Les eaux minérales Sainte-Marguerite
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Cet endroit est un territoire qui relève de la magie : les eaux souterraines, les bulles, les odeurs, cette infinie préciosité de l’eau minérale. Le lieu est marquant. D’ailleurs c’est curieux. D’un point de vue de l’urbex, on pourrait quasiment dire qu’il n’y a rien, d’un point de vue de l’adrénaline, c’est le zéro absolu. Pourtant, on ressent intimement et puissamment la force des eaux, tout le respect qu’on lui doit … notre folie humaine à l’abandonner.
Bref on l’a compris, un endroit spécial ; de ces broutilles qui restent dans la mémoire, au contraire d’urbex majestueuses dont on vient se surprendre soi-même d’oublier le souvenir. Ca vous est déjà arrivé, vous, de vous trouver saisi par un endroit banal ?
Il s’agit des anciennes eaux minérales Sainte-Marguerite, sur la commune de Saint-Maurice-ès-Allier, dans le Puy-de-Dôme. Le lieu a été entièrement abandonné, au profit d’une usine flambant neuve, qui embouteille juste à côté. Les eaux appartiennent à Intermarché. L’accès au lieu n’est pas clair (barrière, panneau), et pourtant semble aussi bien d’accès libre que limite touristique. Pourtant des secteurs complets sont spongieux de formations sulfurées. Boarf de dépit, on y est bien, y aurait-il quelque chose à ajouter ?!
La création des eaux minérales date de 1929, l’abandon du site date de 1993. Les eaux sont embouteillées dans une usine moderne, située à un petit saut de puce : l’autre côté de la route.
D’après les bribes que l’on retrouve, le site était un petit établissement thermal. Notons qu’il ne subsiste pas de bains, en tout cas à ma connaissance : ces thermes dateraient du XVIIème siècle. Il existait une usine d’embouteillage, toujours visible à ce jour, comportant des montagnes de capsules, de casiers, et de multiples résurgences d’eaux minérales très chargées en sulfures et machins-trucs ferreux. C’est de toute beauté.
A de nombreux points du site se trouvent des sources, souvent fléchées ou intuitives, qui font apparaitre des carrément curieux glouglous, des rejets fantasques de gaz carbonique à grand renfort de bulles-bizarres, puis des monuments en ciment carrément à l’ancienne. Honnêtement, c’est beau tout simplement, un petit patrimoine touchant, légèrement délaissé tout de même. A noter la présence d’un geyser, qui jaillit à peu près toutes les 20 minutes, durant 4 minutes. Dans la mare aux grenouilles, ça fait tout d’un coup fssshhhh !! Atypique, idéal avec les enfants.
Ce sont des eaux carbo-gazeuses naturelles, donc sans adjonction. L’établissement était tenu par Georges Humbert. Dans la maison, des montagnes de papiers éparpillés au sol. Le métier ressort tout de suite : trier, lire, préserver : tant d’amour à parcourir ces vieilles feuilles. Il s’agit d’une ample correspondance exclusivement commerciale. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de vie dans toutes ces eaux redevenues libres, un peu foldingues, à courir vers l’Allier dans des déversoirs de concrétions. Je conseille beaucoup la visite de ce lieu urbex curieux : les anciennes eaux minérales Sainte-Marguerite.