Le foyer pour mamans isolées
Voici la visite d’un foyer pour femmes seules. Curieuse dénomination ; c’est pourtant comme ça qu’on l’appelle dans le village. Après une rencontre avec la direction, j’ai appris plus précisément qu’il s’agissait d’un foyer pour mères isolées devant fuir leur logement pour cause de violences. Donc les conditions : une maman, un enfant, des coups qui pleuvent, une situation d’urgence : un accueil même la nuit. C’est tout de suite nettement plus précis.
L’accueil était réalisé sur le champ, au vu des situations critiques. Les mamans restaient entre un jour, quelques semaines, jusqu’à six mois. Jamais plus. Le but était de protéger et de restructurer. Très malheureusement, l’établissement était la plupart du temps plein à craquer. Un grand succès formant un triste palmarès.
Le bâtiment a été abandonné du fait que les briques ont été coulées en laitier, provenant de la fonderie localisée juste à côté. En effet avant d’être foyer, c’était le château d’un des fondateurs de l’usine. Les briques en laitier étaient certes super bon marché puisqu’il s’agissait ni plus ni moins de déchet de fonderie, mais la direction m’a révélé que c’était horriblement poussiéreux et tout à la fois instable. Une horreur donc.
Dès lors, le foyer a déménagé dans un bâtiment flambant neuf, situé une petite centaine de mètres plus bas. Petit c’est un fait, mais radicalement plus fonctionnel. Dans l’ancien bâtiment trainent de vieilles poussettes, des trotteurs, puis d’autres bazars voués à une disparition inéluctable. Et surtout ces histoires se dirigeaient vers un oubli de toute force.
Les femmes arrivaient là après des parcours turbo-chaotiques : violence, alcool, drogue, radicalisme ; c’était une pause le temps de sortir de là, un instant pour réaliser de la protection de l’enfance, de protéger des recherches actives aussi, du coup un anonymat et une protection étaient octroyés. Il y eut des bagarres quelquefois.
Avec Claudie, nous avions profité de l’abandon pour aller chercher un essaim tout en haut dans une gouttière – il était haineux : la grande échelle, quelle galère de malade, je faisais essuie-glace avec mes gants sur la grille de la vareuse !
Triste de se dire que notre société contemporaine a besoin de lieux comme ça. Voici donc quelques photos de souvenirs. C’est une urbex toute petite comme un pipi de kiwi, à défaut d’un grand château grandiloquent, mais tout du moins les pas se posent dans un endroit en fin de compte très particulier et indispensable. Que savons-nous si l’une ou l’autre lectrice a rencontré un jour ce parcours de vie ?