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Le sanatorium des Hauteurs

Voici l'aventure d'un sanatorium abandonné. Quelle histoire que ce lieu ! C'est un endroit incroyable, qui a connu un récit de vie plutôt cocasse.

Le jour précédant ce sanatorium, me voilà amené à me diriger vers un manoir abandonné, sur la demande d'une connaissance qui souhaitait en savoir plus son historique. Etant donné que j'ai un profil plutôt orienté historien, après de nombreuses hésitations à cause de la distance franchement non négligeable, je me décide à me rendre sur cet endroit : au vu de ma localisation après le déménagement de mon frère, c'est maintenant ou jamais.

La veille au soir, conformément à mes habitudes, je me fais une prometteuse-&-merveilleuse belle étoile, un cinq étoiles comme l'on dit avec mon frère. Avec l'expérience, nous avons appris les pièges et à surtout noter le lendemain : uniquement le lendemain ! Le gazon a l'air tendre, la petite ville a l'air paisible.

Seulement... seulement, je n'avais pas repéré qu'à proximité immédiate se trouve une salle des fêtes. Ah mazette, j'aurais quand même pu brièvement faire un Google Maps ! Bref, les festivités ont eu lieu jusqu'à 3 heures du matin, m'empêchant de dormir, tout simplement. C'est de ma faute ! L'autre chose qui arrive à brûle pour point, et je vous laisse en rire, c'est que je n'avais aucunement conscience que l'endroit engazonné de ma belle étoile est en réalité la place du marché. A 5 heures du matin, les premiers camelots sont arrivés ! Il n'a pas fallu une demi-heure avant que ceux-ci me demandent ce que je fais là, et si j'ai l'intention de m'installer !

C'est fatigué et de fort mauvaise humeur que je me lève et prends à la va-vite mon petit café matinal. Il est 6h30 lorsque je me rends auprès du manoir abandonné, un riverain m'espionne, DEJA !!! Le manoir est entièrement barricadé avec des chaînes de vélo. Sur les volets est indiqué : nous avons connaissance des visites urbex, établissement sous surveillance vidéo, la gendarmerie est au courant.

Il s'avère donc que j'ai effectué 250 km pour rien, dans le but de surcroît de renseigner une connaissance en matière d'histoire, lequel m'a ni plus ni moins foutu dans un sacré pétrin. Ça m'apprendra.

Un peu en mode au secours, je m'oriente sur un fort ancien point, qui hante mes listes depuis des mois et des mois, un sanatorium abandonné situé dans un lointain recoin de campagne.

Arrivée sur place en toute tendresse silencieuse, un dimanche midi je m'en souviens encore, il se met à pleuvoir d'une pluie fine transie. Le temps est maussade, brumeux, c'est à la fois déprimant et apaisant. Le plus surprenant, c'est l'absolue solitude de cette vallée en impasse. De toute l'après-midi, je pense n'avoir croisé que quatre êtres humains, plusieurs chiens en errance, plusieurs chats peureux, et un autobus vide. Tout un programme !

Cette ville s'était spécialisée en traitement de la tuberculose. Cela explique la profusion absolument fantastique d'anciens sanatoriums. On en a dénombré plus de dix, ce qui est extraordinairement élevé. A l'éradication de la tuberculose, la ville s'est retrouvée quelque peu encombrée avec un fatras de bâtiments devenus relativement inutiles. C'est de la sorte qu'ils ont graduellement converti leurs sanatoriums en centres de rééducation du genou.

Toutefois, les progrès de la médecine ont rendu cette rééducation de plus en plus efficace à domicile et sous assistance, plutôt que dans un établissement hospitalier. Dès lors, la myriade de ces hôpitaux est devenue plus ou moins désaffectée. Certains ont été reconvertis en hôpitaux purs et simples, d'autres en maison de retraite, d'autres sont ni plus ni moins complètement vides. Un mouroir dans un écrin de nature.

Cela engendre une situation absolument ubuesque, correspondant à une ville ultra sinistre dont on se régale à parcourir les rues. C'est un désert des Tartares dont Dino Buzzati se délecterait.

Au-delà de l'aspect purement esthétique de ce vaste sanatorium, je me suis nourri de cette solitude immense, baignée de brumes rampantes sur les collines sombres, un vrai plaisir de vivre au gré de cette mélancolie totalement poisseuse.

Au soir, passablement épuisé, je m'installe dans un gazon tout à fait tendre et isolé, me méfiant à l'origine de toutes sortes de marché matinal ou de salle des fêtes nocturne à la médiocrité semi-vomitive. Il y a de quoi en rire. La nuit est reposante.

Le lendemain matin très tôt, je suis réveillé par un chien qui couine. Il s'agit d'un labrador à l'aspect plutôt sympathique, je suis couché au-devant de lui, il me regarde sans trop savoir quoi faire. Arrive une dame, qui contre toute attente, m'explique avec gentillesse que je suis dans un chemin et que je lui bloque son passage ! Un chemin ? Oui oui, même si c'est un gazonné, c'est un chemin ! Et vous feriez mieux de partir, car le directeur de l'école maternelle juste attenante est réputé plutôt peu sympa.

Avez-vous le temps de prendre du café ? Oh je prends mon quart dans une demi-heure, mais ce serait avec plaisir ! C'est de la sorte que nous partageons de très grand matin un moment fraternel, tout en remballant à la va-vite mes affaires !

De ce sanatorium, en réalité je ne sais pas grand-chose, si ce n'est qu'il fait partie de la myriade d'abandonS avec un grand S et de difficultés de reconversion. En effet, c'est immense, qu'en faire dans un recoin de campagne aussi isolé ? C'est de la sorte que j'ai voulu mettre en valeur cet endroit, autant par son architecture, que par la nuée de petites histoires nuageuses qui l'entourent. Ce récit laisse une mémoire agréable, un enchantement de brume que je me plais à vous partager.

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