Ce
documentaire est un reportage sur la partie souterraine de la Sennette sous Clabecq.
Réalisation technique : Nicau Elias, Vincent Tchorski.
Les photos NE sont de Nicau.
Backup
sécurité et documentation : Cédric
De Keyser.
Avertissement
: La rivière est un milieu fort dangereux. Ne vous y aventurez pas sans
certains principes de précaution, dont une sécurité de surface,
une consultation de la météo, etc. Sans précautions, le milieu
peut s'avérer mortel, surtout au vu de la teneur en gaz de certaines parties.
La
Sennette est un cours d'eau de Belgique, affluent de la Senne. Cette rivière
prend sa source à Familleureux, passe à Écaussinnes, Ronquières,
Virginal, Oisquercq, Clabecq. Elle se jette dans la Senne en aval du croisement
du chemin de fer Bruxelles-Mons et Bruxelles-Clabecq. Elle fait la limite entre
Clabecq et Tubize sur une longueur de 3500 mètres. Elle entre sur le territoire
de Clabecq lorsqu'elle passe sous la voie ferrée, à l'endroit où
se trouvait la ferme Ballant, démolie en 1919 lors de l'agrandissement
des Forges.
La Sennette a toujours constitué une frontière. La rivière délimitait déjà le territoire des Nerviens de celui des Eburons au premier siècle avant Jésus Christ. Plus tard et au début de son histoire industrielle, elle actionnait un moulin à battre le fer, qui est à l'origine de la fondation des Forges. La construction remonte au 8 novembre 1781, on la doit à un entrepreneur bruxellois : Marc-Pierre Van Esschen.
Autrefois, la Sennette était grossie à Clabecq des eaux du Hain, mais ce dernier se jette maintenant dans le canal à la hauteur du haut-fourneau n°6, suite au détournement de la Sennette lors du creusement de la tranchée du canal. Elle reçoit par contre les eaux du ry de Vraimont, puis les eaux du ry Saint-Jean.
La Sennette a été placée dans un double-pertuis depuis Oisquercq et n'en sort qu'après le barrage situé près de l'ancien bureau des Forges. La sortie nord est assez profonde, malodorante et malaisée à visiter. L'entrée sud à Oisquercq possède une chute avec un fort courant, le sol est rudement glissant.
La Sennette est aussi voûtée entre Virginal et Oisquercq. Ce voûtement a été réalisé lors de la construction de l'écluse d'Ittre. L'entrée sud est un superbe ouvrage qui vaut une promenade. En contrepartie, le sol de la chute d'eau est furieusement glissant, à éviter. La sortie nord est assez banale, envasée.
Dans
cette région à forte pression démographique et industrielle,
la qualité des eaux de la Sennette est médiocre voire mauvaise,
en cause principalement les rejets des eaux usées ménagères.
210.000 habitants sur un territoire de près de 600 km², cela dégrade
immanquablement les ressources en eau du bassin. Elle a une hauteur approximative
de 35 centimètres d'eau pour un débit moyen de 0,40m³ par seconde
(source : Aqualim, mesures d'octobre 2009 pour la station d'Oisquercq).
La Sennette en 1904 à Roncquières.
Caractérisation souterraine de la rivière
Il y a 2 souterrains, un entre Clabecq et Oisquercq (3500m), un second entre Oisquercq et Virginal (2000m).
Côté Clabecq, sortie nord : Double pertuis, structure en béton à pieux emboués. Pertuis difficiles à visiter, il y a un niveau d'eau élevé, de la vase, des branchages qui obstruent. Au bout de 200 mètres, on ne peut aller plus loin, sauf mise en oeuvre d'un bateau. La cause probable est l'obstruction du pertuis par des branchages enchevêtrés ; le niveau d'eau - déjà haut - est fortement augmenté.
Pertuis gauche, côté canal : en partant de l'aval, il est complètement ensablé au bout de 200 mètres. Cela signifie qu'il n'y a plus qu'un seul pertuis qui fonctionne. Dans ce pertuis gauche, présence de H2S à cause des eaux stagnantes. Impossible à visiter cause gaz, nous avons renoncé. Ensablement impossible à grimper, c'est une patinoire. La région wallonne a été prévenue du souci d'envasement de ce pertuis, afin d'éviter de futures inondations en amont, en cas de crues. Pour quelle action ?
Pertuis
droit : présence d'une ancienne installation des forges, sous forme d'une
porte métallique.
Suite à
consultation des plans, il ne s'agit pas d'une prise d'eau comme nous le supposions.
Il s'agit d'une vanne de rejet des eaux du laminoir. Les eaux étaient pompées
dans le canal par le biais des turbines de filtration. Le tuyau de pompage des
eaux de refroidissement du laminoir passe (encore probablement) sous la Sennette.
Seul le rejet des eaux se faisait dans la Sennette, avec pour seul système
de refroidissement un passage à ciel ouvert dans l'usine. Le plan mentionne
"rejet laminoir" et "rejet HFx". Il y a donc deux vannes,
nous n'en avons vu qu'une puisque nous avons été stoppés.
Côté pompage, il y a une, voire deux (?) installations de turbines
à filtration, dont une est certainement encore existante fin 2009. L'autre
?...
D'après Cédric
De Keyser, sur les indications de monsieur Brohée : on puisait dans la
Sennette pour la granulation du laitier et le lavage des gaz de haut-fourneau.
L'eau de lavage était rejetée dans la rivière mais était
préalablement décantée dans une station d'épuration
(bassin Dorr Oliver). On puisait dans le canal pour le refroidissement des hauts-fourneaux.
Le château d'eau en briques stockait l'eau de la Sennette. Le château
d'eau en béton (500 m³) stockait l'eau du canal. Avant 1966, on n'utilisait
pas encore des bassins à lits filtrants, donc pas de décantation.
L'eau encore chargée de laitier était rejetée dans la rivière.
Dès que les bassins à lits filtrants ont été utilisés,
l'eau rejetée à la rivière était sensée être
pure.
Idée reçue, la Sennette passe en voûte mouillante ? Nous l'avions longuement supposé, nous pensions que c'était dû au pompage d'eau de refroidissement dans la Sennette. Faux ! Les installations de turbines de filtration sont dans un ou deux bassins, autonomes de la Sennette. Ces bassins communiquent avec le canal. Pourquoi cette particularité ? Nous supposons que les Forges pompaient 12 à 15.000 m³ par heure. La Sennette seule était insuffisante. Son débit habituel avoisine les 1500 m³ heure. On séparait donc les sources, la Sennette pour la granulation, le canal pour les HFx. D'après Cédric : L'eau de refroidissement n'a été filtrée qu'à partir des années 60. Avant, tout et n'importe quoi risquait de se retrouver dans le circuit. C'est comme ça qu'ils ont une fois failli perdre un haut-fourneau à cause d'une anguille...
Côté
Oisquercq, entrée sud : Même structure qu'à
Clabecq. Pertuis très long, fort courant. La longueur développée
jusqu'à Clabecq est de 3500m. Très-très monotone.
Le
pertuis droite (pour garder le même côté que celui de l'entrée
Clabecq, ou plus simple, pertuis côté canal) possède des eaux
stagnantes. Le courant n'arrive pas à s'y engouffrer et il y a du reflux,
cause ensablement plus loin. Présence de vases et fortes doses de H2S.
Non visité.
Pertuis droit : visité.
Quelques installations
étranges, non identifiées, génératrices de mouchettes
à foison. Plus loin : rejet du Ry St-Jean ou du Ry de Vraimont. Le busage
rejette une eau très limpide.
Côté Virginal, entrée sud : Superbe installation. Double pertuis en béton. Présence d'un pont avec margelle. Faire attention au trou en bord de rivière, dangereux en cas d'inattention.
Côté Oisquercq, Sortie nord : Même structure, mais en plus banal. Le fond est assez envasé, ce qui provoque de la fermentation et une odeur un peu moins agréable ! Entre les deux entrées, 2000 mètres de pertuis fort monotone. A proximité de la sortie nord, envasement dans le pertuis, donc production de H2S. Danger, gaz toxique ! Les pertuis ne communiquent pas entre eux. Il n'y a de jonction à aucun endroit. Au début, côté Virginal, le pertuis est profond : 10 mètres environ. Il passe sous le niveau du canal, ce qui provoque pas mal d'eaux d'infiltration au niveau des joints poly-vinyle. En aval, la rivière est en surface. Elle est busée dans un gros pertuis de béton, visible en bord de chemin de halage.
Ce voûtement de la Sennette a été réalisé lors de la construction de l'écluse d'Ittre. Suite aux travaux de diguage de l'écluse, la Sennette se trouvait au dessus du canal et en cas de crue, elle pouvait noyer le bassin aval de l'écluse. Buser a permis de se libérer des mises hors service en cas de crue de la rivière. De plus, le sas amont de l'écluse est à un niveau largement supérieur à celui de la Sennette. Côté talutage, la construction hors-sol de ce bief amont aurait été impossible, un talus monumental aurait été nécessaire, et pour quelle stabilité ? Passer la Sennette en souterrain a permis de taluter avec une bonne longueur, ce qui donne ainsi une bonne stabilité à l'ouvrage.
Promenade en images...
De Clabecq à Oisquercq
L'entrée
côté Clabecq.
Sans
être exagéré, le niveau d'eau est déjà important.
La suite sera pire...
Voici
l'aspect de la Sennette souterraine.
Le
pertuis rectiligne s'enfonce dans l'inconnu, avec un aspect fort monotone.
Au
bout de 200m, les premiers signes d'ensablement se font sentir.
Et
puis c'est la fin du voyage.
Une
trappe de rejet d'eau en provenance du laminoir des Forges de Clabecq.
Plus
loin, le niveau est fort élevé, c'est impraticable sans bateau.
Dans
le pertuis gauche, l'envasement provoque l'apparition d'eaux stagnantes.
Ces
eaux sont chargées de vases, qui lorsqu'on marche dessus, lâchent
beaucoup de H2S.
Communication
entre les deux pertuis.
Au
revoir les mystères de la Sennette. (NE)
Sortie...
Plus
tard dans la journée, nous voici à l'entrée d'Oisquercq.
Le
pertuis de droite est en eau stagnante à cause de l'envasement 3km plus
loin. Le pertuis est invisitable à cause des dégagements élevés
de H2S dans la vase.
Le
pertuis de gauche est visitable. On y trouve l'aspect d'une petite Senne, c'est
exactement le
même paysage, mais en plus petit. La Sennette porte bien
son nom.
Ici,
cette plaque n'est pas identifiée. A quoi servait-elle ? Eventuellement
à remplir un bassin adjacent pour du pompage d'eau ? Etrange...
Le
pertuis va très loin, avec un aspect des plus monotones !
Le
rejet d'un ruisseau à l'eau fort pure. C'est soit le ry de Vraimont, soit
le ry Saint-Jean.
En
contre-jour.
Dans
le fond du fond, le plus loin que nous ayons été. (NE)