Carte
postale : irismonument
Il s'agit d'un documentaire
sur l'église Saint-Gilles dans la commune de Saint-Gilles à
1060 Bruxelles. Je tiens à remercier chaleureusement monsieur Armando
Randolfi, pour ses explications et sa patience, monsieur Koen
Muylle pour l'autorisation et monsieur l'Abbé
Eric Vancraeynest pour son aide à coordonner la demande.
Cette église a été construite
entre 1868 et 1878. L'architecte est Victor Besme. C'est à lui qu'on doit
le plan d'ensemble pour l'extension
et l'embellissement de l'agglomération bruxelloise, en 1862.
Cet ouvrage devient le livre de chevet urbanistique de Léopold II et servira
à restructurer une grande partie du Bruxelles qu'on connaît aujourd'hui.
Il a conçu l'avenue de Tervuren, construit l'église de Saint-Josse,
piloté l'assainissement de la vallée de la Senne et du Maalbeek,
l'extension des quartiers de l'avenue Louise et Cureghem, la conception des parcs
Duden et Josaphat. La construction par cet architecte d'une église et d'une
maison communale au Parvis de Saint-Gilles marquera le passage d'Obbrussel (nom
de Saint-Gilles au VIème siècle, signifiant Bruxelles-le-Haut) au
statut de petite ville.
L'église est de style éclectique.
Ca signifie qu'elle ne se reporte pas à un style connu (baroque, gothique),
mais que la source d'inspiration puise librement dans tout ça. Elle se
rapproche assez fondamentalement d'un style néogothique, ce qu'on retrouve
par exemple à l'église Saint-Boniface d'Ixelles. Elle est dédiée
à Saint-Gilles, ermite qui a vécu aux environs de la moitié
du VIIème siècle, c'est le saint patron des estropiés, des
malades, des dépressifs. On voit donc que le patronat ne se rapporte pas
à une corporation de métier mais des infirmités.
Cette église est officiellement consacrée le 12 avril 1880.
Elle se caractérise par trois nefs, dont une principale et deux
latérales. Le porche est en pierre tandis que l'ensemble de l'arrière
extérieur (nef, transept, chevet) est en briques. La pierre provient
de la carrière de Savonnières en Perthois.
A la Saint-Sylvestre, un grand morceau de plâtras et de
lambris est tombé au sol durant la nuit. Cela a été constaté
le matin. C'est arrivé entre fin 1990 et début 1991. Il a été
décidé de fermer l'église. Le temps de trouver les subsides,
de débloquer ce financement et de réaliser les travaux, l'église
reste fermée durant 10 ans. Dans l'attente, l'église a été
classée monument historique le 16 mars 1995, ce qui a eu l'effet bénéfique
d'activer la demande de subsides (1,86 millions d'euros) et donc les travaux de
rénovation. Aujourd'hui, l'église bénéficie d'un bon
état général, il n'y a plus de pigeons dans les combles et
tour, tout est correctement obturé, de larges pans de charpente ont été
remplacés, des lambris ont été restaurés.
En 2009, les murs de la nef et du transept ont été accidentellement
recouverts de poussière noire.
A
propos du campanaire et l'horloge monumentale
La
flèche possédait une horloge monumentale datant de 1894, réalisée
par l'entreprise Michiels-Moermans. En 2002, cette horloge a été
remplacée par un modèle plus à jour pour notre époque.
Le boîtier commande simultanément les quatre horloges. L'ancien boîtier
d'horloge est conservé et toujours visible au sol de la salle d'horloges.
La
salle des cloches comporte aujourd'hui trois cloches. Dans un passé lointain,
elle en comportait deux. Comme bien souvent, ces cloches ont été
refondues durant la seconde guerre mondiale.
Les cloches actuelles sont
de même facture.
Elles datent de 1945, 1954, 1955. Elles ont pour dimension respectivement
1,15m, 1,04m, 0,92m, mesure à la bouche. Le facteur d'erreur est
de 1 centimètre, étant donné l'étroitesse
des lieux, il était difficile de mesurer. Le beffroi est en madriers
de chêne (tandis que la charpente de la tour elle, est en sapin).
Les trois moutons sont identiques. Ils sont en poutres IPN en forme de
U renversé et en système rétro-mitigé. Les
poutres sont peintes en bordeaux. Le joug possède quatre tirants,
ce qui est très classique.
Du côté
des faussures, on trouve mention des bénédictions suivantes. Le
facteur d'erreur (mots manquants) est mentionné par des xxx. En effet,
il était difficile de lire les inscriptions à cause du manque de
recul.
Les trois cloches
: ME FUDIT MICHIELS
JR TORNACI
xxx
MANU HOSTILI A° 1944 MEIS SORORIEUS
PAROCHIANI ME SUBSTITUUNT
xxx SUO
DEDICANT VEN Dno CASPARO SIMONS
SUPER GREGEM PER ANNOS JAM XXV
PIE SEDULOQUE
VIGILANTI
GASPARD ETIAM VOCOR ET MUNERE FUNGOR
AD DEI GLORIAM SONANDI 1921-1946
-
CONCILIUM
FABRICAE : AMATUS BERNAERTS, HENRICUS L'HOIR
FERNANDUS MORAINE, ROGIERUS PIRSON
RENATUS
PONGEIET, ANDREAS-PETRUS TYBERGHEIN
CONSTANTIUS VAN CASTEL
HUBERTUS VIERENDEELS,
EMILIUS VAN ROYE
-
EGO SUM AEGIDIUS
MANE ADSTABO
PATRINUS : GEORGIUS
BOUCKAERT
IN MEMORIAM MARGARITAE BOUCKAERT DEFUNCTAE
MATRINAS MARGARITA
PETRE-BERCKMANS
ANNO 1955
Les cloches sont toutes équipées
de marteaux à électro-aimant. En contrepartie, ils servent
fort peu. On fait sonner les cloches trois fois par jour. Après
l'interruption d'activité de 10 ans, on a remis en marche le système
de volée. Or, une pétition a été réalisée
par les riverains à l'encontre du tintement du marquage des heures
ainsi que la volée. Actuellement d'après le fabricien :
Nous sonnons l'Angelus
de midi et celui de 19h, les 3 offices monastiques et les messes en semaine,
les funérailles et chaque messe (nl, fr, portugaise et monastique)
des W-E. Tout est préservé sauf l'Angelus de
7h, et les sonneries profanes ou civiles des heures.
Le fondeur est Marcel Michiels Jr de Tournai.
Marcel Michiels Jr est considéré comme l'un des plus importants
fondeurs du XXème siècle en Belgique.
Voici
l'église de Saint-Gilles. Sur le parvis, elle est imposante. Elle est d'autant
plus au chevet car
la rue des Vieillards est en pente, l'arrière de
l'église gagne encore un étage.
Au
dessus du porche, on trouve une moulure de la vie de Saint-Gilles. Il est représenté
avec une biche, ce qui est une imagerie fréquente. Saint-Gilles était
retranché dans une grotte en ermitage, une biche poursuivie par des chasseurs
et épuisée serait venue trouver refuge auprès de lui.
Voici
la nef vue depuis le narthex.
Ici,
la nef est vue depuis l'étage du buffet d'orgue.
Le
transept. On voit bien les 'doubles' lampes, dont nous reparlerons plus loin.
Nous
allons maintenant monter dans la tour. C'est un dédale d'escalier et d'échelles.
Après
une belle volée d'échelles et un passage dans la salle des cloches,
nous voilà dans la flèche. Le bois de charpente est du sapin. Le
lattis verdâtre correspond à des nouvelles installations, placées
il y a peu en remplacement d'une charpente fatiguée. La toiture de la flèche
est en ardoise. On y trouve (je pense) quatre chiens assis en formes trilobées.
Ceci
est la nouvelle horloge. Les quatre tiges sont tout simplement les axes des aiguilles.
Ceci
est l'ancienne horloge.
La
charpente du sol de la flèche, sur lequel repose l'horloge. L'armature
métallique est ce qu'on appelle des tirants, ça permet de donner
une rigidité à la flèche dans les sens de traction et flexion.
C'est principalement destiné à rigidifier la flèche dans
le cas de grands vents.
Nous
voici maintenant dans la salle des cloches. Je ne peux malheureusement pas en
proposer une vue plus large, je reposais sur les madriers du beffroi, c'était
peu confortable pour de très longues pauses. On remarquera que les trois
cloches sont dans le même beffroi, elles reposent au même niveau,
elles ont des axes de volée parallèles. Les abat-son sont en bois
recouvert d'ardoises.
Les
madriers du beffroi sont en chêne.
On
remarquera que les voies sont inexistantes, les fermes sont d'une pièce
et armaturées avec des plaques d'acier boulonnées. Au vu du fractionnement
des plaques, on peut s'interroger sur l'utilité. En attendant, les fermes
ne subissent aucune flexion. Les paliers sont alternés. Ils sont en excellent
état.
Ici,
on voit bien le type de mouton. C'est un mouton en U renversé, à
quatre tirants. Ce joug est surmonté d'une petite rajoute en acier rectangulaire,
sur laquelle reposent les traverses. Comme on peut le voir à gauche, cette
rajoute ne sert pas de contrepoids supplémentaire, elle est vide. On peut
supposer que
c'est une simple adaptation à la longueur des tirants.
Le mécanisme de volée est actionné par trois moteurs
classiques. On ne trouve plus aucune trace de trous à cloches (du
temps où le système était actionné avec des
cordes). Vu la date des cloches, c'est compréhensible. Il semblerait
que les trous à cloches aient été remplacés
par des trappes en bois. D'après monsieur Randolfi, la corde était
actionnée par le sacristain depuis l'étage du comble de
nef.
Les cloches possèdent une dédicace à la faussure
en grandes lettres romaines. Le cerveau comporte la marque de fabrique
de Michiels. Cette marque s'accompagne de rinceaux. Il s'agit des petits
feuillages répétitifs autour des lettres, utilisés
comme ornementation.
Détail sur la dédicace. Ce qui est amusant, c'est que les
noms et prénoms des marraines et parrains sont latinisés,
ainsi Roger devient Rogierus.
On
remarquera que ces cloches sont en parfait état pour leur âge, au
contraire de certaines du même
âge qui ont dû subir les
attaques quotidiennes du guano.
Détail
sur la bélière et le baudrier.
Les anses ne sont pas ornementées, ce qui correspond à un
travail commun chez Michiels. On voit bien sur cette image la qualité
d'entretien des volants, il n'y a pas une seule plume de pigeon dans les
chaînes.
Les
battants sont d'une pièce, avec boule incorporée, et ils sont d'origine.
Etant
donné leur faible utilisation, ils sont peu usagés.
Plus
bas, nous allons arriver à l'accès sur le comble de nef.
SUITE
>