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Exploration campanaire, les cloches de Thines

Voici une exploration campanaire du clocher de Notre-Dame de Thines, église romane emblématique localisée sur la commune de Malarce-sur-la-Thines. Si le reportage mené ici date de nombreuses années, il s’inscrit pleinement aujourd’hui dans l’inventaire systématique des cloches du Vivarais Méridional (177 communes), d’où sa publication.

Si l’église représente un édifice d’un renom dépassant largement la sphère régionaliste, il s’avère que le patrimoine campanaire ne se révèle pas de la même ampleur. Les cloches ont une valeur patrimoniale faible.

L’édifice possède un clocher peigne, qui révèle une banquette à l’arrière ; c’est le cas de nombreux édifices de ce secteur : Planzolles, Faugères, Saint-Jean-de-Pourcharesse. Cela constitue en outre une situation inconfortable, permettant difficilement d’évaluer la face de cloche côté vide, ce de surcroît que l’instrument nous intéressant est gros, donc difficile à percher.

Dans les deux arcs en plein-cintre, on trouve deux cloches. La plus récente est une Burdin Aîné, fondeur à Lyon, datant de 1884. Elle est d’une décoration non standardisée pour cette fonderie, ce qui peut s’avérer surprenant. En contrepartie, c’est un instrument très fréquent. La seconde cloche est une anonyme de 1719. Elle est classée à la POP, mais la faiblesse documentaire de son classement ne nous apprend rien.

Sa dédicace est la suivante : (ligne 1) VITAL RANC PRIEVR CVRE DE TINE CHARLES MATHIEV NOre ROYAL DE LONGVEVILLE P (ligne 2) MARGVERITTE ROVVEROL DVD  LIEV M.L.B. CONSVL I B C F  1 7 1 9. Ce qui témoigne inévitablement d’une difficulté : cette cloche ancienne n’est pas signée. Le fondeur est le même que la cloche ancienne de Sablières (1714), de par deux indices : la forme des E, très spécifique, avec un jambage en bas très long, de même que la métallurgie.

La dédicace mentionne donc Vital RANC, prieur, curé de Thines, Charles MATHIEU, notaire royal du château de Longueville situé à deux kilomètres, Marguerite ROUVEROL, dudit lieu. Ensuite des lettres : MLB, consul. IBCF (ou IBCB ou IBCE, la précision est catastrophique) et la date 1719.

A Thines, ce qui choque immédiatement est l’extrême pauvreté de la métallurgie. Sous réserve d’analyse de sa teneur, cette cloche apparaît comme ayant une métallurgie déplorable. Les couleurs sont brunes, sombres, variables. La forme du cerveau n’est pas régulière. La robe possède une texture très granuleuse, des bulles, des irrégularités, qui dénotent une potée d’une très grande médiocrité. Au-delà, on aperçoit du cerveau à la faussure une fissure verticale, que le fondeur a rechargée.

Il est clair que le fondeur a coulé en place au pied de l’église, et que Thines s’avère absolument impropice à l’extraction d’une glaise fine. C’est une terre qui n’existe pas dans ce pays ni proche. Le fondeur a eu des problèmes catastrophiques sur sa fausse-cloche. Qui plus est, sa dédicace n’est pas ébarbée et ses effigies sont d’une grande pauvreté. La cloche de Sablières fait montre de défauts comparables, dans une moindre mesure toutefois.

Cela rejoint la constante que les cloches XVIIIe ont une qualité métallurgique affligeante. Les siècles précédents ou suivants sont étonnamment bons. Dès lors, Thines ne représente nullement une exception.

Les deux cloches ne sont plus sonnées. La cloche ancienne possède un câble immobilisé dans un poquet de ciment. La cloche Burdin possède un câble permettant de tirer le battant, cela reste une installation dans un état déplorable. Les deux suspensions sont usagées, empêchant les mises en volée, qui de toute façon ne sont plus pratiquées.

Trouver une cloche ancienne n’était pas une surprise au vu du classement par la Drac. Le relevé sur place n’aura pas permis de compléter les informations.

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