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Les thermes verts

C’est une station thermale plus que connue dans le monde de l’urbex. Pour une fois, il est une chance certaine que ça n’ait pas été tagué, au contraire des thermes bleus. Espérons que cela dure, même si malheureusement, le bâtiment se dégrade furieusement tout seul, du fait de problèmes d’infiltration très conséquents.

Bref, un petit brin d’histoire avant de démarrer la visite. Il s’agit d’une station thermale qui a ouvert dans les années 1830, comme bon nombre d’autres thermes en cette grande époque. Le succès n'est pas réellement au rendez-vous : les chemins sont orniérés, décrits comme affreux, la montagne sinistre. Il est malgré tout rapidement établi en contrebas un bar puis un hôtel. En cette petite ville touristique, l’attrait reste secondaire : on y vient surtout parce qu'on est très malade et que les eaux soignent : ça, on le sait. Il est à dénoter que c’est un établissement très petit, la plus restreinte des stations thermales que je connaisse d’ailleurs.

Les curistes, à la différence des stations de détente, sont de vrais malades. Les seules distractions, après l’absorption d’une abominable eau chaude à goût d’encre, consistent dans la contemplation des brumeuses montagnes environnantes : c’est tout un programme... L’établissement reçoit sur un rythme purement médicalisé, les eaux chaudes sont guérisseuses dit-on.

De ce fait, il est adjoint au bâtiment un hall d’accueil, possédant un fronton orné de sculptures. Dans l’entrée, trois vasques reçoivent les eaux. Elles sont décorées du nom des principales sources de ce village. Derrière se trouvent les bains. Ce sont des petites alcôves plutôt sombres, munies de baignoires assises. Le couloir est magnifiquement décoré de faïences florales, le tout surmonté d’une magnifique verrière.

A l’époque, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on savait carreler ! Que de beauté dans ces motifs floraux aux lignes épurées, dans des tons globalement verts. Le lieu est très apaisant. Le hall est baigné par la sonorité des glouglous de la source, qui s’écoule dans des canalisations, mais aussi malheureusement un peu partout par terre. Les murs et les plâtras sont gorgés d’eau, c’est spongieux, il y a de la mousse. La décadence est grande.

La fermeture a eu lieu en 1970, au profit d’un gigantesque établissement thermal flambant neuf. Toutefois la période covid a été limite fatale. La situation est difficile à ce jour, le parking a été rendu payant dans une ample section de la ville. Les riverains ne sont pas fameusement heureux de cette situation.
L’établissement est classé monument historique, ça n’empêche pas la dégradation lente et inéluctable de progresser jusque dans les tréfonds de l’âme de ces bains. A force la rénovation sera calamiteuse.

Lorsque je suis sorti, la nature était généreuse de ronciers chargés de mûres, au-delà du raisonnable, au-delà du possible. C’était un bel endroit, tristement chargé d’une dégradation forte, un beau souvenir malgré tout, en mémoire de ce que furent ces myriades de petits thermes locaux au XXème siècle.

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