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Urbex Yonne - Les moulins de Sens
Ce documentaire est dédié à Nicolas Duseigne, on s'en doute, qu'il soit remercié pour l'hébergement qu'il m'a offert durant une période critique.
Les moulins de Sens sont des minoteries industrielles. Ce document correspond à une investigation réalisée en octobre 2019, ce dont je n'ai l'occasion de faire la publication que maintenant et donc 3 ans plus tard. Il s'agit, architecturalement parlant, d'un sujet aussi intéressant que la demi-fiente d'un demi-canard, mais certes, il reste une once de mémoire, voire presque de nostalgie ; dès lors pourquoi publier ? Car, cela se doit d'être dit, il s'agit de la période exacte où j'avais remis ma démission auprès de l'administration qui m'employait, après de très nombreuses années (soit, trop, bref, passons, hum). Ainsi, un sentiment très curieux : le temps étalé, disponible, présent, là sous la main comme le méandre d'une rivière.
Le temps libre, l'espace vide, comme un presque-malaise à m'en souvenir encore maintenant, une recherche de place, l'attente, d'être où ? J'avais annoncé à mon frère Nicolas mon projet de départ de l'emploi nocif, en avril passé, dans une des carrières de Pierre-Lapin. Quelques mois plus tard, il m'accueillait à Sens, chez lui, libéré du joug. Une semaine en plein de vide. Etrange. Je n'avais en fin de compte pour ainsi dire jamais bénéficié de ça. Nous avons fêté mon départ du caca-de-canard / nous avons fêté dans le même temps son départ du logement pourri du Général-Dubois / où ça ? En haut du moulin Saint-Louis. Histoire personnelle ? Oui nous sommes en plein dedans.
En résumé, car malgré tout, nous nous intéressons à ce patrimoine (et outre tout blabla insipide), notons que ces moulins sont visés par des projets de démolition, qui semblent d'ailleurs largement aboutis. Les moulins sont tous 'à blé'. L'est du Sénonais correspond à de vastes plaines agricoles très productives.
Une large part de bibliographie ci-dessous provient de Rose Diers, que nous remercions.
Pont-sur-Yonne, au petit matin de mes premières libertés : un
vaste sentiment de nostalgie quant à ces instants.
Libéré au profit des brumes et de la lenteur.
A Sens, les petits matins laissent place à une puissante solitude.
L'Yonne calme, la ville calme, tout le monde en quelque sorte affairé
vers la gare, inévitablement vers Paris.
Au loin tout au fond, la tour du moulin qui nous intéresse.
Les silos 'probablement' Saint-Paul, connus apparemment sous le nom de Coopérative agricole du Sénonais.
Situés quai du Petit Hameau, rue Saint-Paul, ils sont à ce jour en grande partie démolis - il subsiste la tour et un bâtiment administratif sans charme. Un projet immobilier est prévu à la place. Lors de notre visite en octobre 2019, le désamiantage avait lieu. Il s'agissait d'une vaste structure en deux parties, comportant les silos à grains d'un côté (au nord de la rue Saint-Paul), la minoterie au sud. Il subsistait aussi des bâtiments administratifs en nombre.
Architecturalement parlant, il n'est pas à dire que beaucoup est perdu
avec la démolition. C'étaient de vastes ensembles bétonnés,
fonctionnels, datant -cela se pourrait- des années 60. En tout cas ça
en reprend une architecture tout à fait conventionnelle. La visite révèle
de belles vues sur l'Yonne.
En haut de la tour sur un petit matin de jour bouché, les lieux sont
presque tristes.
L'ensemble de l'usine, visiblement à l'abandon depuis longtemps ; malgré
tout c'est resté fermé comme une huitre durant de longues années.
La rue Saint-Paul, avec à gauche les silos.
L'Yonne et au loin, l'écluse. Au fond, le coteau recèle des carrières
souterraines, minuscules et sans intérêt. Nous n'avons pas réussi
à visiter les carrières de la centrale électrique.
Jonction par convoyeur entre les deux usines.
A l'intérieur de la minoterie, c'est une fournaise de machines.
L'araignée, qui sert à dispatcher les grains dans les broyeurs.
Cette machinerie s'appelle l'engraineur.
Probablement le vestige d'un tarare, dont le but est de séparer le grain
des impuretés.
Il subsistait de nombreuses machines de la sorte, probablement des broyeurs-souffleurs.
Cette machinerie, probablement un groupe souffleur, qui devait faire un boucan
du tonnerre, servait à alimenter en air le blutoir, qui sépare
la farine du son.
Et ça sillonne dans tous les sens.
Il ne subsiste aucune installation d'ensachage.
Au dessus des silos, le convoyeur du grain, permettant la répartition
de la matière.
Plume de pigeon sur le convoyeur.
Les augets, qui répartissent le grain.
C'est dans un état bien dégradé.
La toiture en amiante, un beau poids pour la démolition.
Tout est dans un état...
Jolie vue sur les escaliers de la tour.
Les locaux administratifs sont insipides.
Brocanteur en audiovisuel !
Adieu les moulins.
Les moulins de la Gare de l'Est, dit Moulin Dumée
Situés chemin de Babie, nous n'avons pas pu y accéder lors de
notre passage. Le lieu était muré de toutes parts. En avril 2017,
sa démolition était envisagée. A proximité immédiate
du parc du Moulin à Tan, il s'agit d'un lieu fréquenté
par les enfants. Le murage est compréhensible.
Engoncé dans le bâti, le lieu est une forteresse.
Les moulins Saint-Louis.
Situés aux rues du Général Dubois et Gaston Perrot. Il s'agissait d'un assez vaste ensemble. Les lieux étaient totalement ravagés par le vandalisme. Ils ont été achetés coup sur coup par des sociétés réputées opaques, en tout cas c'est ce que la presse locale en dit. Les projets visaient à des rénovations immobilières. Il semblerait que rien de tout cela n'ait été concrétisé.
L'établissement était initialement tenu par la famille Perrot. Il existait d'anciens moulins sur l'emplacement, datant de 1685 ; une transformation et extension ont eu lieu en 1835. La situation lors de la visite témoigne d'une structure très fortement remaniée, assez globalement bétonnée, et datant vraisemblablement des années 1930.
Dans les années 1866-1881, les lieux ont été tenus par un certain Eugène Fournier. Il a été succédé par Gaston Perrot (et donc retour de la famille Perrot), lequel fera tourner l'établissement à plein régime entre 1920 et 1930. Il eut des actes héroïques durant la seconde guerre mondiale. Il fut maire de Sens de 1947 à 1971, puis député de l'Yonne.
Après Gaston Perrot, deux de ses frères, Jean Perrot et Roger Perrot prennent la tête de l'exploitation. L'entreprise deviendra G. Perrot et fils. En 1968, l'établissement s'appelle la société anonyme des Grands Moulins de Saint-Louis. En 1988, l'entreprise est rachetée, elle devient Les établissements Soufflet, dont la base administrative est à Nogent-sur-Seine. A la suite de restructurations et de difficultés, la décision de fermeture est prise en 1999.
Globalement, il s'agissait d'un lieu dangereux. Il s'y trouvait des trous partout.
Bien que classique du sud de la région parisienne, l'architecture ne
manque pas de charme.
C'est un bâtiment fier et élégant.
L'ancienne estampille, relativement soignée.
De belles vues sur Sens, dont la cathédrale au fond, documentée
le 24 décembre 2010.
L'intérieur est scabreux.
Totalement démoli.
Et souvent dangereux.
La preuve en image...
L'endroit 'magique' de nos adieux à pas mal de choses toxiques. Il faisait
froid et il trainaît un putré de vent !
L'intérieur fait penser aux ex-moulins de Chartres, dans le même
état.
Ouille ouille ouille...
La liberté de nos amours, partir aux fils de l'eau, nous voici à
Joigny.
Une longue et belle journée de promenade d'automne.
Villeneuve-sur-Yonne, pour un peu presque triste.
Comment prendre son repas lorsqu'on oublie ses couverts ?
Un bon squat humide entre Gron et Maillot. Souvenir de mon frère le soleil
couchant.