La maison Gabriele
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne m’y attendais pas du tout. C’est ce qu’on appelle un check map. On détecte sur Google Maps qu’un bâtiment est isolé dans la végétation et ne possède plus trop de voie d’accès, alors on va voir. Au petit bonheur la chance. C’est souvent comme ça. Ici, les prévisions étaient sur une bonne grosse ruine, voire éventuellement sur un chantier jamais achevé.
Sur place ce qui surprend, c’est l’invisibilité du chemin. En fait c’est complètement perdu dans la nature abondante des Cévennes. Et une fois au devant de l’habitation, c’est un correct petit déluge de ronces. J’erre dans le domaine et finis par vraiment conclure : c’est un chantier abandonné depuis très longtemps. Le domaine est vaste, chaotique, confus. Puis dernière chance, il reste ce qui ressemble à une maison.
Et là quelle surprise franchement. Je suis accueilli par un bébé zombie dégueulasse à moitié cadavre. La maison est dans un état totalement chaotique à moitié putréfié. C’est ultra sombre, ultra sale, ultra glauque. Pourtant, il reste complètement tout dans ce bordel. A l’étage, les planchers sont aspirés par le vide, c’est dans un état de putréfaction catastrophique, c’est dangereux.
Depuis combien de temps ce lieu est-il livré à lui-même dans une solitude affreuse ? Mais ce n’est pas forcément fini. Mon regard est attiré vers le haut. Mais quel est ce truc ??????? Est-ce un jarret de jambon complètement moisi, ou est-ce un lapin, un chat, crevé, totalement dénué de poils ? Je distingue des yeux, des oreilles, des pattes sectionnées ; en dessous une pince coupante en métal rouillé. OK, ce lieu est une simple horreur.
Il s’agissait de la résidence secondaire d’un couple Allemand : Götz et Gabriele. Il est né en avril 1940 à Berlin, elle est née en avril 1950 à Munich. Le voisinage évoque qu’il s’agit d’une baronne. Son nom vient consolider plus que beaucoup cette hypothèse. Si elle déclare encore une adresse allemande en 1992, lui déclare une adresse récurrente, localisée à Arles. On relève aussi une adresse aux Vans.
Au plus loin que nous remontions, la maison appartenait à Julien DELENNE en 1966. Il effectuait du transport de bois. Par la suite, le voisinage nous a expliqué que les lieux ont été occupés par des soixante-huitards. Ils étaient nombreux et des travaux de toute sorte ont été engagés, lesquels n’ont pas été achevés. C’est à cette suite que le couple Allemand s’installe.
De nombreux indices laissent à penser que le couple était restaurateur à Arles, « Au Bon Coin » aux numéros 1 et 3 rue de la Cure. L’entreprise a été créée en 1985 et a cessé son activité en 2007. Le street view révèle un établissement en état de complet abandon en 2018.
Impossible de déterminer la date de l’abandon. Cela se situe assez probablement en 1998. Quelle raison ? Ils ont beaucoup de biens immobiliers, celui-ci étant très exigeant en matière d’entretien, leur âge a peut-être provoqué une fatigue, un geste volontaire ou involontaire menant à l’abandon.