et explosif dans certaines concentrations
dans l'air.
Maculé de goudron.
Les eaux-mères, solution d'acide sulfurique saturé en
sulfate d'ammoniaque, sortent du saturateur par un tube plongeur,
s'écoulent dans un pot de réception où une pompe
les refoule. C'est refoulé à travers le réchauffeur
à eaux-mères, par les pulvérisateurs de la sortie
gaz.
La présence de l'acide sulfurique entraîne que certaines
installations sont rongées.
Ici on voit bien le pot de purge, qui permet de collecter les eaux
de barillets et de les amener au décanteur.
Les divers réservoirs : goudrons, ammoniac, acide sulfurique.
Quelle folle de nature que de grandir ici !
Au fond, le probable réservoir des sulfates. Il est grandement
embêtant que, au contraire des autres cokeries, ici rien ne
soit indiqué. Je me base donc uniquement sur le cheminement
logique des sous-produits, mais c'est loin de constituer une affirmation.
Le sulfate est extrait à l'aide de l'éjecteur, lorsque
la concentration en cristaux à la base du saturateur est jugée
suffisante.
Escalier hors service ?
Jolie piscine au pied des réservoirs.
Et jolie corrosion un peu partout.