La maison abandonnée à Aimé
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
Nous allons visiter aujourd'hui une maison abandonnée depuis longtemps. Il s'agit probablement de plusieurs années, nous pouvons supposer l'étendue immobile de cinq ans. La maison est tout à fait isolée et indétectable, nous l'avons découverte grâce à l'aide d'une personne connaissant bien le voisinage. Je remercie d'ailleurs chaleureusement pour l'aide apportée.
Étant donné que cette maison est indéniablement fragile, je ne partagerai pas la localisation de ce lieu, en vue de protéger le précaire patrimoine des voleurs et des vandales.
La maison à appartenu à Aimé M. Ce gentil retraité est né en octobre 1934. Il s'est marié avec Victoria B. Cette dernière est née en octobre 1926.
Aimé M. est décédé sur la commune concernée, en juillet 2018, à l'âge respectable de 83 ans. Nous avons trace d'un fils, Jean-Luc, qui assez visiblement est parti travailler au Texas, aux Etats-Unis, puis d'une fille dont nous ne savons rien.
Victoria et Aimé se sont séparés en 1983.
Vraisemblablement, Victoria serait décédée en 1999. Il est trace qu'Aimé a eu une seconde épouse, ou tout du moins une compagne. En cette période, il aurait délaissé cette maison prise en photo, et serait descendu dans la petite ville afin d'habiter avec sa compagne dans un appartement.
Aimé a habité dans la maison de gauche, c'est une habitation riche en patrimoine. A droite et accolée, la vieille maison est délabrée et ne possède que du matériel de remise. En 1999, l'indivision a cessé et Aimé a acquis de droit la partie manquante de la maison. D'après le voisinage, bien informé, la maison de droite a appartenu à la maman de Victoria, sa première épouse. La belle-mère s'appelait Marie B. Il y a eu de grosses ruptures de contact, un divorce et des mésententes. Aimé consommait beaucoup d'alcool.
Aimé a eu un parcours important durant son service militaire au Maroc. Il semblerait qu'il était premier canonnier, un tableau en atteste. Il a été remercié et diplômé. Au mur de la maison sont accrochés des tableaux des médailles et des drapeaux, qui indiquent l'importance de ce parcours pour lui. Aussi, un tableau diplôme son parcours en tant qu'ouvrier méritant.
De ce que nous savons, des photos que nous retrouvons, Aimé n'était ni un harkis ni un pied-noir. Il s'agit d'une personne française ayant eu un long parcours militaire à Casablanca et autres secteurs du Maroc.
Nous intervenons souvent dans des lieux où il se trouve un nœud. Quel est le nœud de cette maison ? Nous l'ignorons parfaitement. Est-ce que la succession a été vacante ? A-t-elle été refusée pour des questions de dettes ? Est-ce que la succession a été disputée ? Est-ce une question d'éloignement ? Nous ne le savons pas. En tout état de cause, cette maison est vide depuis longtemps ; ça se voit et se ressent.
La maison est restée pétrifiée dans son état. Rien n'a bougé. Seules quelques fouilles ont été organisées afin de débusquer un lingot d'or ; on se doute qu'il n'y a rien à trouver dans une maison de personne âgée tel que ce lieu isolé de campagne. Les voisins sont proches et veillent activement sur la bâtisse.
Étant donné que le logis est préservé et n'est pas victime de vandalisme, nous n'avons pas récupéré les photos et les documents. Cela appartient aussi bien au lieu qu'à la famille.
Dans l'immédiat, nous n'avons pas retrouvé la sépulture d'Aimé - tout laisse à penser qu'il est en commun. En contrepartie, nous avons ressenti intensément sa présence dans la maison. Cela explique que nous avons eu beaucoup de respect pour lui. C'est en cette démarche que je veux mettre son destin à l'honneur, par ces photos et par la description des documents que nous avons pu retrouver. Je vous invite donc dans une visite intense, un lieu d'émotion qui fut important pour nous.
Voici le banal aspect de cette maison.
La belle porte d'entrée.
La pièce principale.
C'est un petit fouillis.
De lourdes traces d'abandon.
Calendrier d'il y a très longtemps.
Chaque tiroir regorge de nombreux objets.
La remise derrière la maison.
Il aimait bien les animaux empaillés.
Mais quel aspect ! C'est glauque !
Voici des diplômes.
Le diplôme de canonnier.
Ses vieux chaussons sont encore là.
L'armoire de la pièce principale, il y avait plein de photos.
La première chambre.
Belle collection !
Un vieux poste de TSF.
La seconde chambre.
La cuisine.
La maison de Marie B.
Elle n'a pas grand intérêt. C'est essentiellement une remise.