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La cokerie de Seraing (6/20)


Quant aux draps, ils donnent un curieux aspect théatral.


Ici nous sommes non pas en partie latérale et sous les quais, mais en réalité sous les carneaux, donc tout à fait au centre de la batterie et sous les fours. Cet espace de vide permettait de faire quelques opérations de maintenance sur les carneaux.

Les galeries

Elles sont situées immédiatement sous les fours. Ce sont des tunnels. On y trouve des canalisations et des injecteurs. Ce sont les injecteurs de gaz, qui alimentent les carneaux de la cokerie en flammes. La galerie possède une inversion Coppee. On inverse les flux de gaz. Une demi-heure en gaz pur, une demi-heure en gaz pauvre. Le gaz pauvre est la récupération de celui qui sort des fours lors de la pyrolyse.


Au contraire de toutes les autres cokeries, étonnament ici les galeries ne sont pas jolies. D'habitude c'est grand spectacle, mais ici les types de fenêtre offrent une lumière chiche qui rapidement offre des zones de brûlures. Dommage et tant pis.


Les galeries sont des tunnels qui sont situés sous les quais et sous les fours, des deux côtés de la batterie. C'est par ces tunnels que l'on achemine le gaz dans le four, que ce soit du gaz riche ou du gaz pauvre. Dès lors, l'alimentation en gaz des carneaux, c'est par ici que cela se passe.


Notons qu'on voit bien la barre d'inversion, ce qui n'est pas toujours le cas. Une longue barre horizontale permet de tirer des leviers de manoeuvre. C'est ce qu'on appelle l'inversion Coppee. On alimente les fours une demi-heure en gaz riche, puis une demi-heure en gaz pauvre, c'est-à-dire le gaz émanant de la distillation du charbon dans les fours. Le gaz est donc un sous-produit que l'on réutilise immédiatement. Notons aux fins de précisions que Seraing possède deux batteries Coppee et deux batteries Koppers.


Détail sur le levier d'inversion Coppee. Les batteries sont de type Compound, c'est-à-dire qu'elles peuvent aussi bien être chauffées au gaz de four à coke que le gaz de haut-fourneau. L'arrêt du gaz HF a été provoqué par la mise à mort des haut-fourneaux en région liégeoise.


Dans la galerie, les fours sont numérotés. Nous sommes donc ici au four 69.


Entre les batteries, ce sont des espaces de circulation.


A l'extrémité des batteries, les évacuations de condensats vers des bassins de purge,
qu'on appelle les bains de pieds. Un bain de pied est une garde hydraulique d'un circuit gazeux, idem pour les pots de purge. Elle devait être collectée pour recyclage.

Le défournement

La cuisson transforme le charbon en coke. Le coke est poussé, après cuisson de 16 à 18 heures, dehors. La machine qui pousse le coke est la défourneuse. Le côté défourneuse est appelé le côté fours. De l'autre côté, à la sortie, c'est appelé le côté coke.


Nous allons à présent décrire la procédure du défournement. C'est une étape haute en couleurs, que l'on voit dans la plupart des vidéos de cokeries, si ce n'est quasiment exclusivement. C'est vrai que c'est impressionnant ! Il est évident que la portée de notre documentaire est de ne pas se limiter à cette portion de process, mais il convient tout de même de la décrire. A Seraing, il existe deux défourneuses, qui sont placées chacune en bout de quai. Elles sont stationnées en position d'arrêt.


Voici le pupitre de la défourneuse. Il donne une apparence plus simple que l'enfourneuse, car ici les manoeuvres opérées ne sont pas multipliées par quatre bouches d'enfournement. On a une porte à ouvrir, un four et point. En contrepartie, on a deux pupitres. C'est normal. C'est que l'un est dédié au défournement, ce que l'on conçoit d'office. L'autre est dédié au répalage, dont on a déjà évoqué à demi-mot l'existence.


Le coke est extrait du four par une procédure manuelle. C'est le cokier défourneur qui effectue le poussage, en contact avec le cokier présent dans le coke car. Car oui, de toute évidence, il ne faut pas pousser le coke dans le guide-coke si la porte n'est pas ouverte. Imaginez le grabuge ! Comme on ne voit rien, c'est par contact lumineux que tout s'opère. Un voyant permet l'opération. On ne voit pas ce voyant ici mais plus loin nous allons en présenter un. Si le voyant n'est pas allumé, il s'avère que l'opération (qu'elle soit défournement et/ou répalage) est tout simplement bloquée. Ca permet d'éviter les erreurs.


Et puis si ça déraille à tout bout de champs, il y a l'arrêt de totale urgence.


Quant au deuxième pupitre que l'on voit, et bien comme on le disait, c'est le répalage. Cette fois-ci, le contact n'est pas effectué vers le coke-car mais vers le cokier chargé de l'enfournement. La défourneuse a donc bel et bien deux rôles. Ce sont des rôles qui sont très proches, puisqu'à peine un four défourné, on le recharge. Du coup, après un défournement, le cokier sait qu'il va immédiatement faire un répalage. On ne laisse pas un four vide, sauf opération de maintenance. Quand bien même un four serait laissé vide, en vue d'une maintenance planifiée, alors il reste chauffé.


Tous les voyants permettent de s'y retrouver dans les diverses étapes d'arrachage d'une porte.


Élément très important, c'est la barre de répalage, qui permet d'avancer dans le four : soit le bélier afin de pousser le coke, soit le bélier afin de répaler le charbon. Cette vue est assez rare, d'où le fait qu'il est important pour nous de la montrer.


Le vérin du répalage est visible.


La barre de répalage est celle horizontale, rouillée, elle fait des va-et-vient sur des galets.


Toutes les opérations de poussage du coke sont très lentes. Il ne faut pas imaginer que ça se fait en quelques secondes. Lors de l'ouverture de la porte, le pain de coke est assez bien solidifié et ne s'effondre pas, ce qui serait le cas avec le charbon non cuit. Un vidage de four, hormis toutes les opérations d'ajustement et donc considérons ici uniquement le poussage, ça demande deux minutes. Sous le bélier, avant le poussage, la défourneuse place un bac arrosé d'eau. C'est en quelque sorte un petit bac à merdes. Ca évite que le quai soit maculé de coke, bien gênant en vue de la circulation, qu'elle soit machine ou pédestre. Après le défournement et après le retrait du bélier, un balai nettoie automatiquement le quai. Une opération complète de vidage de four demande 13 minutes environ. Selon les cokeries, il est opéré un vidage par 20 minutes à une demi-heure.


Sous la défourneuse. L'objet sur vérin est l'aspirateur-balayeuse.


Le quai de défournement. Voyez-vous l'espace situé entre les fours et le quai ? C'est vide ?
Et bien ce sont là des ouvertures qui donnent sur les galeries.


Depuis les quais, les silos à charbon.


Au loin la défourneuse n°5. Comme ce matériel est rare, nous allons extrêmement nous appesantir sur la description du fonctionnement. Ca ne donne pas forcément des photos qualifiables d'esthétiques, mais clairement le but est didactique.

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