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La ferme Eugène

La ferme Eugène m’a été présentée par Anthony, que je remercie très vivement. Il s’agit d’une ancienne ferme, qui s’avère purement introuvable lorsque l’on ne connait pas. En effet elle est absolument invisible de la rue du fait de la végétation. La seule piste pour la découvrir : traîner dans le coin, discuter avec le voisinage, avoir un avion.

Il s’agissait de la ferme d’Eugène. Les registres de recensement de la population nous enseignent que dans les années 1901 et 1906, les lieux appartenaient déjà à la famille.

Les cartes nous apprennent que lors des travaux topographiques érigés sous l’autorité de Napoléon Bonaparte, le lieu existait en bonne et due forme. Toutefois, il s’agissait de trois bâtiments distincts. C’est en tout cas ce qu’on constate en 1820. Plus tard au sortir de la seconde guerre mondiale, des travaux ont été engagés. Il ne s’agit plus que de deux bâtiments.

Dans un courrier au notaire, Juliette explique les soucis rencontrés lors d’un conflit de voisinage, portant sur le partage des eaux et l’utilisation de certains communs. A une date indéterminée, le conflit cesse, de nouveaux travaux sont réalisés. La ferme ne fait plus qu’un seul bloc et dès lors, une seule propriété. La vie peut se dérouler paisiblement.

Eugène menait une vie agricole diversifiée, avec de la culture de céréales mais aussi, si l’on croit ce que l’on découvre, un petit élevage de lapins.

Eugène est né en mars 1932 et décédé en novembre 2005.
Sa maman Juliette est née en avril 1910 et décédée en août 1985.
Son papa Auguste est né en 1904 et décédé à date inconnue. Le couple divorce en décembre 1954.
Eugène et sa maman sont inhumés dans un cimetière rural en dehors de leur commune de résidence. Il s’agit d’un caveau familial. Juliette a répudié son nom d’épouse et repose sous son nom de jeune fille.

Prendre connaissance de cette maison doit se faire en très grand respect. En effet même si ça fait 19 ans que son occupant a disparu, absolument tout est encore présent, comme si Eugène était parti juste hier. Bien entendu, le pillage, la crasse, c’est inévitable, mais en tout cas l’on ressent très bien sa présence, bienfaisante.

L’étage a été sanctuarisé. On y retrouve essentiellement des affaires de Juliette sa maman, puis une ambiance générale de grenier très longuement délaissé. Ce n’était pas spécialement de l’ordre du sacré, mais plutôt qu’Eugène n’arrivait plus à monter. Les courriers témoignent qu’il a reçu du soutien à domicile de l’ADMR durant des années. Par la suite, c’est devenu tellement difficile, il a été placé en Ehpad à 14 kilomètres de chez lui. Il est décédé là-bas au bout de 2 ans de résidence.

D’après les recherches que nous avons pu mener, l’abandon du lieu serait dû à un refus de succession pour cause de dettes, ce notamment à cause des frais faramineux de l’Ehpad. Depuis, la ferme se renferme sur un abandon sauvage. Plus personne ne doit y passer, sauf les bêtes, ou bien éventuellement l’un ou l’autre voisin curieux. La maison a malgré tout été pillée une fois.

Nous n’avons pas pu déposer des fleurs sur sa tombe, du fait que nous avions été au cimetière de sa commune ; mal documentés, nous avions fait une erreur à ce moment là (ce n’est pas évident). Nous avons donc rendez-vous avec Eugène un de ces jours.

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