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L'usine Baballe, un vaste site industriel abandonné

Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.

Comment peut-on savoir aussi peu sur une usine aussi immense, une épopée industrielle aussi grande ? Rien, je n'ai rien ! Quelques petites rondelles de radis, une misère.

Au tout départ, l'activité industrielle de cette ville s'est orientée sur la tréfilerie. A la suite de nombreux remaniements, un certain nombre de bâtiments sont revendus. Une partie des usines est rachetée par un très grand groupe, qui développe une activité dans le caoutchouc. Je ne peux pas nommer, car sinon je localise l'endroit, et nous aurons alors le droit directement à la vague de vandalisme.

En cette époque, il était fabriqué des chaussons à semelle de caoutchouc et des bottes.

Entre 1940 et 1970, l'activité passe graduellement aux mains d'un groupe allemand, qui fabrique en cette usine des tuyaux, des tubes, des chaussures moulées en caoutchouc, des joints pour l'automobile, pour les pompes, pour l'industrie, etc.

Nous avons reçu le témoignage de Christiane BONNAVION : À l'époque de Monsieur COLLETTA, j'étais à l'atelier de pantoufles. Ma maman s'occupait de la découpe de la semelle et manipulait les plaques de caoutchouc (gomme), même pour les bottes. En 1981 j'ai posé un cv et on m'a éjecté, à cause de la grêve de 1974 où je me suis faite remarquer (indiscipline oblige). Bons souvenirs quand même.

En 1982, le site employait 800 personnes. Selon quelques vestiges de listes accrochées aux murs ainsi que des complétion par des anciens, le personnel de cette usine était :

COLATRIANO Patrick, SULEJMANOVIC Hata, OTMANI Antikdinh, MARINHEIRO Manuel, TURC Nageate, CIANCHETTI Michèle, OUCHANE Ahmed, EL HADRI M Hand, FAZZALARI Nadine, BENCHAGRA Abdessalem, DUCHEMANN Joseph, JANJIC Zagica, DARGERE Henri, PROTO Catherine, DINIZ Michel, SIBILLE Alain, PUMPO Vincent, FARES Habib, MAKTOUBI Ahmed, KASMI El Bekkay, TOUIL Ali, CHAPOT Guy, BENIJJA Abdessalem, EL BOUROUMI Ahmida, AMZLAN Mohamed, CHAPUIS Pascal, GONCALVES Lucinda, MERHREB Salah, BOUZID Kader, DE SOUZA Horacio, NAIT OURHERRAM Brahim, BOSC Christiane, CARVALHO Mathilde, GOY Georges, RODRIGUES Maria, CHAIB Abdelhatif, KHATABI Layachi, MILETIC Radmila, TELCIDE Frédéric, DULIEU Martine, VELJAGIC Malic, BERTIN Guy, BOULON Jeanne, BOURAGBI Lakdar, BOYER Maurice, BRET-MOREL Didier, CHANG Jean-Baptiste, CHATARD Didier, CHEVROT Christian, DE COSTA José, DESGROUX Michel, DURIF Marie-Thérèse, GASBARRI Marie-Thérèse, GIGLIOTTI Patrick, OUSTIAKINE Hélène, PIGEON Henri, SCHAFFNER Jean-Jacques, SPIRLI Marie-Rose, VICAT Gérard, BRYNIARSKI Michèle, DELZANNO Muriel, FUZIER Martine, GIROUD Gilbert, GUICHERD Jocelyne, JACQUIER Jacques, MAUCHAMP Gilles, MILETIC Elisabeth, SEILLET Nadia, ROUSSILLOUX Paulette, COLAMARTINO Louis, SPIRLI Claudine, BONNAVION Christiane née MATTEI, SALERNO Mirella, BELLIS Nicholas, DURA Juliette, ROCHE Gilbert, LEVASSEUR Muriel, THUILLIER Bernard, JOLY Christophe, MARCÉ Benoît, SANTOS Georgina, DUBOIS Mahmoud, PENET-COURAND Chantal, ROUSSILLOUX Paulette, MARTIN Jean-Pierre, PONCET Vincent, DUSSAUX Carla, THOINET Denise née RAULT.

Jean-Pierre MARTIN témoigne : la fermeture a été progressive et en décembre 2003, je fus licencié. Le nombre d’employé était d’une soixantaine et je pense que la fermeture totale, c’est 2005 ; la société a été liquidée en novembre 2008. Il ne reste à ce jour plus le moindre gramme de vestige de caoutchouc dans cette usine. C'est récuré à fond.

L'usine est tellement vaste, elle se trouve sur deux communes, avec un déséquilibre toutefois qu'une commune accueille 90% de l'usine. L'une des deux mairies avait racheté des bâtiments pour en faire des locaux associatifs, puis a ensuite revendu.

Il m'a été fait part de beaucoup d'activités de nettoyage : il y a effectivement un paquet de conteneurs. Des ateliers d'artistes aussi. Les deux activités pourraient être purement et simplement à l'arrêt. Entre vandalisme et déréliction, ça ne semblait pas très vivant. Cela reste toutefois à vérifier. La tour abritait le Banbury noir, un gros mélangeur à cylindres qui servait à faire les caoutchoucs noirs. M. MARCÉ, précité en liste de personnel, connaît bien le process, il a passé la plus grande partie de sa carrière au laboratoire. Bénédicte GRUMEL témoigne : c’est un site où il y a eu du caoutchouc en fusion et des produits de nettoyage. Je me souviens avoir visité la chaîne de fabrication lors de mon stage de BTS (il y a longtemps), et avoir vu les extrudeuses en activité. Je me souviens du magasin d’usine où nous allions acheter nos pantoufles et nos Palladium. Et je me souviens aussi des départs en colonies de vacances avec les bus dans la cour de l’usine, et des arbres de Noël organisés pour les enfants du personnel. Nous habitions rue du Travail et tous les habitants de cette rue avaient une personne qui travaillait en cette usine.

L'aspect étonnant reste la myriade de balles présente dans cette usine, ainsi que des jouets. C'est très original et ça donne un paysage pour le moins atypique. Certains l'appellent l'usine des jouets.

La visite est plutôt longue vu l'immensité, mais ça reste un ensemble plaisant.

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