Désormais, par un chemin qui franchement est plutôt du
genre compliqué, nous allons visualiser comment est structuré
ce fameux quai à coke, dont nous avons déjà parlé.
Le voici dans son entièreté, à l'extrémité
sud. A droite en haut, il y a du vide, ce qui convenons-le, n'apparaît
comme pas tout à fait normal. C'est parce que nous sommes face
à une vieille batterie dont la
démolition a commencé il y a des lustres.
En bas du quai, on voit un chemin de circulation ; allons-y !
Curieusement, on voit des lances. A quoi servent-elles ?
La réponse est, après explication, très simple.
Le coke va subir une extinction globale à la tour d'extinction.
Cependant, le coke n'est pas encore criblé. Il y a des gros
morceaux et des petits morceaux. Du coup, l'extinction est assez hétérogène.
Sur le quai, alors que le coke évapore son eau, encore tout
gorgé de chaleur, on peut avoir des phénomènes
d'autocombustion. Les lances ont deux fonctions. Premièrement
elles ont un détecteur de fumées et un second détecteur
: un détecteur à zones chaudes. Deuxièmement,
elles ont des lances d'aspersion d'eau, qui permettent d'éteindre
des zones qui le mériteraient.
Et cela se répète autant que besoin est. C'est donc
une installation d'extinction secondaire.
Les fours côté défourneuse
Nous allons observer la spécificité des fours du côté défourneuse.
La défourneuse, c'est le fameux véhicule qu'on voit
au fond.
Le côté défourneuse est situé dans une
portion ensoleillée de l'usine, cela pour deux raisons. Premièrement
parce que c'est exposé sud-est, on ne peut rêver mieux
! Deuxièmement parce que la défourneuse est une machine
très volumineuse. Du coup l'espace libre est vaste. On est
pas engoncés dans tout un tas de quais, de toitures, de machines
de stripping, etc.
Du coup on a une ambiance radicalement différente, qui est
très entraînante.
Les fours y sont immaculés, cela va permettre une lecture technique
des processus.
Il existe un léger décalage entre la numérotation
des fours et celle des piédroits, ce qui est chose logique
puisqu'un piédroit sert à deux fours.
Une vue enchanteresse à laquelle on a envie de dire - probablement
que pour nous je crois - mais
quelle belle destination de vacances !
Les fours donnent un alignement superbe.
Notez aussi l'absence de vandalisme, de ferraillage, de déchets.
Mais trêve de rêveries. Au pied de cette chandelle, nous
allons désormais aborder les aspects techniques.
On voit très bien la plaque du n° de four. C'est une plaque
en acier, qui permet d'identifier
le four auquel on a affaire.
Une ailette de porte de four. C'est donc cet élément
de blocage qui permet, en quelque sorte, de fermer à clé
le four. L'arrache porte va tourner la partie centrale, qui a un embout
carré. Une fois cette ailette dévérouillée,
l'arrache porte va la tourner dans le sens horaire. C'est un processus
qui va assez vite et clac, c'est ouvert.
Notons que les ailettes sont reliées entre elles par une barre
verticale, qui solidarise donc les deux
ailettes. Ce n'est pas le cas de toutes les cokeries.
Au-dessus de l'ailette supérieure, on voit un drôle de
coffret ? Mais qu'est-ce donc ? En réalité après
l'explication, ça va vous paraître tout à fait
simple et logique. C'est la porte de répalage. Une fois que
le four est chargé en charbon, c'est très bien, mais
comment peut-on procéder à l'égalisation dans
le four ? Si on arrache la porte, le charbon va tout simplement s'effondrer
sur le quai ! Alors que fait-on ? Sans grand souci, on utilise cette
porte, située tout en sommet du four. Par cette petite porte
va entrer la barre de répalage, qui va égaliser soigneusement
la charge dans le four. Un crochet sur piston va attraper l'espèce
de poignée située sur le haut de la photo. La poignée
va être tirée vers le haut. La porte de répalage,
qui elle est sur gonds, est ouverte vers le haut. Lors de l'ouverture,
soyons clairs, ça flamme dur !
Le répalage est actionné en deux séries de mouvements. Tout d'abord, un guide vient se poser sur le bas de l'ouverture (située au dessus de l'ailette, mais on ne peut pas le montrer). Une fois le calage fait, alors la barre entre dans le four et étale la charge. Le répalage est réalisé par un poussage sur vérin hydraulique, tandis que le bélier est actionné avec des roues dentées. Le répalage prend un certain temps étant donné que par des mouvements assez rapides (un mètre seconde environ), la barre fait des va-et-vient dans le four.
L'ouverture du haut s'appelle le portillon de répalage.
L'ailette n'a aucun pouvoir sur cette porte. La porte de répalage
s'ouvre par le haut via le crochet. En certaines cokeries anciennes
(Tertre notamment), nous avons trouvé le terme de "lièvre"
afin de donner un nom à l'ailette. En réalité
cela devait être un vocable local, car nous ne l'avons jamais
observé ailleurs.
Quel superbe alignement de fours ! Ca fait rêver !!
Vue d'ensemble du quai, sur lequel la défourneuse se déplace.
Sachez que ce genre d'appareil ne défourne pas les fours les
uns après les autres. Afin d'éviter les déperditions
de température trop importantes dans les carneaux, on maintient
toujours deux fours en chauffe autour d'un four vide. On ne maintient
pas deux fours qui viennent d'être chargés l'un à
côté de l'autre. Ca produirait des zones de températures
trop basses. Du coup, le fonctionnement n'est pas aléatoire,
loin de là, mais une défourneuse va naviguer entre des
fours assez éloignés les uns des autres. Cette situation
permet d'avoir des fours en chauffe un peu partout et globalement
une situation homogène. C'est le chef de fours qui définit
les temps de cuisson et les ordres de défournements. C'est
bien sûr en large partie sujet à de l'automatisation,
mais des conduites manuelles sont effectuées en permanence
du fait des aléas de fabrication.
On admet généralement que les défournements se font tous les 5 fours.
Il s'agit de la batterie de fours K1+K2, qui correspond à 24
fours abandonnés.