La maison Arthur Naussac

Aide à la documentation : Jean-Pierre Huron, Claude Barrère, Fab Sella, Fabienne Moulis.

C’est une maison dont j’avais repéré l’existence depuis longtemps. Son inaccessibilité redoutable avait longtemps placé ce lieu dans la case des grandes questions. En effet, c’est dans une toute petite impasse étroite et pentue, juste en face de voisinage. Certes ce n’est rien, tout peut s’expliquer, surtout dans un cadre d’archéologie familiale. Mais surtout, c’est l’immense impénétrable mur de ronces qui pose question.

Et puis voilà un jour ça arrive, je m’y rends. Et autant dire que j’ai failli abandonner. La végétation est juste d’une hostilité intense !

Après avoir rampé et déblayé, j’arrive non sans peine en contrebas de l’habitation. Là deux autres surprises. Il faut grimper car l’escalier n’existe plus du tout, c’est hasardeux. Qui plus est, l’entrée dévastée est fermée avec une table, qui a été bloquée depuis l’intérieur. Lorsque je manipule la table, elle tombe en lambeaux.

Personne n’a été là-dedans depuis très-très-très-très longtemps.

L’intérieur révèle un lieu très fatigué, plutôt rustique et carrément petit. Une maison à l’ancienne. Radicalement peu de documents sont disponibles, tout juste un cahier d’école au nom d’Arthur NAUSSAC. Voilà tout pour les indices. Tout ce qui est présent dans l’habitation, même un paquet de nouilles, est méconnaissable tant c’est ancien. Extraordinaire tout ça.

Une enquête en progression

La maison fut propriété de NAUSSAC Adrien, marié avec NICOLAS Eulalie, le 9 janvier 1897 à Banne.

Ils ont un enfant, nommé Arthur NAUSSAC. Arthur Antoine Lucien NAUSSAC est né le 9 novembre 1897 à Saint-Florent-sur-Auzonnet. Voyez comment ça a été vite, marié, enfant !

En 1917, Arthur mesure 1m63, cheveux châtains, yeux marrons, front moyen, nez busqué, visage long. Il est déclaré maçon. Il est incorporé à compter du 9 janvier 1916 : le jour du mariage de ses parents, au septième bataillon de chasseurs alpins (et non à pieds).

Il est tué le 7 octobre 1918 à Morcourt dans l’Aisne, un mois avant l’armistice. Sa courte vie – presque 21 ans – aura été une question de dates.

Il est mentionné sur le monument aux morts du cimetière, ce sont les dernières photos de ce reportage. Ci-dessus, sa tombe. Photo en provenance des inventaires de cimetières sur Geneanet.

Sur le recensement de 1936, on trouve répertoriés NAUSSAC Adrien et NAUSSAC Adèle, épouse, nés respectivement en 1868 et 1872. Il s’agit vraisemblablement du second prénom d’Eulalie, mais cela ne peut être affirmé. Il est répertorié aussi, dans une seconde habitation, NAUSSAC Rose, née en 1868.

Plus aucune trace des NAUSSAC par la suite. Aucun accès aux registres ne m’est possible aux archives départementales au vu du délai de 75 ans. Tout au plus pouvons-nous imaginer un abandon de la maison dans les années 40 – 50. Cela ne prévaut en rien de ce qui a pu s’y passer ensuite. On trouve notablement un Midi Libre daté de 1991. Cela peut correspondre à une occupation de toute sorte, mais il est en tout cas exclu qu’il y ait eu « habitation » après 1950. Notons avec intérêt que le dernier calendrier de la maison date de 1942.

Ultérieurement, je reçois l'information via les tables de successions et absences, qu'Eulalie est décédée le 14 novembre 1945. La mention V mentionne qu'elle est veuve. Adrien est décédé le 19 avril 1936 à l'age de 68 ans.

Claude Barrère a établi la filiation d'Arthur :

Génération 1
1 - Arthur Antoine Lucien NAUSSAC 1897-1918
Génération 2
2 - Adrien François NAUSSAC 1868-1936/
3 - Eulalie NICOLAS 1872-1945
Génération 3
4 - Antoine NAUSSAC 1830
5 - Marie SOULIER †
6 - Antoine NICOLAS 1824
7 - Lucie Victoire BRUNEL
Génération 4
8 - Antoine NAUSSAC 1803
9 - Marie TEYSEYRE 1801-1848
12 - Antoine NICOLAS †1831
13 - Rose THOMAS †1857
Génération 5
16 - Antoine NAUSSAC 1740-1820
17 - Louise CARDONEL 1763-1845
Génération 6
32 - Jean NAUSSAC
33 - Marie LIEUSSANE

Assez logiquement, on peut s’attendre à 75 ans d’abandon, ce qui correspond globalement à l’état de la bâtisse.

La maison appartient aujourd’hui par succession à André R., habitant de cette assez grande commune. Les dégâts à la maison sont tellement intenses, le foncier égal à zéro, on comprend aisément que plus rien ne soit fait et que l’abandon soit absolu.

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