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Chadrac & Polignac, la maison abandonnée à Mamette

Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.

Nous partons aujourd'hui à la découverte d'une maison abandonnée très isolée dans la broussaille. Il s'agit d'un lieu reculé qui nous a été indiqué, autrement nous ne l'aurions pas trouvé. La maison est localisée au lieu-dit Baubac, quelquefois Beau-Bac, anciennement à Chadrac, désormais à Polignac.

Cette maison donne un aspect banal de prime abord. Et bien, loin s'en faut, ça a été une sacrée aventure.
Il y a quelques mois, juin 2023, je publiais un sujet sur cette maison abandonnée, la maison à Mamette que nous l'appelions. Ce sujet était interpelant car de Mamette, nous ne disposions de rien, si ce n'est de son surnom. Rien d'autre ou presque n'était identifié, pas de nom surtout. Au fil des semaines, il a été débuté une recherche acharnée, avis de recherche, remuer le ciel et la terre. C'était agaçant, encore que, est-ce le bon mot ? C'est-à-dire ? C'est que plus nous cherchions, plus nous ne trouvions pas : d'où le fait de s'acharner encore plus fort !!

Lorsque nous avons commencé à fouiller l'ensemble des papiers dispersés dans cette maison - je remercie d'ailleurs vivement pour l'aide qui m'a été donnée, car c'était assez difficile et éparpillé - nous découvrons alors des écrits étranges. À première vue, nous pensons que Mamette a perdu la tête, elle est devenue folle, et nous sommes pris de quelques craintes ; nous avons peur et nous souhaitons quitter la maison. Or en creusant rapidement la question, Mamette écrivait la suite d'un roman de Voltaire. Cela explique de nombreuses notes éparses sans queue ni tête. En réalité toute limpide, elle a accumulé des mots qui possédaient les mêmes phonèmes, pour les replacer ensuite dans son texte, ce qui ce qui évidemment peut nous paraître surprenant. En réalité, Mamette était une lettrée.

Juin à septembre, même pas quatre mois, la vérité a éclaté. Nous avions cherché, tourné, retourné, imaginé et en réalité, parcouru de faux chemins et monté le récit de beaucoup d'erreurs. Depuis lors, j'ai reçu deux appels téléphoniques de la famille, ce qui a permis de comprendre.

Je vous propose le récit tel qu'il s'est déroulé.

J'ai été contacté par la petite-fille de Mamette, qui s'appelle Rachel. Elle a demandé de pouvoir reprendre les archives de Mamette. Comme sa ville était - en ce moment-là - encore celle de mon frère en déménagement et que ce dernier avait besoin d'aide, j'ai déposé dans la boîte-aux-lettres. Quelle coincidence et quelle chance ! Rachel a donné les papiers à sa maman, Eliane. Un grand bonheur a surgi, car elles ne disposaient de Mamette d'aucun écrit, rien, pas le moindre. Il n'y a pas de hasard, notre geste (celui d'Alicia surtout, trouver et récupérer ces papiers) a permis cette joie là.

Rachel DUBERSTEN est la personne qui nous a informé. Nous remercions très vivement, car la primo-enquête concernant cette maison était bourrée d'erreurs et terriblement lacunaire.
Eliane DUBERSTEN est sa maman. Mamette est Marie-Louise BRUN, la maman d'Eliane. Huguette, qui signe Hugue, est la soeur d'Eliane. C'est la dernière de la fratrie.
Marie-Louise s'est mariée avec Georges GAUVENT. Christian GAUVENT, inhumé à Polignac, est le frère de Georges. Il est l'ainé, Georges est le petit frère.

Eliane m'a appelé et a donné foule d'informations plus claires, témoignant qu'on peut imaginer à foison et surtout beaucoup se planter. Mazette quel foisonnement d'inepties l'on peut imaginer ! Plus que jamais, l'urbex appelle à trouver de la rigueur.

Mamette était un surnom. C'était la maman d'Eliane ; Mamette s'est toujours appelée Mamette. Oui, on pouvait imaginer que cela provenait du patois languedocien, afin d'évoquer Mamie. Faux ! Ici en l'occurrence, c'est Maman. Cette petite Maman, c'était Marie-Louise GAUVENT. Mamette est née Marie-Louise BRUN. Huguette, qui signe Hugue, est la soeur d'Eliane. C'est la dernière de la fratrie.

Marie-Louise s'est mariée avec Georges GAUVENT. Christian GAUVENT, inhumé à Polignac, est le frère de Georges. Il est l'ainé, Georges est le petit frère.
La maison visitée était une résidence secondaire, il ne s'agissait pas d'une résidence principale. A l'époque c'était joli comme tout, il n'y avait pas ce foisonnement de végétation. Assez couramment, elle venait toute seule à Chadrac et elle écrivait pas mal de petites choses. Elle aimait lire et surtout, elle adorait écrire. Si j'ai pu prétendre qu'elle était illettrée et qu'elle avait tout appris par elle-même, ce n'était que pure fantaisie. Elle a été jusqu'au certificat d'études. Reste qu'après, elle a beaucoup progressé. A noter aussi qu'elle adorait établir des plans de toute sorte de choses, ce qui est plutôt amusant du fait qu'aujourd'hui, une de ses petite-filles (l'ainée) est architecte. Elle passait beaucoup de temps à imaginer comment elle décorerait sa maison.

Marie-Louise et Georges habitaient dans un HLM, un appartement à Chadrac. L'achat de la maison de Baubac a été un coup de foudre, ils l'ont achetée comme ça. Ils ont d'ailleurs acheté cette résidence avant d'habiter à Chadrac. Mamette appelait cet endroit La Maison Rose. Auparavant et avant Chadrac, ils habitaient à Lyon, ce qui explique en l'occurrence l'adresse partielle que nous avions pu retrouver à Lyon sur une enveloppe rongée par les rats.

Georges était agent à la SNCF. Marie-Louise était mère au foyer. En réalité, c'est à l'arrivée de la retraite qu'ils ont voulu quitter Lyon ; elle en toute simplicité, voulait retourner au Puy. C'était l'endroit où elle avait vécu jeune. Eliane quant à elle a vécu à Lyon de ses 8 ans jusqu'à son mariage.

La maison a été rétrocédée à la commune, elle n'a pas été vendue, elle a été donnée. A l'époque, il y avait un chemin dédié, traversant les prés. Aujourd'hui il n'en reste rien. A l'époque aussi, on traversait la voie ferrée sans le moindre scrupule.

Elle est inhumée à Teilhet dans l'Allier (lieu duquel elle n'a jamais habité), avec sa mère et son père. Son nom n'est pas mentionné sur la tombe. A savoir qu'il est une tombe plus moderne, du nom de Gauvent - Barra dans ledit cimetière, mais elle n'y est pas. Elle est bel et bien inhumée avec ses parents. A la base, elle était originaire de Cayres, à proximité de Costaros. Il est évoqué comme lieu de primo habitation pour Georges le hameau Les Ayes. C'est au nord de Clermont dans les Combrailles, près de Saint-Eloy les Mines.
Elle est décédée en 83-84. Lui en 90 ou un peu plus. Des précisions sont attendues.

La prochaine étape sera donc d'aller à Teilhet et de déposer des fleurs sur la tombe. Et lorsque l'on sait que c'est à deux pas d'Ars-Les-Favets, je me dis qu'Ava sera de la partie et qu'elle prolongera cette belle histoire de l'urbex.

La maison est dans un état de dégradation avancé. Elle est absolument perdue dans la nature. On voit que Mamette gardait tout. Elle écrivait dans le moindre centimètre carré de papier. Elle rédigeait entre les images, entre les lignes des textes, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour placer des mots, des croquis, des listes. C'est une visite qui génère beaucoup d'émotions car on ressent la présence de Mamette auprès de nous. Nous sommes loin d'être seuls dans un tel lieu. Nous avons envie d'honorer sa présence, de garder mémoire d'un tel endroit ainsi que d'une telle personne.

Je vous invite à visiter cette très petite maison en désordre. Le parcours n'est pas spécialement facile au vu de l'encombrement.


La maison vue de dehors, dans la végétation.


Le hall d'entrée.


La pièce principale.


La chambre.


Et voilà ses récits, elle écrivait beaucoup.


Dans chaque recoin possible.


Plus loin, une autre maison.


Très frustre, elle a servi à stocker du matériel apicole.


La toiture est éventrée.


La tombe de Christian Gauvent, le frère.


Son portrait.

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