Exploration campanaire, les cloches de Félines
Voici une exploration campanaire du clocher de Félines, qui outre son nom de ville carrément attachant, possède un ensemble de cloches plutôt étonnant, relativement rare, et qui mérite amplement qu’on s’y attarde. Mais si l’on parle de cloches ici, Félines c’est avant tout son église et son clocher. En effet, sa forme est étonnante et esthétique. Les volets ouvragés ne font que renforcer ce charme indéniable.
Il est peu dire que nous avons énormément apprécié l’esthétisme de ce lieu.
La sonnerie est plutôt conséquente pour un village de 300 habitants niché en plein cœur d’une campagne discrète et agréable. On y trouve en effet 3 cloches, dont étonnamment le boîtier d’automation est un Tempora, ce qui est relativement peu répandu en France : à la base il s’agit surtout d’une fabrication Belge émanant des ateliers Clock O Matic.
Deux cloches sont d’une coulée homogène. Elles datent de 1783 et émanent du fondeur Louis Decharme. Une indescriptible confusion s’offre sur la plus grande. En dédicace, elle est signée MARTIN TORTEZ FONDEUR. Or, une estampille très lisible mentionne Louis DECHARME. Considérant la parfaite similitude avec la Decharme de Thueyts (07) et le fait que Tortez soit totalement inconnu au bataillon, nous ne faisons aucun doute sur l’identification.
Louis Decharme était le père du plus connu et prolixe Pierre Decharme. Il reste que conformément à l’ensemble campanaire de ces fondeurs, l’épigraphie est mauvaise et la musicalité est bonne – c’est une constante. Il s’avère que les lettres sont non ébarbées et la panse démontre des traces manifestes d’une potée trop humide, ainsi que des bulles de dégazage. Il reste que les cloches Louis Decharme sont franchement peu nombreuses. Quelle heureuse découverte.
Comme nous le rappelons, les Decharme étaient des fondeurs itinérants du Bassigny lorrain. Leur caractère ambulant explique largement une certaine sécheresse de l’épigraphie ; ils n’avaient pas un luxe de matrices à disposition, ni le confort d’une fonderie bien établie.
Le clocher est d’un aspect tout autant étonnant à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est une chambre des cloches en longueur, dans un état d’entretien parfait. La troisième cloche émane des frères FARNIER de Robécourt dans les Vosges. Elle date de 1875. D’une décoration très sobre pour cette fonderie, notamment en l’absence de toute dédicace enserrée dans un liseré ovale, ni de figure christique ou mariale d’ampleur, c’est une cloche simple.
Les Farnier ont fondu pour La-Chaise-Dieu en 1878. Dès lors, il n’est pas à écarter qu’ils étaient bien implantés dans le secteur et que Félines a joué un rôle de précurseur lors de la fonte d’une cloche pour l’abbatiale. Seule la Farnier est sonnée en volée. Il s’avère que la petite est fixée en timbre fixe, la seconde Decharme viendrait la cogner si elle était actionnée en volée.
Les photos démontreront sans ambages ô combien le lieu a pu être plaisant.