Voici une exploration urbex d’une tour abandonnée, toute entière, qui était localisée à Bruxelles, commune de Saint-Josse-Ten-Noode. Il s’agissait de la tour Getronics, par l’immense logo qu’elle portait en toiture, ou bien la tour Madou, qui semble représenter son vrai nom.
Ce documentaire date de 2001. La tour a été rénovée en début 2002. Comment qualifier ce texte de documentaire ? Nos recherches de l’époque sont si lacunaires, nous sommes obligés de dire qu’il s’agit uniquement d’un rapport d’impressions.
Le compte-rendu de l’époque est le suivant : Le but de la matinée est d’explorer la tour Getronics. C'est une tour abandonnée de 112 mètres, située à Madou, une place située sur une ceinture de circulation assez dense, tout juste excentrée de Bruxelles. C'est presque l'un des points les plus hauts de Bruxelles. En fait ce n'est pas la plus haute tour (c'est la troisième), mais sa situation sur une butte en fait le deuxième plus haut point, il y a juste la Tour des Finances qui dépasse à peine. La tour du midi est largement dépassée.
Cette visite est donc capitale dans mon cheminement photographique des toits de Bruxelles. Sur place, une triple chatière me permet d'accéder à un parking souterrain privé qui donne accès à des endroits anxiogènes. Le passage des chatières est assez difficile. Je m'y chope des crampes au bras, c'est effrayant quand on est en hauteur. Mon pantalon s'y déchire, mais c'est sans gravité. A l'intérieur du parking, il y a des véhicules Belgacom, d'autres de particuliers. C'est à ce moment que je comprends qu'il ne s'agira pas d'une tour abandonnée mais d'une véritable infiltration.
Je peine un peu à trouver l'escalier de service. Il est en fait situé derrière une série de 8 ascenseurs. Au départ, je croyais entendre le métro là-dedans. En fait non, ce sont les ascenseurs qui fonctionnent. Dans ce genre de moment, c'est là où tu te dis qu’il va falloir être déterminé. Après quelques minutes de cafouillage, je m'engouffre dans l'escalier qui fait rare est hélicoïdal. Avec lenteur, je grimpe les 32 étages. Les deux derniers sont condamnés, certainement à cause de machineries en fonctionnement. En effet, le sommet de cette tour est coiffé de dizaines de relais, d'antennes, de paraboles.
En haut, c'est en désamiantage, fait devenu maintenant classique. Ce sont de vastes plateaux entièrement vides. L'intérieur ne présente pas d'intérêt particulier. La vue est par contre agréable. C'est peut-être même un peu trop. C'est tellement haut, on a l'impression d'être dans un avion, on commence à perdre le contact avec le tissu urbain. C'est toutefois quelque chose à voir, la ville se dévoile dans son entièreté, il n'y a plus rien qui vient obturer la vue.
Du point de vue paysage, ce qui est le plus marquant, c'est la tour Astro située à quelques dizaines de mètres et tout juste 5 mètres plus basse ; c'est la tour de Fortis Bank. La Tour des Finances est également marquante étant donné son aspect massif. D'ici, on domine tout. De ce fait, tous les immeubles disgracieux sont visibles. Apparemment, il y a du y avoir une victoire au foot car en bas, des dizaines de voitures klaxonnent dans la Chaussée de Louvain.
Les étages étant tous semblables, je redescends assez rapidement, mais par paliers de 5 étages à cause du tournis. Au zéro, je retombe sur les ascenseurs. Il y en a un qui passe du 19 au 0. Vraiment je ne comprends pas comment fonctionne cette tour, malgré le plan détaillé qui est affiché. Il semblerait que ce soit utilisé par d'autres immeubles ? Je me disais : tu vas voir, les portes vont s'ouvrir et tu vas tomber sur le gérant.
Dans le parking souterrain, ça n’a évidemment pas manqué.
- Monsieur ! S’exclame une dame.
- Oui, bonjour madame.
- Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous faites là ? Vous êtes rentré par là ? (désignant la bonne porte).
- Oui madame. Tout à fait.
- Et vous êtes grimpé là haut, mais vous n’avez pas le droit, c'est en chantier !
- Oui madame. De toute façon, vous voyez bien, je ne suis pas méchant, je ne fais que des photos. On dit vraiment n'importe quoi dans ces situations là.
- Il va falloir me donner votre nom, parce que s'il y a des ennuis, il faut savoir quoi. Cette expression si typiquement belge !
- Oui bien-sûr madame.
Sur ce, je m'enfuis à toutes jambes par une porte de garage en cet instant ouverte, ce probablement de manière tellement temporaire, un instant fugace. Je regrette d’en être arrivé là, car cette dame était peu hostile au vu de la situation.
Ce compte-rendu témoigne d’une époque. Aujourd’hui plus personne ne se parlerait, tout se règlerait par la violence et le judiciaire, ce qui en soit revient à la même chose. On ne peut pas dire que les photos soient belles. Elles relèvent de ce qu’était l’urbex dans ces périodes éloignées : une activité confidentielle, des photos inévitablement difficiles et surtout des comptes-rendus de promenades dans les villes, à la recherche, à l’exploration. C’était une quête.
Cette
tour de 112 mètres de haut était entièrement en désamiantage. Avant,
elle s'appelait Tour Getronics. Aujourd'hui, c'est Madou Plazza.
De
ce fait, l'athmosphère est très confinée, désagréable. Cet étage, entièrement
vidé, ne présente plus beaucoup de danger. Les étages dangereux n'ont pas été
visités, ils étaient clairement identifiés par des bandeaux indiquant de ne pas
rentrer pour cause d'amiante.
Jeux
de reflets dans des miroirs abandonnés là.
La
chaussée de Louvain. Les vitres ne s'ouvraient pas. Du coup les fenêtres sales ternissent les vues.