Ce documentaire sur la cokerie d'Anderlues est scindé en de nombreuses parties. Chaque image ci-dessous mène à un reportage à part entière. C'est constitué en détail de :
-Un
reportage photo de novembre 2002, à la fermeture de l'usine.
-Un reportage
photo de novembre 2008, un parallèle six ans après la fermeture.
-Une
annexe de quelques photos : une tentative de documentaire en mai 2006, arrêtée
par les personnes présentes sur le site en cours de démantèlement.
-Une
triple annexe volumineuse et intéressante, des scans et photos des cahiers
de fours.
-Une annexe assez longue : les documents de la vie et mort de l'usine.
-Un
récit des souvenirs de Daniel Faidherbe.
-Les photos anciennes de Gilles
Durvaux.
-Les photos des ouvriers de la cokerie (celles qu'ils possèdent).
-Les
photos des ouvriers lors de la réunion du 7 mars 2009.
-Un aperçu
de la cokerie en 2009.
-Les photos des ouvriers par Geoffrey Ferroni.
-Les
interviews sonores et retranscrites des ouvriers et ingénieurs.
-Une
vidéo de la cokerie en fonctionnement en 2002.
En fin de cette page, on trouve un essai de reconstitution de la liste du personnel.
Ce
projet peut donner l'apparence d'être l'oeuvre d'une seule personne. Ce
n'est pas le cas et nous sommes d'ailleurs très loin du compte.
Je remercie
Geoffrey Ferroni pour l'aide logistique le 11 février,
6 et 7 mars, ainsi que pour son talent dans la réalisation des portraits.
Patrice
Niset pour l'aide logistique le 7 mars, les enregistrements audio et les
remastérisations de vidéos.
Carlo Di Calogero
pour son aide logistique, ses portraits et ses talents de cuisinier.
La famille
Elias pour l'accueil chaleureux à Thuin.
La famille
De Bruycker pour l'accueil à Biercée, Renée
De Bruycker, Laura et Aurore Dambremont.
Gilles
Durvaux pour son aide aux transports, son accueil à Chatelet, son
soutien lors des interviews.
Christelle Léglise
et Fréderic Capelle pour le prêt
de la tonnelle.
Grand merci à Daniel Faidherbe
pour son aide précieuse pour retrouver les anciens ouvriers et avaliser
notre démarche auprès d'eux.
Merci aussi à Cédric
De Keyser et Nicau Elias pour les photos-reportages
des ouvriers durant la rencontre du 7 mars 2009.
L'outillage nécessaire
à la rénovation des cahiers de fours a été recherché
par Sandy De Wilde, merci pour sa patience vis-à-vis
des documents affreusement poussiéreux.
L'usine a produit du coke, un produit carboné qui sert dans le process de cuisson du haut-fourneau, afin de produire de l'acier.
La cokerie d'Anderlues a ouvert en 1903 et n'a jamais cessé son activité. En 2002, face à la concurrence du coke chinois, l'entreprise s'est trouvée en difficultés. Le conseil d'administration a annoncé le 25 juillet 2002 avoir besoin d'un crédit-pont de 1,313 millions d'euros. Crédit temporaire ? En effet, tout le monde savait que le coke chinois était pourri et que les industries métallurgiques, après en avoir commandé une fois, n'y reviendraient pas. Le 31 juillet 2002, le conseil d'administration de la cokerie a acté le manque de 2 millions d'euros, facteurs conjugués à la crise du coke, la nécessité de moderniser l'outil de travail, le besoin d'épurer le site de pollutions, notamment au niveau de certains rejets d'eaux et de gaz. Après une période fort difficile, décision de fermer tombe le 3 octobre et grève des ouvriers le 23 octobre, la cokerie ferme définitivement le 30 novembre 2002. Il s'agit principalement de l'arrêt des fours, ce qui met au chômage 126 ouvriers et employés.
Nous rencontrerons alors en décembre 2002 Monsieur Dejnecki, le directeur de l'installation, et Monsieur Baudson, directeur technique. Lors de notre passage, il restait quelques ouvriers, ils effectuaient le nettoyage du site ainsi que l'inertage des cuves. Il y avait aussi la démolition par des sous-traitants de la cheminée la plus proche de la tour à charbon, devenue dangereuse suite à l'extinction (elle s'est tordue en refroidissant), et le démantèlement des défourneuse, enfourneuse, coke-car.
Les photographies de 2002 montrent cette usine quasiment lors de son état de fonctionnement. Au lendemain de l'arrêt, peu de choses ont changé, seule une pince gigantesque arrache des pans de métal énormes. Ils produisaient du coke surtout pour la construction automobile. Au contraire de Buda Marly, Tertre, Zeebrugge, Marchienne, Seraing, le coke a souvent une grande dimension. Ce sont des morceaux de 15 à 20 centimètres environ, les cribles étaient du 0/80, 0/150, 80/150, etc. L'usine est déjà un bateau branlant. Elle a subi peu de modernisation de l'outil. C'est pourquoi la batterie de fours ressemble à un navire en dérive.
Suite à la fermeture, la cokerie va connaître des évènements assez rocambolesques. Dans ce qui est avancé, il s'agit du dépouillement parfois anarchique d'articles de presse, donc ce qui est évoqué est à prendre avec de multiples précautions.
Avant même la fermeture, des vols sont perpétrés et un début d'incendie est à déplorer dans le laboratoire. Ceci 'aurait' été dû à la vengeance personnelle d'un ancien ouvrier.
Après la fermeture, le site aurait été repris par un ferrailleur, lequel de manière extrêmement douteuse, récupère tout ce qui est récupérable. C'est à lui qu'on doit partiellement l'état de pollution des lieux, les cuves étant découpées sans aucun scrupule les unes après les autres. Certains témoignages visent à ne pas imputer la cause au seul ferrailleur, mais il apparait évident que la recherche documentaire, industrielle et historique de ce site n'a aucunement la prétention d'établir des responsabilités.
A la suite de ce dépeçage, le site « aurait » été revendu pour un euro symbolique à un particulier, lequel aurait agi comme un promoteur immobilier, c'est-à-dire qu'il avait des vues pour bâtir des logements. La Région Wallonne aurait alors mené une investigation, une négociation, et la police serait descendue sur place le 4 octobre 2006 pour procéder à l'arrestation administrative du propriétaire.
Depuis lors, la Spaque « essayerait » de devenir propriétaire des lieux, par expropriation d'utilité publique, dans le but de dépolluer les sols. Cela aurait généré un conflit juridique avec le propriétaire.
A la date du 2 novembre 2008, six ans après la fermeture, nous avons effectué une nouvelle visite du site. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la vision est apocalyptique. Certains bâtiments ont disparu, comme le lavoir à charbon ou les convoyeurs. Des tuyaux sont arrachés, la batterie de fours laisse parfois des trous béants sous les planchers qui s'effondrent, attirant par là des aciers tordus, les arbres envahissent le site. Le pire, au-delà de l'aspect déchiré de l'outil et le vandalisme régulier, c'est l'état de pollution du site, qui même a vu d'oil de novice est une catastrophe. Même attaché au patrimoine, on en vient à souhaiter la démolition d'un pareil chancre. Les pollutions sont constituées de toute apparence d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, appelés en raccourci des HAP. Dans le cas de la cokerie, c'est en particulière du benzol, fort odorant. On trouve aussi du brai, des bitumes, de l'amiante, de l'ascarel, des sels cyanurés, des aromatiques monocycliques (HAM), des métaux lourds, des polychlorés (PCB), des solvants (EOX), des phénols, des déversements d'huiles. A Tertre, l'état de pollution, notamment aux sels cyanurés, était tout aussi important, si ce n'est encore plus large. Le problème ici à Anderlues, c'est que l'usine est en plein cour de la ville et que des témoignages concordent pour dire qu'il y a des enfants qui vont y jouer. Quand on imagine des ferrailleurs aux sous-produits, ce que les liquidateurs avaient renoncé à faire par précaution, on devine bien le massacre.
Le documentaire de 2008 sera sans équivoque sur la pollution.
A cela, j'ajoute une annexe documentaire qui m'est chère, des scans des cahiers de fours, une merveille qui aux yeux d'un amoureux de l'industrie vaut de l'or. Les fours ne pouvaient jamais être arrêtés, sinon les briques réfractaires se fissuraient. Alors, on travaillait en trois-huit. Pendant qu'une équipe partait, l'autre arrivait pour remplacer. Comme elles ne se croisaient jamais longtemps, on établissait un cahier de four. L'équipe 1 racontait toute la pause par écrit à l'équipe 2. Je vous propose quelques pages de ces documents manuscrits, où on retrouve un large éventail technique de la vie de l'usine. On trouve aussi mention que Jean-Marie DEJNECKI est arrivé sur le site de la cokerie le 30 juillet 1994. Ce ne sont pas les cahiers d'enfournement, qui ne mentionnent que les heures, mais les cahiers des surveillants.
Je remercie Monsieur Jean-Marie DEJNECKI, directeur de la cokerie en 2002, pour l'accueil sur le site et Monsieur Jean BAUDSON pour les explications techniques.
Je remercie Nicau ELIAS pour la recherche et le portage des 35 kilogrammes cahiers de fours, lesquels sont destinés au musée. Je remercie Gilles DURVAUX pour son aide précieuse dans la reconstitution des recherches documentaires sur les documents de vie et de mort de la cokerie.
D'après
nos documents, le personnel de la cokerie entre mars 2002 et juillet 1974 était
le suivant :
CORNELIS André, YERNAULT Bernard,
MOISSE Justin, ADANT Dany, DUBRUX Philippe, ADANT Didier, STRADA Franco
(quelquefois
STRADAI Franco),
CLEMENT Felix (
ordre
de la couronne 1er mars 2000 médaille d'or du travail),
ANDRIES Jacques, VANDEKERKHOVE Patrick, PORZICKI Daniel, VANDEPONTSEEL Philippe,
DUHAUT Michel, DELLOIS Alain, DEBRICHY Alain (
ordre
de la couronne 2 août 2002 palme d'or du travail),
PILETTE Albert (surveillant en chef), LECOMTE Dominique
(surveillant), PETIT Georges, CARPENTIER Henri, SURIN
Rudi,
SURIN Jacques
(
ordre
de la couronne 2 août 2002 palme d'or du travail),
RUGGERI Serge, ROSSELLI Raphaël, VANDEROOST André (
ordre
de la couronne 7 août 1995 palme d'or du travail),
STROOMEYTE Maurice, FLAMMINI Michaël, MICHEL Chantal, DUFOUR Jean-Claude,
DUMONT Didier, BASSEZ Gaston, POTIAUX Philippe (quelquefois
POTEAU Philippe),
HERBOTS André,
LESAGE Philippe, CARPENTIER Patrick,
CARPENTIER
Pascal, NOYER Claudy, MILCZANOWSKI
Stéphane, DELVAL André (père),
DELVAL André (fils), RICHARD Pascal, PRESVOT
Raymond, DELMARCHE Marcel, DJOU-DJOU, BAISE Jacques, BAISE Didier, ALEXANDRE Martine,
GLINNE Alain, CONCHETTA Franco, DELHEZ Michel, DERESTIAT Freddy (surveillant
en chef, ordre de la couronne 15 juin 1998 palme d'or du travail), DANIELLE
V, KNEB Willy, KNEB Fréderic, WASIK Yvon, SLUZALEK Joseph, CLEMENT Rudy,
HONORE M-A, SURAIN Paula, ADANT Sylviane, WERY Serge, POULET M-A, GREGOIRE Liliane,
NACHTERGAELE Fabrice, HODY Frank, WASIK Léocadie, DEHANDSCHUTTER Fabienne,
ANDRIES Julien, GOOSSENS Patrick (surveillant), GEORGES
Fréderic, BUTRYN Serge, COUNE Patrick, DUCAT Fréderic, DUCAT Daniel,
HERBOTS Philippe, BORREMANS Patrice, Mr DUFRANE, DEGRAEVE Michel, BOUHEZ S, COBU
S, OUBOUSKOUR L,
OUBOUSKOUR
Omar, HELSEN Olivier,
HELSEN
Freddy, ABDALLAH Ahmed, NOURENS G, VANLIERDE
Arthur, MADI Tahar, Mr SILETEAU, NISOLE Christian, BARISAN Luigi, STROOMEYTE Fabrice,
CLOSA M, GUIDI Albert, MATHIEU Philippe, BAUDUIN Jeny, FERRY B, NIVELLE Ghislain,
TIHON Stéphane, VANDEKERKHOVE Didier (dit VDK,
surveillant), LALLEMAND Jean-Pierre, GHISLAIN Arthur, MARCHAND Raymond,
CLEMENT Pascal, PIOT Jean, BRULEZ Maurice,
BRULEZ
Serge (Père), BRULEZ
Serge (Fils), Mr VERGANTS, Mr MARNEFFE, LAGNEAUX
Willy
(ordre
de la couronne 1er mars 2000 palme d'or du travail),
GHIDETTI Umberto, VAN HASSEL Marc, QUENON Michel, EDMOND Simon, Mr DEGRIEVE, Mr
VERGOLS, BERNICH Adolfo (quelquefois Adolf),
Mr VANDENKERQUE, DIVITO Dominique,
BERECZAFZI
Victor, HANIQUE G (directeur technique en 88), VERBECKMOËS
José, BANOUH Mohamed, WILLIAME Fernand, WILLIAME John, LEGROS Georges,
Mr DUVAZ, VAN LIERDE Arthur, CATALDO Vito, HAMAIDE Philippe (ingénieur
en chef), COGELS Philippe (ingénieur),
VAN NIEUWENHUYSSE Léon (surveillant, ordre de la
couronne 15 juin 1998 palme d'or du travail), MENNECHEZ Valère (surveillant,
ordre de la couronne 15 juin 1998 palme d'or du travail), MENNECHEZ J
(fils), AÏT-TAÏB LAHCEN ABDALLAH (surveillant),
GERARD Claude (surveillant, ordre de la couronne 15 juin
1998 palme d'or du travail), DERESTIAT Jacky (surveillant),
LEFEVRE Didier (surveillant), CHARNIAUX Alain, Mr
ZUCHERO (quelquefois ZUKERO),
ROYER Fréderic, DETIENNE Eric, BUTRYN Franz (ordre
de la couronne 11 mai 2001 palme d'or du travail), VAN LIERDE Yvan, LACROIX
Gilbert, Mr DESMECHT (ingénieur ?), FEUILLAUX
Claude
(ordre
de la couronne 7 août 1995 palme d'or du travail),
NAVEZ Gérard, SEBILLE Jean-Marie, HAMADI Ayadi, CHOCQ Michel, RIES Michel,
PREVOST Fabrice, WILMART R, PLUMART Camille (surveillant),
DEWILDER Patrick, DUPONT Jacques, WILLEMART Roland, Mr AZBUKOWICZ, PETIT Georges,
SONET André, MARLIERE Michel, VANKEERSBULCK A, DUBUISSON Philippe, Mr HAMAGNE,
BOLTERYS Michel, BORREMANS Marcel, CORDIER Armand, WILMART Mouloud, MARLIERE Francis,
Mr DZBIKOWIEZ, BAILLY Michel, PLUME Jean-François, HUET Bernard, ROYEZ
Fréderic, ZOGARO Giovanni, POLIART Marcel
(ordre
de la couronne 7 août 1995 palme d'or du travail),
SIMON Eric (surveillant), DZIBIKAWIEZ W, Mr PIOTA,
VANDENBERG Jean-Paul, PIZZINI Louis, Mr PANDEVILLE,
LEMAIRE Bernard, BLONDIAU Camille, DEVREIZE Noël, BRULEZ Daniel, Mr VANDENBERCHE,
Mr DELRUE, Mr GRAVEZ, Mr DZIKOWICZ, Mr GODAERT, Mr MATTHYS, Mr PAYEN, JOSSE Robert,
VAN PUYENBROCH Claude, VAN PUYENBROCH Christian,
VAN PUYENBROCH Désiré,
DESTERCK (Père),
REGA E, FAIDHERBE Daniel, JOSSE Noël, GRICCO Luigi, LATINO Pierre,
SCUTTENAIRE Jean-Paul, DUVAL G, Mr DE WITTE, ANIS Ayadi, Mr PILLOY, ASLOUM Samir,
SEBILLE G, Mr SCHOLDERS, SEBILLE Jean-Marc, MOULAIN Sallah, RICHARD M, GOURMEUR
Pol, DENIS Laurent, LEGOFF Freddy,
MARIN Philippe, Mr PAIMPARET, SIMON Edmond, DUCAT Patrick, Mr FIRLAT, COUNE Pierre,
COEN Bernard, RAILLO Zeria, ADANT David, PIETTE Pascale, NAVEZ Claudy,
UYTHERAGEN D, DERELLA Rudy, ODIN B, DUCAT
Daniel, Mr ALTAIRI, BAUDOUX A, Mr DEBETHUNE, LESPAGNE Karl, LAURICELLA A, BERNARD
Jules (ancien directeur,
ordre
de Léopold), TAHIB Omar,
Mr DESPREE, FERON D, VIZZINI Francesco, MOUREAU Gustave
(avant PILETTE), LORTIHOIR Paul (orthographe phonétique),
JOMCKHEER Jean-Claude, FERON Michel, CHARLIER Ghislain
(décoration du travail de deuxième classe), GARCIA
Antonio, QUERTINMONT R, FRIZE Victor,
LERAT Maximilien, FRIZE Serge, THIRY Robert, HAVAUX Léonce, LEBON Gilbert,
JOUJON Yvon, LEMAIRE Marcel, MEURANT Maxime, BARBIER Christian, RICHET Léopold,
HUART José, DETRAIT Marcel, PANFIL André, MEULEMANS José,
BURGEON Gérard, GOOSSENS Patrice, BAUDSON Ricardo.
Mr
BRISCOLINI Carlo était délégué
syndical permanent FGTB.
Mr
Jean-Eric ORTMANS avait un rôle dans le conseil d'administration
en 2001, comme investisseur majoritaire.
©
PATRICE NISET