La colonie de vacances
Nous avons reçu les photos d'un voyageur et nous en avons fait la synthèse historique.
La colonie des avions, c'est une ancienne colonie de vacances située en pleine montagne alpine. Les lieux sont gardiennés par une personne logeant sur place, plus un chien.
De cet endroit, il était pratiqué l’accueil des enfants pour de l’escalade en été et du ski en hiver. Il n’est pas évident de savoir ce qu’il s’est passé. Des papiers éparpillés laissent à penser à des difficultés administratives quant à l’exploitation des lieux. L’administration aurait embêté, empêché, empoisonné, que ça en résonnerait comme une musique compréhensible. Nous sommes en plein cœur d’un parc national, les règles y sont ubuesques.
Du coup, les colonies ne sont plus accueillies depuis quelques années au moins. Au tout départ, je pensais le bâtiment abandonné, mais au terme de la visite, je me rends compte qu'il est inoccupé et à vendre. Les photos anciennes témoignent de tags hideux, ils sont à ce jour soigneusement effacés. De surcroît le bâtiment est sous annonce régulièrement mise à jour. Le contenu est parfaitement explicite, aucune confusion n’est envisageable.
Il n’y a quasiment aucune dégradation dans cette colonie, ne comptez-pas sur ma bienveillance pour partager le lieu. J’entendrai l’habituel je ne dégrade pas, etc etc, et pourtant chaque friche se voit assaillie de tags hideux en quelques semaines. L’on en devient bercé de radicalité : je ne partagerai pas.
La colonie a été créée en 1953. Il s'agissait d'un bâtiment en très mauvais état. Il a été remplacé par un chalet bien plus adapté quelques années après l'acquisition. Le réaménagement, puis la mise en conformité électrique du centre, ont permis d’en faire une destination de montagne appréciée des enfants. Ces derniers temps, il a été adjoint un accrobranche.
Je reçois beaucoup d'emails d'anciens, qui me disent avoir passé des moments merveilleux ici. Le témoignage est universel, chacun en a énormément profité, du bonheur d'enfance à l'état pur. C'est avant tout cela que je veux témoigner et cela d'ailleurs pourquoi je fais de tels reportage. Garder mémoire de ce qui fut beau. C'est loin des messes noires et rituels de meurtres dont nous assène la presse au sujet de l'urbex. Non, c'est aussi s'émerveiller de l'enfance.
Stupéfaction de voir que la table est dressée pour les enfants, il y a encore les bols. Mélancolie presque de ne pas entendre leurs cris. Ca devait être chouette pour eux. Tout plein de gratitude, je m’en vais vers le silence de la montagne, espérant que cet endroit puisse revivre de belles heures.