Tchorski
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Le crassier brûlant

Ca fait 15 ans que je voulais le monter. Sur la durée, ce n’est pas une exagération, c’était lorsque nous avions fait un tour sur la mine d’asphalte. Or c’était juste à sa fermeture à cause d’une venue d’eau, donc avril 2008. Ce terril, il brûle, ni plus ni moins. Il a été enflammé par un incendie de forêt, les charbons résiduels se sont mis à cramer de l’intérieur.

Année 2004, le feu dans les pinèdes a grimpé en toute puissance sur les pentes du crassier. Un terril c’est quoi ? C’est un volume de stériles qui émane de la mine. A la mine de charbon, on extrait un volume considérable de schistes pour un peu de houille. Le mélange passe au triage-lavoir, on garde le bon, on évacue le mauvais. On en fait une montagne, c’est dire le labeur des ouvriers. Voyez-vous, cette immense montagne a été extraite à la main par des ouvriers dans des veines basses et étroites sous terre. Respect se doit.

Le triage n’est pas parfait, loin s’en faut, et donc il subsiste un peu de charbon dans les stériles. Lorsque la végétation du crassier s’est enflammée, le charbon résiduel a brûlé. C’était l’aubaine : tout était prêt pour faire un barbecue géant juste à  peine dangereux. C’est entré au cœur du système. Le cauchemar. La machine est devenue impossible à arrêter.

Monter là-haut, un rêve, ou bien une prise de danger inconsidérée ? A savoir que dans un évènement comme ça :
- Les schistes deviennent brûlants, j’avais eu le cas à Haillicourt en 1996.
- Les crevasses sont énormes, c’était aussi le cas en ce lieu.
- Il se forme des émanations d’odeurs pétrolières, de fumeroles, des formations de panaches de CO2.
- Risque de formation de méthane dans le terril. Avec le feu, le risque est que le terril explose ni plus ni moins.
- Et le pire, ça crame de l’intérieur, donc ça laisse des poussiers très fins, la matière a disparu, consummée. Sous les pas, des méchantes crevasses peuvent s’ouvrir, et pif-paf englouti dans le poussier.

A l’époque ce n’était pas sans danger, ou disons-le avec plus de précision : même les pompiers ne voulaient pas le monter. En causes, la température du sol, c’est inabordable, et aussi le risque de crevasses. La matière se consume et laisse des grands vides de poussiers. Il y avait vraiment le risque d’être engouffré. C’est pour ça que j’ai attendu, si longtemps.

Le danger à ce jour n’est plus le même : beaucoup de temps est passé (autant dire, je vous avoue, que j’y ai pensé à cette montagne). La végétation a repris, le terril fume moins des vapeurs lors des pluies. C’est presque éteint. Les pompiers avaient dit : ça durera 15 ans, en gros on est quasiment à 20 ans.

Par principe de précaution, j’ai placé mon cheminement dans les rigoles de l’eau, quand je le pouvais en tout cas, de manière à avoir une assise plus dure, mais je n’ai pas pu le faire systématiquement. C’est de la sorte que je vous invite à monter avec moi. Vous verrez la qualité de la vidéo : ce n’est pas sans difficultés !! Mais au moins c’est authentique.

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