Tchorski
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La montagna dimenticata (partie 5/5) - page 5/5



Le fourneau.


La musique des papiers commencent.


Certains sont très anciens.


Dans le 'gros bazar', il faut avoir le courage de fouiller dans les Mickey's et autres papiers sans valeur.


Les découvertes sont merveilleuses, à nouveau nous voici au coeur d'une famille.


Dans cette pièce très sombre, les vestes pendent encore.


On relève le nom Masoch, mais avec une faute d'orthographe commune, qui se retrouve même chez les expatriés.


La toiture tient grâce aux 'étais', si on peut appeler ça comme ça.


Un lieu si pauvre, deux pièces pour placer toute une vie.

Mais nous ne parlerons pas de ce hameau - finalement annexe par rapport au reste - pour montrer ces lettres, bien sûr préservées comme les autres pour le musée. Nous refermerons la porte en silence et laisserons la chaise à sa tristesse.

Conedera est l’avenir. L’abandon est proche, présent et déjà loin. Devant l’habitation la plus au sud, il y avait des chaussons devant la porte. C’était comme si l’habitant dormait. Ca faisait peu de temps que le jardin était déserté du pas lourd et fatigué, la mort l’a emporté. Il n’y a aucun avenir pour les villages dont nous avons parcouru les chambres fantômes. Les murs vont s’effondrer. Dans dix ans, nous reviendront, nous reprendrons les pentes abruptes. Nous glisserons sur les feuilles humides. Eventuellement même, nous chuterons dans le Pezzea. Cela nous fera rire. Mais ce sera un rire empreint de discrétion et d’une tristesse floue, car nous reviendrons avec une certaine émotion : celle de voir que nous sommes arrivés là, dix ans auparavant, et ici « je te jure j’ai même été dans le grenier, j’en ai des photos ». Devant nous il n’y aura qu’un tas de pierre moussu, éventré par des hêtres. Nous chercherons la mémoire des Casaril dans la forêt, elle sera enterrée sous les feuilles de l’automne. Quel sera notre sentiment ? Quelle a été le leur, lorsqu’en 75, peut-être 1980, ils sont inévitablement revenus voir les ruines de leurs enfances, de leurs amours, de leurs rêves ?

Conedera n’est qu’une friche parmi tant d’autre. Ce sont des bouts de maisons qui peinent à tenir debout. Conedera, c’est l’avenir de Pattine, de Titelle et de tellement de hameaux de montagne qui sont en train de crever à petit feu. Mes mots et mes images se sont frayés une place ici pour préserver la mémoire d’un pan de montagne, quelque part loin dans un vallon d’Italie. Des comme ça, il y en a quinze, que ce soit en France, en Espagne, en Slovénie. Il y en a quinze que dis-je, peut-être le double du triple. C’est sans compter une immense contrée Alpine en train de se replier sur elle-même, saccagée pour le ski, revendue comme maison de vacances à des touristes et qui n’y viennent que 15 jours par an. La vie est engloutie dans les villes bruyantes et sans âme. Ce documentaire se clôt ici sur les images de Conedera, précurseur d’un large abandon à venir, mes mots sont à la mémoire des Casaril, à la mémoire des Bressan, à la mémoire des gens de la montagne, à la mémoire de ces solitudes campagnardes ; quand on touche à l’abandon, quelque part c’est pour parler de la vie. Que mes mots soient à l’honneur de ces vies rurales qu’on oublie un peu trop vite.

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