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L'hôtel 104
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
L’hôtel 104 est un très petit établissement qui faisait étape sur la longue route des vacances : une seule nuit, un bon petit repas, bref tout ce qui pouvait bâtir l’histoire des routes nationales à l’époque … une désormais lointaine époque. Le décor ne s’y prête pas totalement, mais on se rapprocherait presque du Cercle rouge de Jean-Pierre Melville.
L’hôtel est constitué d’un bar, d’une petite salle de restaurant, d’une cuisine, puis une enfilade de chambres carrément minuscules. Un confort pour le moins rustique l’on s’en doute quelque peu, un minimum d’une nuit durant à trajet à couper en deux. Mais cela a certainement été fait avec soin, avec cœur même. Tout en témoigne d’ailleurs.
Je m’attendais à une seule photo pour un tel endroit ; on passe et repasse devant tout le temps. C’est à peine plus, ce que j’en ramène, mais ça permet de garder mémoire. Aucune photo des chambres tant c’est exigu, vide et noir.
Le lieu fut la propriété de Sylvette et d’après l’affiche… reste à vendre, au-delà des vents et marées.
Sylvette est décédée en décembre 2011 à l’âge de 81 ans. Elle était immensément connue dans le terroir local, de par son établissement. En effet après avoir tenu le café à la sortie des usines à Salindres, elle avait lancé avec son mari Marcel ce petit hôtel, restaurant, station service aussi. L’affaire avait été on ne peut plus florissante. A tel point que les dernières années se voient adjointes d’un petit parc animalier à l’arrière.
Tout un chacun se rappelle de venir prendre un café le matin en cet hôtel, juste avant le bus : c’est en tout cas ce que les anciens m’en témoignent.
Lors du décès de Marcel, l’affaire devient lourde à gérer pour Sylvette, qui prend la décision de prendre sa retraite et de vendre l’établissement. Mais les temps ont changé, désormais ce sont les Formule un, Première classe, Mister Bed, ces boîtes à chaussures de bords d’autoroutes ; lieux fabriqués à la chaîne et pour ainsi dire clonés. Finie l’ambiance.
Carcasse de l’oubli, l’hôtel n’attend qu’un avenir : un café peut-être. Il est actuellement propriété de l’établissement immédiatement attenant et reste toujours à vendre.
La tombe de Sylvette, au cimetière du village.